Guy Luisier

Regard oblique sur…la pastorale du mariage (au Congo)

En ce samedi, notre Colline congolaise a connu une belle célébration et fête de noces. Deux couples du village ont demandé à recevoir le sacrement du mariage. Ce qui fut fait dans le sérieux… et la joie.

Ce qui pourrait paraître comme une annonce banale (quoique de moins en moins!) pour un samedi après-midi en Europe est ici assez exceptionnel: on se marie très peu à l’église. En effet, le mariage coutumier, qui lie deux personnes (de sexes différents!) et deux familles, a une telle place dans la culture et la structure sociale des Congolais et implique un tel investissement social, affectif et financier (pour la dot et la fête), que la majorité de couples, mêmes catholiques et pratiquants, en restent là et ne s’engagent pas dans l’union sacramentelle, surtout parce que les fêtes prévisibles seraient hors de leurs moyens.

L’Eglise essaie de recadrer les choses en proposant le sacrement dégagé le plus possible d’un endettement à long terme et ancré dans une pastorale à dimension spirituelle. Mais ce n’est pas facile.

Le fait que deux notables des hameaux de la paroisse (le responsable des jardins des Pères et un chef coutumier) s’engagent sur cette voie est prometteur et nous espérons que «cela donnera des idées à d’autres».

«La ‘noce à la paroisse’ bat son plein et vide le frigo à bières de la maison des Pères»

Les deux couples sont «mariés» depuis longtemps. Jean-Paul et Adolphine ont des enfants en bas âge, mais sont aussi plusieurs fois grands-parents. Le Chef Pierre et sa femme Elisée ont un aîné presqu’adulte et des suivants de tous les âges.

Durant la messe de mariage, il y eut un rite assez original sur un des enfants de Jean-Paul et Adolphine: Ngalamulume a environ 7 ans. Il s’appelle ainsi parce qu’il «vient après» trois filles et est considéré comme ayant un potentiel de caractère un peu négatif (tétu et fort) qu’il faut contrecarrer par une bonne bénédiction et une onction de chaux sur le front et les joues. Et il a offert une poule au curé…

Au moment où j’écris ces lignes, la noce «à la paroisse» bat son plein et vide le frigo à bières de la maison des Pères…, et demain ce sera la noce «au village», ce qui veut dire qu’on risque de n’avoir pas résolu tous les soucis d’endettement…

Guy Luisier

2 décembre 2018

Au Congo, les mariages à l'église sont plutôt rares | © Guy Luisier
28 novembre 2018 | 11:55
par Guy Luisier
Temps de lecture: env. 2 min.
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