Claude Ducarroz

Revisiter le Synode 72

Il semble que de nombreux groupes et personnes aient répondu favorablement à l’invitation du pape François en vue de la préparation du prochain synode romain en 2023: s’écouter, s’exprimer, proposer. Tant mieux! Une telle consultation du peuple de Dieu dans l’Église universelle ne peut que faire progresser l’esprit de communion et l’espérance de réformes, à la lumière de l’Évangile en actes.

Cependant, certaines réticences face à ce processus synodal m’ont fait réfléchir. Même parmi les chrétiens très actifs, une résignation muette se laisse deviner: à quoi bon s’exprimer encore? On a déjà dit tout cela lors du Synode 72 et AD 2000… et rien n’a changé, ou presque!

Voilà qui m’a conduit à revisiter ces (vieux) textes édités sous forme de décisions et recommandations, il y a exactement 50 ans (1972).          

La moisson est riche et abondante. Il faut relire les documents parus – pour le synode diocésain de Lausanne, Genève et Fribourg – sous le titre significatif «Pour une Église servante de Jésus – Christ». (éd. Saint-Paul 1978)       

Le souffle du concile Vatican II se donne à cœur joie. La variété des thèmes abordés le dispute à leur actualité. Il suffit de songer à la place occupée par la nouvelle liturgie, par l’apostolat des laïcs, par la pastorale de la sexualité et de la famille, par la dimension œcuménique, etc. On y sent battre le pouls d’une Église diocésaine qui allie souci d’évangélisation et hardiesse dans ses propositions de renouveau. La question des ministères, le besoin de pluralisme, la création de structures participatives retiennent une grande attention. 

«Lenteurs et même refus – par exemple au sujet des ministères – risquent de décourager encore des chrétiens»

Certes, on constate que notre Église, en ce temps-là, n’avait pas encore traversé la tempête de la sécularisation qui fait d’elle, actuellement, un petit troupeau dans une société très critique, jusqu’à l’indifférence parfois. Certains décalages temporels expliquent qu’il y soit peu question de la crise des abus, du dialogue interreligieux, de la mission écologique ou des nouveaux médias de communication. Il demeure que les exigences de formation sont souvent rappelées, que les expériences communautaires sont très encouragées, que l’ouverture sur la société est promue dans le sens du prophétisme lucide en même temps que d’une implication très solidaire.

Une telle relecture des textes du Synode 72 peut avoir un double effet. L’un sera positif: l’exercice de réflexion priante et d’audace dans les choix encourage à continuer le chemin synodal aujourd’hui, car il en sort de beaux fruits de coresponsabilité et d’enthousiasme au service de l’Évangile et de l’Église. Mais certains blocages sont aussi apparus dans la suite donnée à ce synode par nos autorités ecclésiales: lenteurs et même refus – par exemple au sujet des ministères – risquent de décourager encore des chrétiens pourtant soucieux de s’engager sincèrement à la suite du Christ en Église.

Ma conclusion: ne jamais se démobiliser, même s’il faut parfois recommencer, parce que cette petite phrase de Jésus demeure actuelle et prégnante!

«Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume». Lc 12,32

Claude Ducarroz

16 mars 2022

Le Synode 72 a donné de beaux fruits ecclésiaux | photo: Mgr Johannes Vonderach (1916-1994), évêque de Coire, ouvre le Synode 72. à Witikon (ZH) © KEYSTONE/PHOTOPRESS-ARCHIV/Kl
16 mars 2022 | 07:41
par Claude Ducarroz
Temps de lecture: env. 2 min.
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