Témoins. Et aussi prophètes!

Johnny vient de débarquer des États-Unis. Il veut terminer ses études universitaires en Suisse, plus précisément à Fribourg. Pour le moment, il se sent très seul.

Il souhaite rencontrer d’autres jeunes, si possible des chrétiens. Issu d’un milieu athée, il a vu à l’oeuvre des mouvements wokistes surtout remarqués par leurs excès de toutes sortes. Il m’assure que désormais les jeunes étasuniens se tournent nombreux vers les religions, en particulier vers le catholicisme. Ils cherchent de la clarté dans les idées, de la solidité dans les convictions, de la fidélité à certaines traditions. Quoi de mieux que le catholicisme, pense-t-il, pour correspondre à de tels besoins de recentrage sur de l’essentiel durable?

J’ai compris. Ce jeune homme au printemps de sa destinée est en quête d’une communauté accueillante, d’une doctrine sûre et d’une pratique de vie cohérente avec la foi proclamée. J’espère pouvoir l’aider dans sa sincère recherche intérieure, si possible dans notre Église. Il faudra le mettre en contact avec de véritables témoins de la foi chrétienne, et aussi en relation avec des personnes capables de lui donner la main sur son sentier de renaissance religieuse.

Heureusement, Johnny est aussi lucide. Après avoir pris ses distances d’avec des milieux gauchistes antireligieux, il a remarqué que, à l’autre bord du spectre politique, on tente aussi de récupérer les religions, y compris les Églises chrétiennes, pour capturer les croyants au bénéfice de l’autre extrême, avec les risques d’une vaste ‘trumperie’.  

«On ne peut que se réjouir de constater le réveil spirituel de personnes qui ont faim de l’Évangile»

Attention! Les témoins chrétiens, entre autres dans la jeunesse, doivent veiller à devenir aussi des prophètes, à savoir des hommes et femmes assez libres pour penser par eux-mêmes, assez critiques pour oser des remises en question, assez forts pour résister aux tentatives sournoises d’instrumentaliser la religion.

Chez nous aussi, il semble que certains jeunes, revenus des illusions -voire des folies- d’une modernité anarchique, cherchent à nouveau du côté de la foi et des Églises. Ils désirent des appuis communautaires pour avancer sur des chemins plus lumineux et plus assurés.

Le nombre croissant des catéchumènes -jeunes ou adultes- corrobore ce petit printemps de la foi après tant de saisons de sécularisation quasi inexorable. On ne peut que se réjouir de constater le réveil spirituel de personnes qui ont faim de l’Évangile et besoin de joyeuses communautés d’accueil dans leur voyage avec le divin Pèlerin d’Emmaüs. Comme au premier temps de l’Église, il faut prier pour qu’ils rencontrent d’ardents témoins du Christ en Église, mais aussi de courageux prophètes de la nouveauté christique au cœur du monde.

Pour ces nouveaux chrétiens, comme pour les anciens d’ailleurs, un même défi et une même grâce demeurent: tous ensemble, vivre cordialement insérés dans notre vaste humanité, mais sans jamais perdre la fécondité révolutionnaire du levain jeté en cette pâte-là.

Claude Ducarroz

4 juin 2025