Nicolas Betticher

Vérité et vérités

17.08.2015 | L’Eglise en Suisse est, une fois de plus, secouée par des déclarations faites par un de ses dignitaires. Les médias les ont relayées largement. Alors chacun fait valoir la Vérité, de fait sa vision de la Vérité.

Nous sommes tous un peu comme ça. Nous voulons avoir le dernier mot, affirmer que nous avons la Vérité de Dieu en notre possession, comme si on pouvait la posséder, cette Vérité. Non, elle ne se laisse pas enfermer dans nos schémas bien établis. Au contraire, elle libère les plus obstinés, pour autant qu’ils l’acceptent, évidemment.

On a peur de se tromper de vérité, alors on s’accroche à une vérité que l’on décrète immuable, peut-être parce qu’elle nous rassure. On la défend cette vérité, comme un gardien devant le tombeau vide, au lieu de chercher le Christ vivant parmi les hommes, au sein de son Eglise et de notre société.

Car la Vérité, celle du Très-Haut, n’est pas ma propriété. Comme l’Eglise: elle n’est pas à moi, elle est à Celui qui l’a fondée. Courage d’humilité pour éviter l’humiliation du fondamentalisme dogmatique. Laissons Dieu conduire son Eglise. Lâchons prise face à l’orgueil de tout vouloir savoir, du dernier mot que l’on veut avoir.

Le dernier mot revient à Dieu, toujours!

Parfois nous avons l’impression que la Vérité qui est dite ou transmise au sein de notre Eglise est comme martelée dans le marbre, comme si rien ne pourrait changer, jamais. Tout est dit! Circulez, il n’y a rien à voir. Qui suis-je pour affirmer cela?

Certes, ce que dit le Magistère en ce qui concerne le dépôt de la foi, nous lie. Tant mieux. Mais puis-je enfermer Dieu dans ce dépôt, LUI qui est hors du temps, éternelle présence? Dieu ne peut-Il pas intervenir dans cette foi, Lui qui nous l’a offerte: don de la foi?

Dieu reste libre, libre de conduire l’Eglise comme il le veut, là où il le veut. L’Esprit agit au sein de nos cœurs de croyants, si nous le laissons faire!

Et le Pape François laisse faire. Il convoque un Synode. Il consulte tous les fidèles, car il sait que l’Esprit saint parle au travers d’un enfant, d’une grand-maman, d’un évêque ou d’un Pape. Alors il consulte et prie l’Esprit afin qu’IL conduise son Eglise au début de ce troisième millénaire avec les Vérités, les mots de charité qui rendent l’homme contemporain heureux, heureux de croire en ce Dieu d’amour.

Notre foi devient ainsi plus ecclésiale. Elle n’est plus enfermée par une suffisance qui croit détenir la vérité. Faux, la Vérité est en Dieu, car Dieu est la Vérité.

A force de défendre nos vérités toutes faites, nous oublions de regarder vers le Ciel. Et celui qui jette la première pierre n’est pas digne d’être sur terre.

Mgr Huonder, évêque de Coire
17 août 2015 | 15:33
par Nicolas Betticher
Temps de lecture: env. 2 min.
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