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Homélie

Homélie du 10 avril 2016 (Jn 21, 1-19)

Chanoine Olivier Roduit – Eglise Saint-Clément, Bex

Nous venons d’entendre une belle page d’évangile qui pourrait bien nous émerveiller. Il est question d’un lac, d’une partie de pêche, d’un pique-nique au bord de l’eau et d’une belle discussion sur l’amour. Mais finalement, tout tourne autour de ces deux petits mots que Jésus adresse à Simon-Pierre : « Suis-moi ».

Si, huit jours après sa résurrection, Jésus apparaît à sept de ses disciples, ce n’est pas pour le spectacle d’un beau tableau champêtre. Le Seigneur vient renforcer la foi de ses disciples désemparés.
Pourtant déjà témoins d’apparitions du Ressuscité, ils avaient repris leurs activités professionnelles de pêcheurs, presque comme si rien ne s’était passé depuis trois ans. Et le Seigneur vient leur demander à nouveau de le suivre et de vivre selon leur foi chrétienne.

Vivre sa foi chrétienne : ce n’est pas facile, cela n’a jamais été facile !

Il y a certes des moments où l’on est heureux de proclamer ensemble, avec les anges du texte de l’Apocalypse : « Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange. » C’est ce que nous avons pu chanter au milieu des Alléluia du matin de Pâques.

Vivre sa foi, c’est aussi témoigner de son espérance, comme nous le lisons dans la première lecture, tirée des Actes des Apôtres. Ceux-ci se disaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.

Et subir des humiliations au nom de sa foi est hélas encore très actuel.

Dans notre société qui se prétend laïque, est-ce que la bien-pensance et le politiquement correct ne veulent-ils pas que l’on cache, voire que l’on méprise les convictions religieuses ? N’est-il pas de bon ton de se moquer des chrétiens, de les réduire au statut d’affreux rétrogrades bornés ?

«Subir des humiliations au nom de sa foi est très actuel»

De plus, combien de chrétiens de par le monde subissent aujourd’hui encore humiliations, vexations et violence, forçant certains à l’exil et d’autres au témoignage du martyre. Combien de chrétiens, hélas, n’arrivent pas, comme les apôtres de notre lecture, à être joyeux d’avoir été jugés dignes de subir ces humiliations.

Savons-nous écouter leur témoignage et ouvrir notre cœur à la compassion ? Oserons-nous nous engager à leurs côtés, comme nous le demande notre pape François qui se rendra la semaine prochaine sur l’île grecque de Lesbos, afin de souligner le grave problème des réfugiés. Le but de cette visite humanitaire, selon les évêques grecs, est « de contribuer à la prise de conscience de la communauté internationale en vue d’une cessation immédiate des hostilités dans la région de la Méditerranée et du Moyen-Orient, qui affectent fortement les communautés chrétiennes, mais aussi l’émergence d’un grand problème humanitaire causé par les réfugiés désespérés qui cherchent un avenir meilleur sur le continent européen ».

D’où vient donc cette force qui a permis, et qui permet encore aujourd’hui à tant de chrétiens de supporter des situations si difficiles ?

Revenons à notre belle page d’Evangile construite en trois parties.

Dans un premier temps, les disciples, affairés à leurs occupations matérielles, n’arrivent pas à reconnaître Jésus qui les attendait sur le rivage. N’est-ce pas si souvent notre cas à nous aussi ? Nous fonçons à nos tâches habituelles, confrontés si souvent à de graves difficultés, et nous n’arrivons pas à lever les yeux pour voir que le Seigneur ressuscité est tout proche de nous et qu’il nous fait signe.

Dans une seconde partie du texte évangélique, Jésus nourrit mystérieusement ses disciples. Alors qu’ils rentrent de la pêche, ils découvrent un feu de braise avec du poisson et du pain, que Jésus leur donne à manger. Comment ne pas voir là une allusion à l’eucharistie que nous célébrons ?

Finalement, en réponse au triple reniement de Pierre lors de la Passion, Jésus pose par trois fois la question au chef des apôtres : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » A la triple réponse affirmative de Pierre, Jésus lui demande de le suivre, même là où il n’aurait pas voulu aller.

La présence de Jésus dans nos vies, la nourriture eucharistique qu’il nous donne et l’appel à le suivre renouvellent notre foi et notre espérance et refont la jeunesse de son peuple, selon la belle formule de la prière d’ouverture de cette messe.

La jeunesse n’est-elle pas le temps de tous les possibles ? même celui de Dieu ?

Laissons-nous donc faire par cet amour ineffable qui saura prendre soin de nous, comme un père veille sur son enfant bien-aimé. Il nous donnera la force et les moyens de suivre le Christ jusqu’au bout de l’amour.


3e dimanche de Pâques

Lectures bibliques :  Actes 5, 27b-32.40b-41; Psaume 29; Apocalypse 5, 11-14;  Jean 21, 1-19


 

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10 avril 2016 | 09:15
Temps de lecture: env. 3 min.
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