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Homélie

Homélie du 10 mars 2024 (Jn 3, 14-21)

Abbé François-Xavier Amherdt – Eglise Saint-Germain, Savièse, VS


I. Chemin de croix

À la chapelle de l’évêché de Sion, le cardinal Henri Schwery, dont j’ai eu l’honneur d’être le vicaire épiscopal et collaborateur pastoral, avait fait installer un beau chemin de croix. Il l’avait fait peindre par l’artiste saviésanne Isabelle Tabin, en avait rédigé un commentaire spirituel et profond des 14 plus 1 tableaux et l’avait ensuite publié, peintures et textes réunis dans un livre, sous le titre Chemin de croix, chemin de gloire.

Un tel chemin, c’est le Christ élevé de terre, afin d’attirer à lui tous les hommes. Relevé par l’amour vivifiant du Père, Jésus du Golgotha communique à tout être la vie éternelle. Tel est l’amour de Dieu que le Père a répandu sur le monde. Il nous a donné son Fils, son Unique, il nous a offert le salut et la joie éternelle dans l’Esprit.

Jean oppose dans l’évangile du jour les verbes « juger » et « sauver ». Par la foi au Christ, nous échappons à la condamnation possible du jugement et pouvons entrer dans la plénitude définitive.
Avec ce verset, il s’agit d’une phrase centrale du Nouveau Testament, allant au cœur du kérygme. Elle se trouve parfois affichée au bord de nos routes, car nos frères et sœurs de communautés évangéliques aiment à le placarder, tel un message de puissante espérance. Et tous les chrétiens s’y rallient œcuméniquement : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

II. Le pardon qui sauve

Désormais, ce n’est plus un serpent de bronze qui est dressé, comme dans le livre des Nombres de l’Ancien Testament. Lorsque les Hébreux dans le désert étaient atteints par la morsure de serpents brûlants, leur regard sur la hampe tendue par Moïse les sauvait.

Nous pouvons dorénavant lever les yeux vers celui que nous avons nous-mêmes crucifié. Du haut du Calvaire, il répand sur nous l’abondance de sa tendresse : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », dit Jésus dans l’évangile de Luc, [l’évangile de la miséricorde].
Chez Jean, c’est du côté ouvert du Fils de l’homme que coulent l’eau du baptême et du pardon, le sang de l’eucharistie et de la réconciliation. Pour nous sauver et nous communiquer la joie.

Au milieu des ténèbres du jugement et de l’incrédulité, la lumière de la vérité resplendit. Celui qui la suit et qui y croit n’a plus aucune crainte. Ses œuvres mises au plein jour bénéficient de la bonté de Dieu. Il est pardonné, il est dans l’allégresse.

III. Quelle joie !

Tout au long de l’histoire du salut, et aujourd’hui encore, le Seigneur reste fidèle à sa promesse.
Quelle joie : malgré les abominations de nos infidélités, il continue d’envoyer ses messagers, ses prophètes, encore de notre temps ! Quand bien même nous les exécutons, à l’exemple de Martin Luther King ou d’Oscar Romero, il en dépêche toujours de nouveaux.

Soyons attentifs aux envoyés du Père. Ils peuvent même prendre le visage du roi Cyrus, l’empereur païen, ou de messagers-surprises, comme pour Israël. Quand le peuple de l’Alliance de notre époque se fourvoie dans l’idolâtrie et le transhumanisme, dans la corruption et les conflits, aujourd’hui comme par le passé, Dieu le conduit en exil, loin de toute fausse sécurité. Et il le convertit, afin qu’il puisse rentrer sur sa terre sainte, rebâtir son temple et retrouver son vrai Dieu.

Pour nous, en 2024, c’est le Roi des Rois, le Christ Roi, c’est le Temple de son corps et de notre propre être, c’est la terre promise de son Église qui nous sont offerts.
Montons donc à Jérusalem, bâtissons-y la paix, dans cette ville du Shalom, Ieru-Shalaïm.

IV. À Jérusalem

Chantons en exil un cantique, comme les juifs à Babylone avec le Psaume 136 de ce jour. N’oublions pas la cité de la paix, ou sinon, que notre langue s’attache à notre palais ! Retournons-y !
Ah, si seulement nous parvenions à obtenir un cessez-le-feu dans la ville sainte des chrétiens, des juifs et des musulmans !
Ah, si nos dirigeants, soutenus par notre intense intercession, réussissaient à travers les instances de l’ONU à faire signer un traité, avec une terre et un état pour chacun des deux peuples, les Israéliens et les Palestiniens !

V. Le sacrement de la réconciliation

Un des meilleurs moyens de cheminer vers la joie du Carême et de Pâques, c’est de fréquenter le pardon de Dieu.
Car le Seigneur est incommensurablement riche en miséricorde, affirme Paul dans sa lettre aux Éphésiens, sa grâce est infiniment abondante. Le Christ est comme un couffin percé d’où s’échappent 100’000 plumes, écrivaient les Pères de l’Église.

Sur la croix, il ouvre la source du vrai temple. Cette source coule vers toutes les mers mortes, ainsi que le dit le prophète Ézéchiel, et elle en assainit les eaux. Buvons à cette plaie ouverte, abreuvons-nous à ce nouveau rocher du salut !
Il suffit que nous nous en approchions. C’est un pur don, c’est une grâce sans mérite. Nous ne la gagnons pas par nos actes ni nos performances, nous ne l’obtenons pas par nos mérites. Nous n’en pouvons tirer aucun orgueil.

Joie ! Le Christ nous fait revivre, il nous fait régner dans les cieux par sa bonté sans limites. Il nous ressuscite d’ores et déjà.

VI. Chapelle de Saint-François

Allons donc dans tous les oratoires et chapelles dédiés à François d’Assise, comme l’oratoire de Savièse, sous l’église de Saint-Germain, je le disais déjà un précédent dimanche. Et risquons-nous à recevoir le sacrement du pardon. Faisons le bonheur de Dieu et du prêtre, en le laissant nous montrer sa pleine bienveillance.
N’ayons aucune réserve, courons à la confession, comme à l’oraison et à l’adoration.
Le Père prodigue en amour n’attend que cela : nous prendre dans ses bras et sur son cœur, nous ouvrir ses entrailles de miséricorde, sa matrice féminine de tendresse, pour nous associer à son banquet.

Vive la spiritualité franciscaine de la paix et de l’allégresse !
Vive le pardon que les enfants de 7-8 ans de notre paroisse ont reçu pour la première fois hier, 9 mars !

Depuis quand ne nous sommes-nous plus confessés ? Posons-nous la question, c’est le moment favorable. Confessons la grandeur du Seigneur Sauveur en confessant nos fautes.
Et exprimons dans notre examen de conscience chaque jour une prière de demande de pardon ! Pardon, s’il-te-plaît, merci !

VII. Prière pour la paix de saint François d’Assise

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie.
Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »

4e Dimanche de Carême, de Laetare
Lectures bibliques : 2 Chroniques 36, 14-23; Psaume 136; Ephésiens 2, 4-10; Jean 3, 14-21

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10 mars 2024 | 09:35
Temps de lecture: env. 5 min.
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