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Homélie

Homélie du 22 janvier 2023 ( Mt 4, 12-23)

Diacre Bernard Litzler – Eglise Saint-Joseph, Lausanne

Frères et sœurs,

Quelle leçon de management ! Jésus vient au bord du lac de Tibériade et interpelle deux frères, qui le suivent immédiatement. Puis deux autres, pareil. Quel management d’entreprise ! D’abord, Pierre et André, puis Jacques et Jean, c’est déjà un tiers de son équipe. Des frères qui ont l’habitude de travailler ensemble, ça fera moins de tensions dans le team, car ils se connaissent déjà.

Mais, frères et sœurs, le Christ n’est pas venu pour gérer une entreprise. Il vient appeler à la conversion en vue du Royaume de Dieu. Et son efficacité à recruter tient aussi à la réponse que donnent les pêcheurs qui quittent tout « aussitôt », dit le texte de Matthieu.
Efficacité des paroles, recrutement exprès : Jésus est entré dans sa phase missionnaire. Il enseigne, il proclame l’Evangile, il guérit les malades.

Jésus appelle encore aujourd’hui

Réponse à l’appel donc. Combien de vocations à la vie religieuse ou au sacerdoce sont nées ainsi ? Appel, coup de foudre et réponse radicale. Mais si Jésus a appelé ses disciples au bord du lac, ce n’est pas juste une histoire pieuse. Car il appelle encore aujourd’hui. Pas que des pêcheurs, mais nous tous. C’est moins frontal, mais ce n’est pas moins existant.

Jésus appelle à la foi. Et la réponse de foi donnée doit être volontaire. L’appel de Dieu n’est pas destiné d’abord à la vie religieuse, même si cela existe. Non, à tout moment, Dieu peut appeler à tel engagement, à telle action, à telle initiative. Un appel qui entraîne plus loin.

Combien entendent, à travers des intuitions intérieures, des appels aux conséquences parfois inimaginables ? Exemple, Mère Teresa de Calcutta, déjà religieuse et enseignante, a ressenti un appel intérieur à servir les plus pauvres : elle va fonder les Missionnaires de la Charité en Inde.
Autre situation, l’écrivain Paul Claudel a vécu, à la cathédrale Notre-Dame de Paris, une conversion instantanée : « En un instant, écrira-t-il, mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni à vrai dire la toucher ».

Jésus peut aussi nous orienter dans les petites choses

C’est sans doute ce qu’ont vécu, à leur manière, les pêcheurs du lac. Mais le Christ n’agit pas que dans nos grandes décisions. Il peut aussi nous orienter dans les petites choses quand nous demandons son Esprit. Un appel à tel service à un voisin, à un collègue. Car l’Esprit veut guider nos pas. Ce n’est pas toujours évident à capter, mais Dieu appelle, encore et toujours. Et il nous donne la force intérieure de percevoir si c’est juste.
N’oublions pas que Dieu a aussi appelé Abraham à quitter son pays. Et il a, selon la Bible, appelé d’autres : Moïse au Buisson ardent, Moïse encore pour passer la mer Rouge avec le peuple hébreu, Elie, Osée, Ezéchiel, et d’autres. Et Marie, bien sûr, les Apôtres, Zachée, la Samaritaine, la femme adultère, etc.

Bien évidemment, certains refusent l’appel, comme Jonas que Dieu veut envoyer à Ninive. Mais Jonas s’enfuit et monte dans un bateau qui est pris dans une tempête. Il va se retrouver dans le ventre de la baleine. Soudain réaliser que Dieu s’obstine : il l’attend, encore et encore.
Aujourd’hui, le Royaume de Dieu est toujours en construction. Et Dieu nous attend ici-bas. Car son Esprit est à l’œuvre dans la Galilée qu’est devenue notre planète.

Nous sommes toujours à réévangéliser

Déjà du temps de Jésus, la Galilée c’était un lieu d’échanges entre les peuples. Et c’est en Galilée que Jésus commence sa mission. Le monde actuel reste une terre de mission pour les chrétiens. Nous-mêmes, nous sommes toujours à réévangéliser, à nous mettre à l’écoute des intuitions de l’Esprit. Nous restons des humains « à pêcher », sans aucun doute.
L’Eglise nous aide dans ce discernement. Entre autres avec la Doctrine sociale de l’Eglise, à savoir l’ensemble de sa réflexion sur les questions économiques et sociales.
Autre détail de notre Evangile : en Galilée, Jésus s’installe à Capharnaüm. Au sens figuré, le nom de cette ville désigne un lieu de pagaille, avec des objets entassés pêle-mêle, un endroit en désordre. Si Jésus va habiter à Capharnaüm, comment ne pas y voir une allusion à tous nos désordres personnels ou sociaux ? Le Christ déménage et il nous entraîne avec lui.

En appelant ses premiers disciples en Galilée, le Christ déborde de la Judée, le centre de la foi juive, avec le Temple de Jérusalem.
Désormais, comme le dit le livre d’Isaïe, une lumière s’est levée et elle va rejoindre tous les pays de la terre.
La mission se poursuit. Et nous croyons que les appels de Dieu sont orientés vers la vie. Prions donc pour que les appels de Jésus continuent de résonner dans les cœurs et produisent des fruits en abondance : « Venez à ma suite ».
Amen.

3e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Isaïe 8, 23 – 9,3; Psaume 26; 1 Corinthiens 1, 10-13.17; Matthieu 4, 12-23

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22 janvier 2023 | 09:35
Temps de lecture: env. 3 min.
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