Homélie du 13 septembre

(traduction)
Chers amis en Christ,
La question de Gretchen
Il sera question ce matin de la « question de Gretchen ». Une question célèbre dans l’univers germanophone et qui fait son apparition dans « Faust », l’œuvre de Johann Wolfgang von Goethe.
Gretchen aime Faust, mais elle souhaiterait connaître les convictions qui habitent son cœur, car elle n’en est pas sûre. Aussi lui pose-t-elle la question :
Gretchen : « Promets-moi, Heinrich »
Faust : « Tout ce qui est en ma puissance ! »
Gretchen : « Hé bien, dis, que penses-tu au sujet de la religion ? Tu es un excellent homme, un homme de cœur : mais je crois que tu n’as guère de religion »
Faust : « Ne t’inquiète point de cela, mon enfant. Tu sais que je t’aime, et que pour mon amour je verserais tout mon sang, je donnerais ma vie. Je ne voudrais d’ailleurs troubler personne dans ses sentiments ni dans sa foi »
Une « question de Gretchen » est une question essentielle. Une question importante, qui doit être prise au sérieux, qui nécessite une prise de position.
C’est exactement de cela qu’il s’agit dans l’Evangile de ce dimanche. Jésus pose à ses disciples une « question de Gretchen ». Il souhaite qu’ils se prononcent sur son identité. Il veut savoir pour qui ils le prennent. Et comme dans « Faust », cette question n’est pas lâchée de manière anodine. A peine Gretchen est-elle entrée dans la maison qu’elle lance : « Promets-moi, Heinrich ». Et ensuite seulement arrive la question décisive. De même, Jésus n’interroge pas directement ses disciples sur la manière dont ils le voient. Il lance une question analogue : « Qui suis-je, d’après les hommes ? ».
Avec cette première question préliminaire, on peut rester encore un peu dans les réponses générales. On peut encore évoquer des avis et des points de vue différents. On n’a pas encore à et choisir son point de vue. Mais Jésus en arrive à l’essentiel : il demande aux disciples comment ils le considèrent. Et là, ils doivent annoncer la couleur.
Jésus pose cette « question de Gretchen » à ses disciples juste avant de se rendre à Jérusalem avec eux. Ce n’est donc pas un hasard si l’évangile de Marc évoque – immédiatement après que Pierre ait reconnu en Jésus le Messie – la première annonce faite aux disciples de sa passion. Jésus veut savoir par avance si ses disciples tiennent à lui, s’ils vont rester avec lui lorsque les choses deviendront sérieuses.
Examen personnel
Il ne s’agit pas ici d’une question théorique, mais d’une question pratique, d’un examen personnel que Jésus exige de ses disciples : êtes-vous prêts à parcourir le chemin que je vais parcourir ? Voulez-vous vraiment vous imprégner de mon enseignement ? Ne me laisserez-vous pas tomber lorsqu’il y aura des difficultés ? Savez-vous que le chemin que nous allons emprunter est un chemin qui, certes, mène à la résurrection, mais passe par la croix ?
En ce sens, la question que Jésus pose à Pierre et aux autres disciples nous est également destinée. Ainsi il nous est demandé de ne pas en rester aux credo officiels et autres formules dogmatiques. Il est question de notre positionnement existentiel fondamental vis-à-vis de Jésus. Confessons-nous vraiment Jésus ? Ou alors seulement du bout des lèvres ? Jésus Christ a-t’il une vraie signification dans ma vie ou n’est-il qu’une figure périphérique ? Sommes-nous prêts à accepter des inconvénients en raison de notre foi ? Ou ne sommes-nous que des girouettes dans le vent ? Jésus Christ est-il vraiment le chemin, la vérité et la vie ? Ou, en dernier ressort, seulement un personnage intéressant de l’histoire des religions ?
La phrase de Jésus : « Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je? » est la « question de Gretchen » de notre foi. Une question qu’on ne peut pas éluder.
Réponse de chair et d’os
Une réponse vraiment chrétienne à cette question a deux aspects.
Il y a d’abord la réponse qui nous est donnée comme exemple par la Bible et par l’enseignement de l’Eglise. Ce sont les énoncés dogmatiques, que vous trouvez sous une forme raccourcie dans les confessions de foi. Mais, croire en Jésus au sein de la communauté ecclésiale ne signifie pas seulement dire ou penser quelque chose de Jésus. L’Eglise nous dit qu’en Jésus, il y a plus qu’un prophète, plus qu’un chef religieux, plus qu’un homme exemplaire. C’est vraiment Dieu qui est entré dans l’histoire. Jésus n’est pas qu’une simple figure du passé. Il est présent, élevé et ressuscité, dans nos prières, dans notre service religieux, dans nos sacrements.
Nous croyons en Jésus Christ. Le mot « Jésus » nous relie à sa dimension humaine, à son existence terrestre, à son ministère. Le mot « Christ »  exprime le fait que cet être humain est le fils de Dieu. Il est vraiment Dieu. C’est pour, le dire ainsi, la charpente  de notre foi.
Au-delà de cela, il revient pourtant à chaque chrétien de trouver sa réponse personnelle. Avec, naturellement, des éléments subjectifs. Cela veut dire que le croyant doit et peut se demander : très personnellement, qu’est-ce qui m’est important en Jésus ? Quels sont les accents de ma foi ?
La réponse à cette question sur la signification subjective de Jésus n’est jamais définitive. Elle dépend des expériences de vie concrètes que je fais. Elle dépend de l’âge, de l’environnement dans lequel je vis, des tâches que j’ai à accomplir. La foi n’est pas seulement confession. La foi est aussi une question relationnelle.
Comme le dit Anselm Grün : « Jésus est pour moi le message que je suis aimé par Dieu de manière inconditionnelle ».

Amen»


24e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques :

Isaïe 50, 5-9a; Psaume 114; Jacques 2, 14-18; Marc 8, 27-35

13 septembre 2015 | 09:00
Temps de lecture: env. 4 min.
Faust (1), Isaie (1), Jacques- (3), Marc (2)
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