Homélie du 17 mai 2020 (Jn 14, 15 – 21)

Marie-Josèphe Lachat – Eglise St-Jean, Alle, JU

« Si vous m’aimez… » Qu’elle est douce cette introduction… « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements »… peut-être y a-t-il un peu de tristesse en Jésus lorsqu’il la prononce. Il sait que ses disciples ne vont pas l’aimer assez, ni jusqu’au bout mais il les invite, malgré tout, à accueillir l’Amour.

A la fin de l’évangile de ce jour, il inverse la formule et dit : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime. » Et il conclut : «  il sera aimé de mon Père, moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui ».

« Amour », l’autre nom de Dieu

Sachant que son commandement, c’est de nous aimer les uns, les unes et les autres, il devient clair que « Amour » est l’autre nom de Dieu.

Aimer, c’est le signe de Dieu ! Et la signature de Dieu, c’est la joie.

Si nous accueillons l’amour de Dieu, elle surgit de la joyeuse farandole de la Trinité en nous…  La joie, elle déborde des textes de ce jour.

Avez-vous entendu le psalmiste nous inviter à en connaître la source ? « Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu : je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme… »

Ce qu’il fait pour nos âmes, c’est de nous introduire progressivement dans l’intimité amoureuse de la Trinité en nous dévoilant que nous sommes en Dieu et que Dieu est en nous …

Peut-on mieux exprimer le désir de Dieu de nous habiter et de nous abriter en Lui ?

Dieu n’est pas puissance qui s’impose, Il est Amour qui s’offre ! Il se livre entre nos mains… « Si vous m’aimez… »

Et son Amour dépasse le jugement… il vient non seulement en ce monde vivre notre humanité mais il vient en nous, en chacune et chacun, pour vivre tout ce que nous avons à vivre et nous aimer dans tout ce que nous vivons… de bien et de mal…

Dieu est immense et vaste. Il est Seigneur des univers qui englobe toute l’humanité. Libre et curieux de nous, Il ouvre ses entrailles pour nous faire renaître chaque fois que, perdu-e-s, nous nous jetons dans ses bras… 

Dieu se dit si simplement

On a parfois compliqué Dieu… Pourtant il se dit si simplement… par le chant de l’oiseau, le soleil qui se lève ou se couche, par la douceur des fruits, l’odeur de la pluie, la caresse du vent.

Il se manifeste dans le sourire, la solidarité, l’engagement pour la dignité, le combat des injustices et de la pauvreté, le soin aux autres et, plus que tout, dans l’amour partagé, célébré et annoncé.

Elle est en Dieu, la vie augmentée… et elle éclate de joie.

Dieu se danse comme on danse la vie jusqu’à la rendre majuscule ! Car… Dieu densifie la vie !

La joie qu’Il nous donne vient de l’harmonie ressentie avec tout ce qui vit…

C’est la joie contagieuse du matin de Pâques, elle a traversé la mort… et efface toutes les frontières… du corps, de l’esprit, de l’espace et du temps.

Oui, nous sommes en Dieu, comme il est en nous, et par Lui, avec Lui nous sommes infini-e-s !

Nous sommes voué-e-s à la Vie

Elle est là cette belle espérance dont Pierre nous demande de rendre compte. La mort n’est qu’une issue… nous sommes vouées  à la Vie !

«  Vous vivrez !» s’exclame Jésus au cœur de son discours.

Aujourd’hui, plus que jamais, témoignons joyeusement de notre foi en la vie éternelle ! … en la Vie amoureusement vécue en Dieu.

Non, non, ça n’est pas ringard et le monde en a tant besoin… Car ainsi, notre vie prend sens, celui de Dieu, elle s’en trouve illuminée et la mort devient l’amie qui nous mène vers notre achèvement, vers notre plein épanouissement !

Pour cela, Frères et Sœurs, accueillons notre vulnérabilité, notre fragilité et notre finitude – sans cette reconnaissance, il n‘est pas de soin, de guérison, ni de salut possible – et faisons-le  dans l’humilité et la simplicité – oui, nous mourrons – mais aussi dans l’émerveillement et la gratitude car c’est en Dieu que tout devient possible et c’est en Lui, et par Lui seul, que nous serons accompli-e-s… enfin !

Alors, Frères et Sœurs, aimons Dieu… Son Amour est sûr, inconditionnel, immense… Il nous veut vivantes et vivants, aujourd’hui, demain, toujours.

Allons le dire au monde… avec douceur et respect !

6e DIMANCHE DE PÂQUES
Lectures bibliques :
Actes 8, 5-8.14-17; Psaume 65, 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20; 1 Pierre 3, 15-18; Jean 14, 15-21

Homélie du 10 mai 2020 (Jn 14, 1-12)

Chanoine Alain Chardonnens – Église St-Loup, Versoix, GE

« Seigneur, mais on va où là ?!? » C’est la question – paraphrasée c’est vrai – que pose Thomas à Jésus. C’est la même question que nous pourrions lui poser aujourd’hui. On va où, Seigneur ? Nos églises sont certes encore ouvertes, mais la communauté chrétienne ne peut plus s’y retrouver comme elle en a la si douce habitude. Tout reprend : les écoles et tous les commerces ouvrent à nouveau demain, et nous, on doit rester chez soi. Alors, Seigneur, on va où là ?

Si ces questions sont légitimes, elles pourraient toutefois recevoir la même réponse de la part du Christ. On va où ? On va vers le Père – toujours si on marche avec le Christ– et vers le Royaume où le Seigneur nous prépare une place.

Marcher avec le Christ

Oui chers Amis, même si le chemin de nos églises n’est plus accessible comme on le souhaite, le Christ nous montre d’autres voies pour le rejoindre, pour le retrouver, pour rester en communion avec Lui et les uns avec les autres. Cette messe, radio et télédiffusée, en est un exemple. Quelles que soient les circonstances que nous devons affronter, le Seigneur EST le chemin, il nous conduit et il nous accompagne. Et même, plus ce chemin est difficile ou tortueux, plus le Seigneur est avec nous ! Mais paradoxalement, souvent, on le remarque moins.

Bon, là d’accord, ça y va fort ! On sort bien des sentiers battus. On sort loin de notre « zone de confort » comme on dit maintenant. Alors Seigneur, on va où là ? Eh bien, parce qu’on chemine avec le Christ, je reste convaincu – même dans les circonstances que nous connaissons maintenant, même dans ces conditions nouvelles et exceptionnelles – je reste convaincu qu’avec le Christ, nous sommes sur un chemin de Vie et de Vérité, comme il nous l’a dit lui-même.

Un chemin qui mène vers le Père

Le Seigneur nous montre donc un autre chemin, c’est vrai. Mais ce chemin mène vers le Père, vers la place qu’il nous a préparé. Ce chemin, nouveau, parce que nous y cheminons avec le Christ, ne sera jamais un chemin où nous nous achopperons (cf 2ème lecture). Ce chemin nous permet de découvrir la richesse et la beauté de notre chemin ordinaire. Le Seigneur nous donne de prendre un peu de recul sur notre manière habituelle de vivre notre foi, de vivre la dimension communautaire de notre foi.

« Seigneur, mais on va où là ?!? » On va vers le Père, avec l’opportunité de redécouvrir ce sur quoi s’appuie notre foi, ce dont elle se nourrit.  En ces temps où le Seigneur nous conduit sur des chemins de traverse, renouvelons notre confiance en lui : « OK Seigneur, tu es le chemin, alors je te fais confiance pour savoir où on va. ».

Cherchons en quoi ce qui nous manque est important pour notre foi, en quoi ce qui nous fait défaut aujourd’hui est véritablement pour nous ce qui nous permet d’avancer vers le Père. Regardons aussi tout ce qu’il y a de nouveau et qui nous permet de cheminer avec le Christ, seul ou en famille, depuis chez soi, de là où nous sommes. Faisons de ce chemin un chemin qui nous élève !

« Seigneur, mais on va où là ?!? » Parce que tu es le Chemin, la Vérité et la Vie, même si je ne comprends pas tout, je me réjouis de marcher avec toi Seigneur, jusqu’à cette place que tu as préparée pour nous.

5e DIMANCHE DE PÂQUES
Lectures bibliques :
Actes 6, 1-7; Psaume 32, 1-2, 4-5, 18-19; 1 Pierre 2, 4-9; Jean 14, 1-12