Sœur Anne-Sophie

Évangile de dimanche: Et hop, la belle-mère!

Quarante fois, dans l’Évangile de Marc, apparaît le mot «aussitôt». Onze fois, rien que dans le premier chapitre, et deux fois, dans le récit de ce dimanche: de la synagogue où il vient de guérir un démoniaque, aussitôt Jésus passe à la maison de Simon et André. Une fois là, hop! il relève la belle-mère de Simon alitée en raison de sa fièvre.

«Hop!» Permettez-moi en effet de traduire ainsi et un peu familièrement le mot «aussitôt». Hop! rend bien à nos oreilles modernes la soudaineté, le dynamisme, l’efficacité, la mise sur pied. Tout va vite, particulièrement en ce début de l’évangile de Marc. Pas de délai dans l’action, pas de raté dans l’opération!

Jésus mène la danse et ce en trois temps, trois mouvements. Trois temps: un jour, un soir, un lendemain. Trois mouvements: d’abord il rentre à la maison avec ses quatre premiers disciples et opère une première guérison; puis les foules les rejoignent avec tout ce qu’elles comptent de malades à guérir; enfin Jésus sort de la maison le lendemain et les disciples à sa recherche sont pris dans le feu et l’urgence de la mission. En moins de vingt-quatre heures, nous sommes passés de la synagogue à l’Église en mission, avec étape par le berceau de l’Église que serait la maison de Simon.

«Pourquoi la maison de Simon est-elle le berceau de l’Église…»

Mais pourquoi la maison de Simon serait-elle le berceau de l’Église? Eh bien, à cause de la belle-mère! Du moins, de sa guérison par Jésus. Dans sa concision, l’évangéliste donne à ce premier miracle privé un goût de commencement, une dimension inaugurale. C’est l’emploi du mot «se lever» pour exprimer l’acte de guérir qui nous permet une interprétation en ce sens. Le mot grec «ègeirô» en effet, est souvent utilisé dans le Nouveau Testament pour exprimer la résurrection du Christ, son relèvement d’entre les morts.

Or voilà: une remise sur pied, dans une maison qui rassemble Jésus et les quatre disciples fraîchement appelés, qui plus est, la maison de Simon qui bientôt sera appelé Pierre et sur qui le Christ bâtira son Église, tout cela fait de la maison de Capharnaüm un premier petit Cénacle, un berceau de l’Église.

Et ce n’est pas tout! Cette guérison-résurrection a deux effets immédiats: le service et la contagion. Sitôt levée, la belle-mère se met au service de la maisonnée. Ce n’est pas là servilité, mais préfiguration de la diaconie, qui est le premier fruit de la Rédemption. Ensuite, la contagion, non de la fièvre, mais de la guérison: les foules accourent vers la maison-Église qui prodigue par Jésus le salut. Et la maison-Église est ensuite propulsée à la suite de Jésus au-devant des foules, pour étendre le salut à qui voudra l’accueillir. C’est un même mouvement: le service est mission, et la belle-mère promue missionnaire au sein de sa maisonnée.

«Ma maison à moi ne peut-elle être une ‘post-figuration’ de la maison de Capharnaüm?»

Morale de l’histoire (ou plutôt, bonne nouvelle du récit!): ma maison à moi, insérée dans le mystère de l’Église, ne peut-elle être une «post-figuration» de la maison de Capharnaüm, à savoir ce lieu domestique où la fièvre apaisée devient feu contagieux? Par mon baptême, Dieu a réalisé cela d’un «hop!». Ma collaboration à ce don nécessitera peut-être bien quelques «oh hisse!» mais dans la certitude d’être déjà hissé.

Sr Anne-Sophie Porret OP | Vendredi 2 février 2024


Mc 1, 29-39

En ce temps-là,
aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm,
Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean,
dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit,
elle avait de la fièvre.
Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha,
la saisit par la main
et la fit lever.
La fièvre la quitta,
et elle les servait.

Le soir venu, après le coucher du soleil,
on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal
ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies,
et il expulsa beaucoup de démons ;
il empêchait les démons de parler,
parce qu’ils savaient, eux, qui il était.

Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube.
Il sortit et se rendit dans un endroit désert,
et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent :
« Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit :
« Allons ailleurs, dans les villages voisins,
afin que là aussi je proclame l’Évangile ;
car c’est pour cela que je suis sorti. »

Et il parcourut toute la Galilée,
proclamant l’Évangile dans leurs synagogues,
et expulsant les démons.

La guérison de la belle-mère de Pierre (Marc 1,30 // Matthieu 8,14) de James Tissot | Brooklyn Museum / LDD
2 février 2024 | 17:00
par Sœur Anne-Sophie
Temps de lecture: env. 3 min.
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One thought on “Évangile de dimanche: Et hop, la belle-mère!

  • Bernard says:

    Si puissant cette guérison de la belle-mère (maman de son épouse) de Simon.
    Puissant par toutes les conséquences à long, voir même très long terme!
    Et en effet, toutes les guérisons se déroulent “aussitôt”!
    Merci soeur Anne-Sophie pour ce partage!

    Un Pèlerin

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