


Homélie du 25 août 2024 (Jn 6, 60-69)
Abbé Boniface Bucyana – Eglise Saint-Joseph, Lausanne
Servir le Seigneur ou se servir de Dieu
En ce 21ème dimanche du temps ordinaire, les lectures d’aujourd’hui semblent mettre fin à nos vacances et nous sortent de l’ordinaire, de la banalité. En effet, avec la première lecture, le prophète Josué nous interpelle, nous convoque, nous rassemble comme il l’a fait pour les douze tribus d’Israël à Sichem. Voyez comme est bon le Seigneur, nous dit le Psaume 33, pour nous ouvrir les yeux sur la beauté qui nous entoure et rencontrée pendant nos vacances, surtout la bonté du Seigneur à reconnaître et à louer, à célébrer pour témoigner avec joie et fierté pour le Seigneur qui jette un regard bienveillant, qui écoute attentivement, qui délivre, qui veille sur chacun, qui rachète ses serviteurs. Sommes-nous prêts à faire partie de ces serviteurs qui le servent en acte et en vérité et dans l’humilité ?
Le lieu de l’apprentissage du service mutuel par l’amour
La 2ème lecture enfonce le clou : par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux hommes, les hommes comme les femmes, les adultes comme les enfants, tous les membres de la même famille qu’est l’église et la première cellule de l’église ça reste la famille et chacun de nous en a une. C’est là le lieu inaliénable de l’apprentissage du service mutuel par amour et non un champ de bataille pour des épreuves de force et de lutte pour le pouvoir, ni un foyer de tensions entre des droits sans les devoirs.
Le dimanche passé Jésus, comme depuis le début de ce mois, rassemble la foule au sommet de Capharnaüm, et prodigue un enseignement choquant. Mais c’est pour les réveiller et les éveiller pour qu’ils ne se contentent pas que du pain qui remplit seulement le ventre et laisse l’esprit vide et le cœur affamé de vraie vie. C’est donc un choc salutaire qui nous bouscule et nous donne un nouvel élan dans la foi engagée et engageante.
Aujourd’hui encore il précise que c’est l’esprit qui fait vivre et que la chair n’est capable de rien sans l’esprit. Autant nourrir d’abord et souvent l’esprit et le corps s’en trouvera rassasié et vivant. Nous sommes venus aujourd’hui communier à ce pain vivant, l’eucharistie, qui nous donne la force de servir le Seigneur dans nos frères et sœurs dans le Christ.
Un choix clair et un engagement authentique
A Sichem, comme aujourd’hui, Tout le peuple doit se prononcer et choisir de servir le Seigneur ou non. C’est ce qu’on pourrait appeler le serment de Sichem. Ce serment requiert un choix clair et un engagement visible et authentique. Le prophète réveille tout le monde pour sortir chacun de sa torpeur, de son indifférence, et éveille par son exemple, son choix servir le Seigneur
Le peuple doit se prononcer, prendre position : choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir… Le prophète sait et montre que le réveil peut éveiller et rappeler. Et comme on dit le rappel ravive la mémoire, et sauve.
Le Seigneur semble emprunter l’expression suisse pour interpeller chacun : Ecoute voir ! Nous sommes invités à être tous yeux, toutes oreilles ! Nous devons ouvrir nos rétroviseurs spirituels pour se rappeler et contempler tous les bienfaits que le Seigneur a accomplis pour nous et autour de nous et retrouver la confiance en lui et en nous, redoubler la vitesse et la qualité d’engagement sur la voie de la sagesse, rester vigilants et attentifs. Si l’évangile reste la bonne nouvelle, il n’en demeure pas moins une parole dure, parce qu’elle est exigeante, c’est-à-dire qui ne tolère aucune confusion ni compromission.
La question du prophète résonne encore pour nous, aujourd’hui : qui voulons-nous servir. Et j’ajouterai pour quoi ? Par peur ? Par calcul ? Sommes-nous pour le Christ ou contre. Le bien au contraire vaudois n’a pas de place quand il s’agit de servir le Seigneur.
Servir le Seigneur ou se servir de Dieu ! Servir le Seigneur n’a rien d’esclave. C’est un service dans la foi et la liberté. Tandis que se servir de Dieu, c’est en faire une idole manipulable à merci, c’est le supplanter et ignorer sa présence dans l’autre auquel je suis envoyé, mon frère, ma sœur en humanité. Donc prétendre Servir le Seigneur, en ignorant la charité fraternelle est un mensonge. Le service du Seigneur Dieu nous envoie en mission vers le monde et vers tout le monde avec un choix toujours renouvelé.
La parole de Dieu, aujourd’hui, nous met devant un choix dicté par la foi. Voulons-nous servir le Seigneur, nous soumettre sous sa loi qui n’est autre que la loi d’amour, c’est à dire se laisser guider par sa volonté. Par là une question nous interpelle : quel type de relation entretenons-nous avec le Seigneur ? Qui est le Seigneur pour nous ? Avons-nous une relation de peur, une relation ambigüe, de confusion, de soumission aveugle ?
La vraie relation à Dieu
Le Christ est venu nous révéler la vraie relation avec Dieu fondée sur notre statut d’enfants de Dieu Père. À travers lui, Dieu se met au service de l’homme pour lui parler, le guider et le sauver parce qu’il aime tous les hommes.
L’écouter et obéir à sa volonté, c’est participer à son œuvre de salut. C’est collaborer avec lui, c’est servir Dieu et les autres. C’est suivre son exemple de serviteur, c’est être son témoin. Cette mission exige une cohérence de tout instant et une fidélité qui ne doit souffrir d’aucune amnésie spirituelle. Se nourrir du sandwitch et des jeux seulement est profane alors nous sommes tous des êtres sacrés, et notre esprit est divin. Recevoir son corps nous prémunit contre cette maladie, et même contre l’Alzheimer religieux qui nous couperait de toute relation essentielle.
Si nous acceptons de servir le Seigneur, c’est parce qu’il est Dieu Amour. Ce n’est pas un Dieu terreur qui fait peur, qui fait trembler. Il est Père, non pas père ni père fouettard. IL est tout simplement et vraiment le Père miséricordieux pour tous qui a envoyé son Fils non pas pour se servir de l’homme, mais pour se mettre au service de chacun sans le forcer. En effet, le Christ, Roi et Serviteur s’est soumis par amour à tous les hommes, même aux pécheurs. Non seulement il s’est mis au service de tous, mais plus encore il s’est offert pour que tous vivent, soient sauvés. Il s’offre à nous aujourd’hui par sa parole salvatrice et par son corps, le pain vivant pour la vie éternelle. Amen
21e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Josué 24, 1-18; Psaume 33; Ephésiens 5, 21-32; Jean 6, 60-69
A Chicago, les démocrates ont tenté de capter le vote religieux
Delon, Dieu et la Vierge Marie

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Homélie du 18 août 2024 (Jn 6, 51-58)
Chanoine François Lamon – Hospice du Grand-Saint-Bernard, VS
Frères et sœurs,
De quoi avons-nous le plus faim ? De pain ou de bonheur ? De quoi avons-nous le plus soif ? De vin ou de vie éternelle ?
L’évangile que nous venons d’entendre est la dernière partie et le point culminant du discours de Jésus sur le Pain de Vie.
La veille Jésus avait donné à manger à des milliers de personnes avec cinq pains et deux poissons. Jésus révèle le sens de ce miracle, il révèle que le temps des promesses est accompli : Dieu le Père, qui avait rassasié les Israélites dans le désert avec la manne, l’a envoyé, lui son Fils, vrai Pain de vie, et ce pain est sa chair, sa vie offerte en sacrifice pour nous.
Il s’agit donc de l’accueillir avec foi, sans se scandaliser de son humanité ; il s’agit de « manger sa chair et de boire son sang » (Jn 6,54) pour avoir en soi la plénitude de la vie. Il est évident que Jésus n’est pas en train de faire de la démagogie pour obtenir un consensus. Jésus le sait et il prononce intentionnellement ce long discours entendu depuis quatre dimanches. Cela a été un moment critique, un tournant dans sa mission publique.
Les gens et les disciples eux-mêmes, s’enthousiasmaient pour lui lorsqu’il accomplissait des miracles. Même la multiplication des pains et des poissons était une révélation claire qu’il était le Messie, au point que tout de suite la foule aurait voulu porter Jésus en triomphe et le proclamer roi d’Israël. Pensez-donc avec ce roi, plus de souci de nourriture !
Mais cela n’était pas la volonté de Jésus qui refroidit justement leur enthousiasme et provoque beaucoup de querelles parmi eux. En effet, en expliquant l’image du pain, il affirme avoir été envoyé pour offrir sa vie, et celui qui veut le suivre doit s’unir à lui de manière personnelle et profonde, en participant à son sacrifice d’amour.
C’est pour cela que Jésus instituera le sacrement de l’Eucharistie, lors du dernier repas le Jeudi Saint : pour que ses disciples puissent avoir en eux sa charité, son amour, et prolonger dans le monde son mystère de salut, comme un seul corps uni à lui.
De quoi avons-nous faim ?
En entendant ce discours, les gens ont compris que Jésus n’était pas un Messie qui aspirait à un trône terrestre. Jésus n’est pas venu pour multiplier les pains, mais pour être Pain Vivant descendu du ciel, Corps et Sang offerts en expiation pour les péchés du monde.
Jésus a donc fait ce discours pour faire perdre leurs illusions à ces foules et surtout pour susciter la décision de ses disciples. En effet, à partir de ce moment-là, beaucoup parmi eux s’arrêtèrent de le suivre.
Peut-être que nous aussi nous avons des illusions à perdre ???……. De quoi avons-nous faim ? Sûrement que, nous aussi, avons une décision à prendre !
Le discours de Jésus est déroutant. Ils sont de plus en plus nombreux à le quitter. Pourquoi fait-il cela ? Pourquoi exiger tant des hommes que nous sommes ? Peut-être veut-il nous confier quelque chose de si précieux qu’il prend le risque de nous choquer ? Quel est le secret ?
C’est que Jésus ne veut pas seulement transmettre un enseignement, mais une vie, sa vie, lui-même, en personne. Il veut que la vie de Dieu qui est en lui devienne aussi notre vie, vraiment, complètement, comme la nourriture que nous absorbons. « Mange-moi, bois-moi ! Vis de moi, comme je vis en toi ». Est-ce si incompréhensible ?
Et si c’était vrai ? Et si Dieu voulait être si proche de nous les hommes, qu’il se faisait lui-même notre nourriture pour nous ?
De quoi avons-nous faim aujourd’hui ?!… point d’interrogation, d’exclamation ou de suspension : il faut nous décider.
De même qu’un petit enfant dans le sein de sa mère puise toute sa vie de la vie de sa mère, de même Jésus veut que nous vivions de lui : « Celui qui me mange, vivra par moi ». Est-ce si inacceptable ?
L’humilité et la sainteté de Dieu
Laissons-nous surprendre, nous aussi, de manière nouvelle par les paroles du Christ : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ». Avons-nous assez faim d’amour pour avoir faim de vie éternelle ?
Redécouvrons la beauté du sacrement de l’eucharistie qui exprime toute l’humilité et la sainteté de Dieu qui s’est fait petit. Dieu se fait petit, parcelle de l’univers pour réconcilier tous les hommes dans son amour.
Recevoir la vie, en prenant le Pain de Vie, cela exige une adhésion intérieure qui nous redit, à ce moment-là, pourquoi nous venons communier, à quel Pain de Vie nous venons recevoir. Une vie qui fut livrée sur la croix pour que nous puissions mourir à l’égoïsme et à l’orgueil. Nous pouvons dire avec saint Paul, à ce moment : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi ».
L’Eucharistie nous propose l’humilité la plus folle : recevoir d’un autre le sens, oui le sens et la nourriture de sa vie. Je ne peux plus prendre conscience de mon destin et de moi-même qu’en acceptant de me recevoir d’un autre, de l’Autre par excellence qu’est le Christ ressuscité qui nous dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour ». Amen !
20e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : Proverbes 9, 1-6 ; Psaume 33 ; Ephésiens 5, 15-20 ; Jean 6, 51- 58
La source de la Bénite Fontaine en Haute-Savoie (5/5): des fontaines d’Ancien Régime

Homélie TV du 15 août 2024 (Lc 1, 39-56)
Fête de l’Assomption de la Vierge Marie
Mgr Patrick Hoogmartens, cathédrale Saint-Quentin, Hasselt, Belgique
Chers frères et sœurs,
Peu de textes de la Bible sont cités ou répétés aussi souvent que les paroles par lesquelles Elisabeth salue sa cousine Marie. Nous les avons entendues dans l’Évangile : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ». Cette salutation figure dans chaque Ave Maria, qui est peut-être la prière la plus connue au monde.
Dès le début de l’Église, la foi en Marie est grande : Par son oui, elle est devenue la mère de Jésus, Fils de Dieu. Quand il est resté au temple, elle l’a cherché. Sous la croix, elle est restée, debout, à ses côtés. Elle était là, lorsqu’à la Pentecôte, l’Esprit Saint est arrivé dans la jeune Église. À cause d’elle et de l’Enfant commença – comme nous l’avons entendu dans le livre de l’Apocalypse – la bataille finale contre le mal, ce ‘dragon à sept têtes’.
Elle est le prototype de l’Église et de chaque croyant.
La foi de Marie est grande
Oui, la foi en Marie est grande. C’est pourquoi tant d’églises et de paroisses lui sont consacrées dans le monde entier et qu’il existe tant d’icônes de la « Vierge à l’Enfant ». C’est aussi la raison pour laquelle son image avec Jésus sur le bras est portée dans tant de processions. Elle y « présente » chaque fois son Fils au monde. Il en va de même pour la procession de la Virga Jesse à Hasselt, autour de sa statue du 14e siècle. Il s’agit de l’une des sept grandes processions de l’Eurorégion, qui se déroulent à tour de rôle, entre autres à Aix-la-Chapelle, Maastricht et Tongres.
Les festivités de la Virga Jesse à Hasselt ont pour particularité de se dérouler toujours aux alentours du 15 août, la fête de l’Assomption. Marie, qui a suivi le chemin de la foi, a en effet, après sa vie parmi nous, trouvé son plein accueil dans l’Amour de Dieu, où son Fils siège également à la droite de Dieu.
Son Assomption n’est pas un événement qui ne concerne qu’elle, comme s’il s’agissait d’un privilège unique. Non, c’est la promesse de ce qui attend tous ceux qui sont unis au Christ.
Redonner de l’espoir à notre monde
Ce message plein d’espoir de l’Assomption de Marie est à l’origine des célébrations de la Virga Jesse. Pour cette édition, les différents groupes ont préparé leur message de façon quasi synodale. Ils veulent donner de l’espoir à notre monde accablé par tant d’injustices, de guerres et d’insécurité.
En 7 groupes thématiques, les personnes des paroisses – et tous ceux qui les ont rejoints – chantent et proclament :
Ouvrez votre cœur à ce qui se passe dans la société !
Comme Marie, dites « Oui » à l’Amour de Dieu, que vous pouvez ressentir !
Faites l’expérience de la joie et de l’allégresse comme Marie, même sous la croix !
Découvrez cette foi qui déplace des montagnes !
Prenez le risque de l’Amour qui vous ouvre aux autres !
Soyez toujours rempli d’Espérance par la grâce reçue !
Et… soyez reconnaissants !
Tout au long de ce message d’espérance, nous entendons résonner le Magnificat de Marie que nous avons entendu au jour de sa fête dans l’Évangile. Et votre vie également deviendra « Magnifique », car… « grande dans le service ». Amen.
Fête de l’Assomption de la Vierge Marie
Lectures bibliques : Apocalypse 11, 19; 12, 1-10; Psaume 44; 1 Corinthiens 15, 20-27; Luc 1, 39-56