Homélie TV du 15 août 2024 (Lc 1, 39-56)

Fête de l’Assomption de la Vierge Marie

Mgr Patrick Hoogmartens, cathédrale Saint-Quentin, Hasselt, Belgique

Chers frères et sœurs,

Peu de textes de la Bible sont cités ou répétés aussi souvent que les paroles par lesquelles Elisabeth salue sa cousine Marie. Nous les avons entendues dans l’Évangile : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ». Cette salutation figure dans chaque Ave Maria, qui est peut-être la prière la plus connue au monde.

Dès le début de l’Église, la foi en Marie est grande : Par son oui, elle est devenue la mère de Jésus, Fils de Dieu. Quand il est resté au temple, elle l’a cherché. Sous la croix, elle est restée, debout, à ses côtés. Elle était là, lorsqu’à la Pentecôte, l’Esprit Saint est arrivé dans la jeune Église. À cause d’elle et de l’Enfant commença – comme nous l’avons entendu dans le livre de l’Apocalypse – la bataille finale contre le mal, ce ‘dragon à sept têtes’.
Elle est le prototype de l’Église et de chaque croyant.

La foi de Marie est grande

Oui, la foi en Marie est grande. C’est pourquoi tant d’églises et de paroisses lui sont consacrées dans le monde entier et qu’il existe tant d’icônes de la « Vierge à l’Enfant ». C’est aussi la raison pour laquelle son image avec Jésus sur le bras est portée dans tant de processions. Elle y « présente » chaque fois son Fils au monde. Il en va de même pour la procession de la Virga Jesse à Hasselt, autour de sa statue du 14e siècle. Il s’agit de l’une des sept grandes processions de l’Eurorégion, qui se déroulent à tour de rôle, entre autres à Aix-la-Chapelle, Maastricht et Tongres.

Les festivités de la Virga Jesse à Hasselt ont pour particularité de se dérouler toujours aux alentours du 15 août, la fête de l’Assomption. Marie, qui a suivi le chemin de la foi, a en effet, après sa vie parmi nous, trouvé son plein accueil dans l’Amour de Dieu, où son Fils siège également à la droite de Dieu.
Son Assomption n’est pas un événement qui ne concerne qu’elle, comme s’il s’agissait d’un privilège unique. Non, c’est la promesse de ce qui attend tous ceux qui sont unis au Christ.

Redonner de l’espoir à notre monde

Ce message plein d’espoir de l’Assomption de Marie est à l’origine des célébrations de la Virga Jesse. Pour cette édition, les différents groupes ont préparé leur message de façon quasi synodale. Ils veulent donner de l’espoir à notre monde accablé par tant d’injustices, de guerres et d’insécurité.

En 7 groupes thématiques, les personnes des paroisses – et tous ceux qui les ont rejoints – chantent et proclament :

Ouvrez votre cœur à ce qui se passe dans la société !

Comme Marie, dites « Oui » à l’Amour de Dieu, que vous pouvez ressentir !

Faites l’expérience de la joie et de l’allégresse comme Marie, même sous la croix !

Découvrez cette foi qui déplace des montagnes !

Prenez le risque de l’Amour qui vous ouvre aux autres !

Soyez toujours rempli d’Espérance par la grâce reçue !

Et… soyez reconnaissants !

Tout au long de ce message d’espérance, nous entendons résonner le Magnificat de Marie que nous avons entendu au jour de sa fête dans l’Évangile. Et votre vie également deviendra « Magnifique », car… « grande dans le service ». Amen.

Fête de l’Assomption de la Vierge Marie
Lectures bibliques : Apocalypse 11, 19; 12, 1-10; Psaume 44; 1 Corinthiens 15, 20-27; Luc 1, 39-56

Homélie du 11 août 2024 (Jn 6, 41-51)

Chanoine José Mittaz – Hospice du Grand-Saint-Bernard, VS

« C’en est trop ! Je n’en peux plus ! » C’est le cri du prophète Elie au nom de tous ceux qui titubent de douleur. Parce que ça fait tellement mal quand soudain les appuis sur lesquels je construisais ma confiance se dérobent sous mes pieds. Ça fait tellement mal quand ma propre boussole s’affole et que je ne sais plus ni où j’en suis, ni où je vais. On peut entendre que le prophète Elie soit tenté de démissionner de lui-même et qu’il soit tenté par la mort : « Maintenant Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie. »

Le cri de désespoir est à entendre, sans jugement aucun. Regardez l’attitude de l’ange du Seigneur : il ne fait pas la morale à Elie alors qu’il aurait facilement pu lui rappeler pourquoi le prophète est en train de fuir l’hostilité de la reine Jézabel. En effet, Elie s’était laissé emporter par une violence dévastatrice : après avoir été lui-même reconnu comme le prophète du Seigneur, il avait ordonné le massacre de tous les faux-prophètes. Pas étonnant qu’Elie endure ce que le psalmiste a si bien décrit : « Son mauvais coup lui revient sur la tête, sa violence retombe sur son crâne. » (Ps 7,17) En fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, Elie chercherait-il à échapper à sa propre violence ?

Sans ouverture à l’autre, pas de libération de soi

Comment sortir de cette spirale infernale où la violence effectivement endurée justifie l’agression commise en retour ? Bien évidemment, on peut penser à la Terre Sainte dévastée par des haines fratricides ou à tant d’autres conflits armés de par le monde où les frontières se crispent sur elles-mêmes, oubliant leur vocation d’ouverture, d’échanges et d’accueil. Et pourtant sans ouverture à l’autre, je crois qu’il n’y a pas de libération de soi. Seule une présence bienveillante à ses côtés permet de reprendre peu à peu conscience de qui je suis, dans le respect des frontières, celles qui me séparent de l’autre, mais aussi celles qui me relient à l’autre.

Elie reconnaît le passage du Seigneur dans sa vie

En fuyant au désert, le prophète Elie s’ouvre à un infini, telle une présence qui lui donne de reprendre souffle au fur et à mesure qu’il s’autorise à prendre du recul par rapport aux événements violents qui l’ont sur-sollicité. Au rythme du pas, il se laisse apprivoiser par cette immensité silencieuse qui lui murmure déjà, tout au long de sa première journée de marche, l’insignifiance de sa toute-puissance ravageuse. Quarante jours plus tard, Elie en recevra la confirmation sur le mont Horeb : à l’abri du rocher, il reconnaîtra le passage du Seigneur dans sa vie, non pas au cœur de l’orage qui gronde et saccage, mais au creux d’un souffle ténu qui l’appelle à poser des gestes concrets de bienveillance au service de la vie.

L’infini du désert rappelle à l’homme sa finitude. Après une journée de marche, Elie devient vulnérable et certainement ressent-il le besoin d’une présence à ses côtés. Pour seul abri, il trouvera l’ombre d’un buisson auprès duquel il pourra peu à peu se reconnaître,… tout aussi rabougri que lui : « Je ne vaux pas mieux que mes pères ! », s’exclame-t-il en présence du Seigneur et à l’ombre du buisson. Comment ne pas se rappeler l’expérience de Moïse au buisson ardent ? La fragilité du buisson peut devenir l’écrin d’une vie transfigurée.

La prévenance de Dieu

En reconnaissant sa vulnérabilité à l’ombre du buisson, Elie s’ouvre à la rencontre. Et c’est alors seulement que le Seigneur peut prendre une initiative : « Lève-toi et mange ! » La parole de vie est prononcée par l’ange, une présence prévenante et pleine d’humanité. Alors qu’Elie s’était assoupi de tristesse, un peu comme les disciples à Gethsémani (Lc 22,45), l’ange est là, empli de bienveillance à son chevet. Sans faire de bruit, il a ramassé le petit bois pour allumer le feu. Et sur la pierre chaude, il a pris soin de déposer la galette après l’avoir tendrement façonnée. La prévenance de Dieu est pleine d’humanité, cela peut nous inspirer, mais elle se vit souvent à notre insu.

« Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore »

Sans se décourager, l’ange renouvellera son geste de bonté. Elie en sera fortifié jusqu’à pouvoir s’engager courageusement dans l’épreuve : 40 jours et 40 nuits d’une marche orientée vers la montagne du Seigneur reconnue dans le Mont Horeb dont le nom évoque pourtant la désolation.

L’ascension du Mont Horeb, c’est la désolation surmontée ou pour reprendre les mots de Georges Bernanos, c’est le désespoir surmonté. Ainsi s’exprimait-il dans une conférence à l’issue de la seconde guerre mondiale : « Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au bout du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. Le démon de notre cœur s’appelle : ‘A quoi bon !’. L’enfer c’est de ne plus aimer. […] On ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, par ce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille chercher. »

« Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. » Sur ce chemin d’espérance, l’enfant en chacun de nous peut apprendre à s’émerveiller devant les étoiles. Il y puisera ainsi de la force, peut-être pas pour accomplir mille pas, mais juste pour oser le pas suivant : celui qui est possible aujourd’hui. Oui, au nom de tous les enfants de Dieu, nous pouvons dire : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. »

19e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : 1 Rois 19, 4-8 ; Psaume 33 ; Ephésiens 4, 30 – 5,2 ; Jean 6, 41-51

Homélie du 4 août 2024 (Jn 6, 24-35)

Chanoine Simon Roduit – Hospice du Grand-Saint-Bernard, VS

« Je suis le pain de la vie, celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif »

Aujourd’hui dans l’Évangile, Jésus nous parle de pain, Il nous parle de Lui. Il est le pain de vie qui se donne en nourriture. Avant de comprendre qui est Jésus, cherchons déjà à comprendre ce qu’est le pain terrestre, pour mieux appréhender et recevoir le pain céleste.

En cette période estivale de camps et de colonies, observons comment est reçu le pain terrestre. Avant un repas en camp de jeunes, les jeunes affamés par les activités en groupes se retrouvent parfois à crier en chœur « on a faim, on a faim ! », et il arrive souvent qu’un jeune se glisse en cuisine pour demander à la cuisinière « qu’est-ce qu’on mange ? », puis face à une bande d’enfants pleins d’énergie, il arrive souvent qu’un animateur doive faire la discipline pendant le repas, en disant « on baisse le volume, les jeunes ! ». Ces trois phrases peuvent nous parler aussi du pain de la vie qu’est le Christ.

1)   Le désir du pain de la vie

Les enfants crient « on a faim » car ils désirent ardemment manger.

Avant l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus a multiplié les pains et la foule en a mangé, puis Jésus s’est esquivé discrètement pour aller prier dans la montagne, afin qu’on ne le saisisse pas pour le proclamer roi. Puis il est apparu à ses disciples sur la mer, mais à nouveau on ne pouvait se saisir de lui. Tout le monde le cherche, comme les enfants qui crient en chœur à la colonie, tous disent « on a faim… » mais faim de quoi ? De se nourrir de la Parole de Jésus ou des simples pains terrestres qu’il leur a donné ?

Jésus va purifier leur faim : leur faim est toute terrestre. Parfois nous aussi nous avons faim de miracles, d’événements extraordinaires, on aimerait que la Vierge nous apparaisse dans une grotte… Jésus nous dit : « Ne vous attachez pas à ce que je vous donne, mais à moi. » Humainement, nous le savons : si tu aimes quelqu’un uniquement pour l’argent qu’il te donne, une simple faillite de son côté te désintéressera vite de lui. Avec Dieu, c’est pareil : si Dieu donne parfois des consolations sensibles, des signes très clairs de sa présence et de son amour, ne nous attachons pas à ce qu’il nous donne, mais à ce qui demeure : celui qui donne.

Pour expliquer cela, Jésus commente le don de la manne au peuple dans le désert : « Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel, mais mon Père qui est au ciel. » Moïse n’est qu’un instrument momentané pour que Dieu réalise son œuvre. De même qu’à la fin d’un concert de cuivre, on n’applaudit pas le trombone ou les baguettes du tambour, mais bien le musicien, nous sommes invités à rendre grâce à Dieu le Père qui donne le vrai pain qui fait vivre, et qui nous donne de poser de bonnes actions.

Jésus élève nos regards trop terrestres vers le ciel, vers le pain du ciel. Dans l’Évangile, on comprend cette correction de Jésus, car on lui fait cette demande : « Donne-nous toujours de ce pain-là », celui qui descend du ciel et donne la vie.

Ce désir, nous l’exprimons avant chaque communion à la messe ou à domicile, durant la prière du Notre Père, lorsque nous disons : « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » ; ce pain-là que nous demandons, c’est Jésus qui se donne tout entier. Ce désir est en chacun de nous, plus ou moins caché. Le saint curé d’Ars nous parle ainsi de ce désir que Dieu a mis en nos cœurs : « Le Bon Dieu voulant se donner à nous, dans le sacrement de son amour, nous a donné un désir vaste et grand que lui seul peut satisfaire. »

A chaque communion, donne-nous Seigneur d’avoir faim de ce vrai pain et de crier avec toute l’assemblée en procession : « on a faim ! »

2)   Mann hou ?

Après avoir crié « on a faim », un jeune de la colonie parvient toujours à se faufiler entre les casseroles pour demander à la cuisinière : « qu’est-ce qu’on mange ? »

Dans le livre de l’Exode que nous avons entendu en première lecture, le peuple dans le désert en a marre de tout, ils récriminent contre Dieu et désirent même aller mourir en Égypte. Ils se souviennent des promesses que Pharaon leur avait faites : en Égypte ils étaient esclaves mais ils avaient à manger. Ils étaient assis à côté des marmites de viandes, mais sans y goûter ; ces promesses d’Égypte ne sont qu’illusion. Parfois, nous sommes tentés par les promesses que ce monde fait miroiter devant nos yeux. Même Jésus sera tenté au désert : « si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela… », lui disait le diable. En revanche, la nourriture que Dieu donne au peuple libre dans le désert est toute différente : c’est un vol de cailles qui vient le soir, et une rosée qui descend du ciel le matin. Cette rosée est particulière et nous dit quelque chose de la manière dont Dieu s’exprime.

La rosée cache une croûte fine comme le givre. Face à cela, on dit : « Mann hou ? Qu’est-ce que c’est ? »  et alors Moïse répond : « C’est le pain que le Seigneur vous donne ». Le peuple est invité à faire confiance en la parole de Moïse, à avoir foi en lui.

De même, la personne humaine de Jésus, en apparence fils de Joseph de Nazareth, cache le Fils de Dieu. Face à lui, on dit : « Qui est-il pour opérer de tels miracles, avoir une telle autorité et une telle sagesse dans ses enseignements ? » et alors l’Esprit-Saint répond : « C’est votre Sauveur que Dieu vous donne. »

De même encore, dans l’Eucharistie, nos yeux terrestres voient un pain normal qui cache quelque chose ou quelqu’un d’invisible à nos yeux de chair. Face à ce mystère, on devrait dire en s’avançant à la communion ou en recevant la communion à domicile, les yeux interrogateurs et écarquillés d’émerveillement : « Qu’est-ce qu’on mange ? Mann hou ? Qui est-ce ? » et alors le prêtre ou l’auxiliaire de l’Eucharistie nous répondra : « C’est le corps du Christ, le Fils de Dieu que le Père vous donne en nourriture. »

3)   Le pain qui nous renouvelle

Dans notre colonie bien vivante, le pain terrestre donne tellement d’énergie que l’animateur est contraint de demander de baisser le volume.

Le pain du ciel que nous recevons en communion est un pain vivant. On ne dit pas « Le cadavre du Christ », mais bien « le Corps du Christ » : c’est un corps vivant, qui se donne et donne la vie. Lorsque nous communions à cette vie divine, ce pain nous restaure et nous renouvelle.

Dans la deuxième lecture, saint Paul a conscience qu’il s’agit d’un pain qui produit une action de vie en nous. C’est pourquoi il demande aux chrétiens de cesser de vivre comme si Dieu n’existait pas, comme les païens qui suivent les convoitises de la chair : quand ils aiment quelque chose ils le prennent, quand ils ne l’aiment plus, ils le jettent. L’apôtre nous invite à nous « laisser renouveler par la transformation spirituelle de notre pensée. » Lorsque nous recevons ce pain de vie, nous recevons Dieu lui-même qui vient nous restaurer de l’intérieur, lui qui nous a créés. Ainsi nous serons des hommes nouveaux avec ce cadeau immense en nous. Le saint curé d’Ars disait : « Quand nous avons communié, si quelqu’un nous disait « Qu’emportez-vous dans votre maison ? », nous pourrions répondre : « j’emporte le ciel. ».

En s’avançant pour recevoir le pain de vie à cette Eucharistie, demandons à Dieu de purifier notre faim, interrogeons le prêtre qui a consacré le pain afin d’y discerner le corps du Christ, et laissons-nous renouveler comme des enfants de Dieu par la puissance et la vie de ce pain.

18e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Exode 16, 2-4, 12-15; Psaume 77; Ephésiens 4, 17-24; Jean 6, 24-35

Homélie TV du 1er août 2024 (Mt 5, 20-24)

Mgr Alain de Raemy – Eglise d’Airolo (TI)

Chers amis,
Je ne sais pas si vous en avez déjà fait l’expérience. Quand on monte sur la montagne, la montagne nous trompe parfois. On a l’impression qu’on est sur le point d’atteindre un sommet, mais dès qu’on y est, un autre se présente… Il en va de même dans la vie. On réussit une épreuve et aussitôt une autre se présente.

Aujourd’hui, dans l’Évangile, c’est précisément le Seigneur Dieu qui nous soumet à une telle épreuve. Quand tu es prêt avec ton offrande, c’est à ce moment-là que vous êtes prêts à profiter d’une bonne fête, quand vous avez presque atteint le sommet, le Seigneur vous pose une nouvelle question: mais es-tu sûr qu’il n’y a pas quelqu’un qui a un problème avec toi ?

Offrir la paix


Le rite ambrosien, dans lequel nous célébrons cette Sainte Messe nous invite, avant de commencer à préparer l’autel, à offrir la paix aux personnes qui se trouvent à nos côtés. Ce n’est pas un hasard. C’est précisément pour nous rappeler ce que le Seigneur nous dit dans l’Évangile :
« Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande devant l’autel, laisse ton offrande devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis reviens et présente ton offrande ».

Il n’est pas dit si tu as un problème avec l’autre, mais si l’autre a un problème avec toi….

Vous êtes sur le point d’atteindre le sommet, et voilà que Dieu vous défie avec un autre sommet ! La question que le Seigneur nous pose n’est pas : « Qui ne t’aime pas ? qui ne t’aime pas, mais qui ne t’aime pas et pourquoi ?

Sainte agitation !

Ce qui se passe dans un coin fait partie du tout

Frères et sœurs, même en tant que Suisses, la question que le Seigneur nous pose est la suivante, en tant que nation parmi les nations. Mais pas seulement : à qui vous avez des reproches à faire, mais qui pourraient avoir des problèmes à cause de vous, par manque d’intérêt de votre part !
Politiquement ou économiquement : qui pourrait manquer de quelque chose, parce que vous, la Suisse, ne faites pas votre part ? Il ne s’agit pas de vivre en tant qu’individu, en tant que famille ou en tant que nation, dans une mauvaise conscience obsessionnelle…
Mais oui de ne pas se contenter de la comparaison qui désavantage les autres :
« mais regardez, s’ils ont plus de problèmes que nous, c’est parce qu’ils sont moins démocratiques, moins organisés, moins généreux… ».

Vu d’en haut, vu de Dieu, il ne suffit pas que je fasse les choses bien ou assez bien dans mon coin. Vu d’en haut, comme d’un drone,
et d’autant plus de la hauteur de Dieu, ce qui se passe dans un coin fait partie du tout, et peut ou non devenir une contribution au bien commun.

Sainte agitation !

Tout est destiné à être partagé

Chers amis, écoutons ensemble les paroles de saint Paul à Timothée : « À ceux qui sont riches dans ce monde. Dieu leur ordonne de ne pas s’enorgueillir, de ne pas mettre leur espérance dans l’instabilité des richesses, mais en Dieu qui nous donne tout en abondance pour qué nous en jouissions. »
Je suis convaincu que Dieu nous donne tout en abondance. Mais ce tout, de la création de l’univers à la beauté de notre humanité, est destiné à être partagé.

Même si ce sont mes propres efforts qui me font avancer, cet avantage me rendra heureux s’il m’ouvre et ne me ferme pas.

Saint Paul nous dit aussi : « Qu’ils fassent de bonnes œuvres, qu’ils s’enrichissent de bonnes œuvres, qu’ils soient prêts à donner et à partager : ils se constitueront ainsi un bon capital pour l’avenir, pour acquérir la vraie vie. »
La vraie vie…

Chers amis, quand Dieu semble trop exigeant, quand l’accès à la vraie vie, généreuse et désintéressée, semble être réservé à un petit nombre, souvenons-nous de l’ascension de la montagne. Lorsque nous sommes sur le point d’atteindre un sommet mais qu’un autre se présente, si nous persévérons, ce véritable sommet arrivera, d’où s’offrira à nous un panorama à couper le souffle !
Cela en vaut la peine !

Dieu sait où se trouve notre bonheur

Dieu a toujours ce panorama devant lui. Il sait où se trouve notre bonheur. Saint Paul insiste à juste titre : « Ne mettez pas votre espérance dans l’instabilité des richesses, mais en Dieu qui nous donne tout en abondance pour qué nous en jouissions. »

Frères et sœurs, « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande devant l’autel, laisse ton offrande devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis reviens et présente ton offrande. »
Il n’y a pas de plus grand défi pour une vie authentique !

Prenons un moment de silence, dans ce cadre magnifique, pour nous demander, à chacun d’entre nous, en tant que personne privée et en tant que membre de cette Confédération : « Qui pourrait être plus présent dans ma vie ?

Sainte agitation !
Amen !

Lectures bibliques : Timothée 6, 6-19; Matthieu 5, 20-24