Homélie du 30 mars 2025 (Lc 15, 1-3. 11-32)

Chanoine Jean-Jacques Martin – Cathédrale Saint-Nicolas, Fribourg

Unissons nos pouvoirs : quelle solidarité ?

Le texte que nous venons d’entendre dans l’évangile et que l’on appelle inopportunément la parabole de l’enfant prodigue est bien connu, tellement connu que ce texte risque de ne plus tellement nous interpeller. Et pourtant c’est peut-être l’une des plus riches paraboles qui nous est donnée pour mieux connaître Dieu notre Père.
En effet, le personnage central de cette parabole c’est le Père, un Père plein d’amour et de tendresse. Alors pourquoi pas nommer cette parabole : le Père qui aime du même amour ses deux fils ?

Mais, au fait, il me semble bien que nous sommes parfois des fils prodigues et des fils ainés, tout à la fois. Finalement, ce n’est pas important puisque, dans les deux cas, nous sommes l’objet du même amour miséricordieux qui remet debout et qui fait grandir.

Nous avons de la peine à nous reconnaître dans le fils cadet

Il est vrai que nous avons de la peine à parfois nous reconnaître dans le fils cadet qui va gaspiller l’argent de son papa pour s’éclater dans une grande ville voisine. Mais interrogeons-nous, si vous le voulez bien : nous sommes parfois comme le fils cadet :

  • Quand nous gaspillons le cadeau de la foi qui nous est donné
  • Quand nous laissons de côté notre maison familiale ou notre Eglise parce que peu moderne et peu sensible aux goûts du jour
  • Quand nous avons de la peine à pratiquer parce que le dimanche, c’est quand même mieux de faire du sport et avec la neige de cette année, il ne faut pas louper cela !
    Sachons cependant que notre indifférence ne rebute pas le Seigneur, qui, un jour ou l’autre, viendra se mettre sur notre route – non pas pour nous faire des reproches – mais pour nous dire au creux de l’oreille : je t’aime !

Le fils ainé semble plus raisonnable

Il est plus facile de se reconnaître dans le fils ainé qui semble plus raisonnable que son frère qui fait prospérer les affaires de son père.
Nous sommes des piliers de la paroisse, des bénévoles qui ne comptent pas leur temps pour être à disposition des uns et des autres, des fervents de groupes de prières. Cependant, ne sommes-nous pas

  • Des déçus parce que l’on ne reconnaît pas suffisamment notre dévouement ?
  • Des irrités des critiques du prêtre qui ne nous comprend pas toujours et qui en demande plus
  • Des mécontents d’un Dieu qui ne répond pas toujours à nos prières
    Et là encore, Dieu notre Père a un regard de bienveillance et nous dit : pourquoi te plaindre ? tout ce qui est à moi est à toi !

Se laisser accueillir et aimer par le Père

J’ai participé la semaine dernière à un groupe biblique qui a bien relevé le fait que le fils cadet est rentré en lui-même pour réfléchir à la situation dans laquelle il se trouvait avant d’aller vers son père sans superbe, sans exigences, sans condition et ce père l’a accueilli les bras ouverts ! Il est fou ce père, fou de joie ! C’est vrai, il faut bien le reconnaître, ce fils cadet avait faim de pain oui, bien sûr, mais surtout faim d’amour. C’est la raison pour laquelle il a décidé de retourner chez son père.
Nous aussi nous sommes appelés à faire cette même démarche : il s’agit de revenir vers celui qui accourt vers nous et nous prend dans ces bras, donc accepter de se laisser accueillir et aimer par le Père quoique nous ayons fait : nous sommes pécheurs et nous avons besoin de revenir vers ce Dieu qui n’a jamais cessé de nous faire confiance.
Voilà un merveilleux cheminement de carême, de conversion.

Aujourd’hui c’est le dimanche « laetare », c’est-à-dire le dimanche de la joie ! Et comme le père de la parabole l’a si bien dit à son fils ainé : « il fallait festoyer et de réjouir, car ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ».

Devenir des frères et soeurs pour celles et ceux qui ont besoin d’être reconnu pour exister

Voilà bien le visage du Dieu de Jésus-Christ : Dieu est un Père tout puissant en amour et en tendresse. Pour lui, tout pécheur quel qu’il soit, sera toujours un fils. Cela est important pour notre vie chrétienne. Dieu est d’abord un Père que nous côtoyons, quelqu’un qui nous aime toujours quoi qu’il arrive. Il ne tient pas de comptabilité pour nos bonnes ou nos moins bonnes actions. Il nous attend, il nous tend les bras pour nous ouvrir à sa bonté : il faut festoyer et de réjouir !

Nous sommes – en ce dimanche de la joie – au milieu de notre temps de carême et nous pouvons déjà faire un petit bilan puisque c’est un chemin vers plus de fraternité ! Ne pensez-vous pas que nous avons encore besoin d’être réveillés, d’être bousculés !
Alors oui, unissons nos pouvoirs pour plus de solidarité !
Le carême est un temps de conversion, c’est-à-dire un temps de recherches pour découvrir le chemin qui nous conduit vers le partage, la solidarité, la fraternité.
Unissons nos efforts à l’égard de toutes celles et tous ceux qui se croient des fils prodigues, qui attendent notre solidarité. Et alors ce geste n’aura de sens que si, au fond de nous-mêmes nous sommes en révolte devant l’injustice criante et si, au fond de nous-mêmes nous pouvons croire que nous pouvons devenir des frères et sœurs pour celles et ceux qui ont besoin d’être reconnu pour exister !

Vous l’aurez remarqué la parabole ne va pas jusqu’au bout ! Elle s’arrête au seuil de la fête : à nous d’inventer la suite…

Alors, chers amis, à la mi-temps de ce carême, chacun, chacune et en Eglise nous voici devant la même fête et la même invitation à y entrer : goutez et voyez comme est bon le Seigneur ! Quelle sera notre réponse ?
AMEN !

4e dimanche de Carême, de Laetare
Lectures bibliques : Josué 5, 9-12; Psaume 33; 2 Corinthiens 5, 17-21; Luc 15, 1-3. 11-32

Homélie du 23 mars 2025 (Lc 13, 1-9)

Chanoine Jean-Jacques Martin – Cathédrale Saint-Nicolas, Fribourg

Que veux-tu que je fasse pour toi ?

Je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que lorsque je regarde mon journal pendant mon petit-déjeuner, que j’ouvre la TV pour voir les dernières nouvelles ou quand je consulte mon ordinateur, je suis obligé de reconnaître que je suis confronté à de très nombreuses et violentes mauvaises nouvelles.

Et je suis souvent confronté également à des personnes qui me disent : « Et ton bon Dieu, il permet tout cela ? » Guerres, catastrophes naturelles, violences, destructions, déplacements de milliers de personnes., la haine des hommes. Alors oui nous sommes en droit de nous poser la question : et Dieu dans tout cela ? Pourquoi eux ? Qui porte la responsabilité ?

Pourquoi ? respecter ce cri de détresse

Face à tant de malheur, nous sommes souvent bouleversés. Et nous avons envie de crier à Dieu : pourquoi ? qu’ai-je fait de mal ?
Il faut respecter ce cri, ce cri de détresse. Je crois pourvoir dire que c’est une étape normale de la prière pour celles et ceux qui sont éprouvés. Il suffit de lire les psaumes dans la bible pour s’en rendre compte.

Dieu n’est pas responsable des malheurs qui nous arrivent

Il faut respecter ce cri, mais il faut surtout accueillir ce que Jésus nous dit dans l’évangile que nous venons d’entendre : les victimes de ces malheurs ne sont pas plus pécheurs que les autres.
Ils n’ont absolument pas mérité ce qui leur arrive. Et nous n’avons pas le droit de dire que Dieu les punis. Dieu n’est pas punition ! Dieu est notre Père et il aime chacune et chacun d’entre nous, il veut notre bonheur !
N’oublions jamais que Dieu ne nous contraint pas, il nous laisse toujours libre de l’aimer et aussi bien entendu d’aimer notre prochain.
Dieu ne nous quitte pas, c’est l’homme qui, dans sa liberté justement, décide ou non de vivre en compagnie de Dieu. En disant cela je comprends un peu mieux, du moins je l’espère, que Dieu n’est pas responsable des malheurs que nous sommes appelés à vivre.

Vous l’aurez remarqué dans l’évangile, le vigneron demande une année supplémentaire pour son figuier.
Alors, chers amis, je nous demande si ce ne serait pas bien de prendre, de demander nous aussi un temps supplémentaire pour laisser Dieu agir en nous, car Dieu me fait toujours confiance et il ose même me dire : « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »

Quels gestes ou quelles paroles pour exprimer ma foi ?

Alors, ce moment de carême qui nous est offert est un moment de conversion pour nous ressaisir. En année jubilaire, prenons donc le temps de nous poser la question de savoir si ma manière de m’approcher de Dieu pour aller vers Jésus dans l’Esprit est satisfaisante ou non, car Il me fait toujours confiance., je le répète : c’est tellement important.
Quels gestes ou quelles paroles pour exprimer ma foi ? Qu’est-ce que je peux faire pour vivre ma foi et faire vivre mon Eglise ?

Oh je le sais bien. Vous êtes nombreux à donner de votre temps pour que fonctionne le mieux possible votre paroisse, votre unité pastorale, vous qui êtes ici dans cette cathédrale mais vous aussi les malades qui partagez notre prière grâce à RTS-Espace 2 vous qui justement par votre prière faites le mieux possible !

Et notre Dieu fait preuve d’une très belle patience. Attention, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas pressé ! Il veut ce qu’il y a de meilleur pour nous. Aussi il nous tend toujours la main car nos maladresses, nos hésitations, nos péchés ne le découragent jamais car il veut que nous soyons sauvés.
C’est la raison pour laquelle il met sur notre route des personnes qui nous font signe, qui nous montre le chemin de la conversion, qui nous indique la route à suivre pour aller vers ce Dieu qui nous fait confiance. Il est toujours prêt à venir nous chercher même si on est égaré, même si on n’y croit plus tellement. Il veut le meilleur pour nous : « que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Revenons à la parabole du figuier qui ne donnait pas de fruits : il y a comme un avertissement de la part de Dieu car il attend aussi de nous que nous portions du fruit. Mais, reconnaissons-le, à cause de nos faiblesses il lui arrive d’être déçu.
Il lui arrive aussi de s’impatienter, mais il est tout de même prêt à temporiser, à tout faire pour nous permettre de porter de bons fruits.

Accueillons cet appel urgent à revenir vers le Seigneur. Le carême nous offre ce temps favorable. C’est une nouvelle chance à ne pas manquer !
Mais attention, sa miséricorde ne doit pas être un prétexte pour reporter justement ce moment de changer de vie. La conversion est urgente !

Alors bonne continuation du carême. AMEN !

3e dimanche de Carême
Lectures bibliques : Exode 3,1-15; Psaume 102; 1 Corinthiens 10, 1-12; Luc 13, 1-9

Homélie du 16 mars 2025 (Lc 9, 28-36)

Chanoine Jean-Jacques Martin – Cathédrale Saint-Nicolas, Fribourg

L’espérance, une chance

Dans la grisaille du quotidien, avec nos fatigues, nos désillusions, nos doutes et nos peurs, comme il est bon qu’il y ait parfois un rayon de soleil qui redonne courage et espérance. La vie que mènent les apôtres au côté de Jésus n’est pas non plus de tout repos… Alors, Jésus va les étonner, ce matin-là.

Un avant goût du ciel

Prenant avec lui ceux qui seront un jour les témoins de son visage défiguré de Gethsémani, il va leur révéler son corps d’homme transfiguré !
Pour Pierre, Jacques et Jean, ce jour là, c’est comme un petit coin de paradis qui se découvre … un avant goût du Ciel.
Et les apôtres sont sidérés, stupéfaits, éblouis, émerveillés ! Tout le ciel est là présent. Le Christ, bien sûr, dont le corps enfin irradie cette divinité qui l’habite. Et cette voix du Père, infiniment douce, qui déclare son amour pour son Fils. Et cette nuée qui nous révèle la présence chaleureuse de l’Esprit Saint.

Quelle chance nous avons ! Je vous l’ai dit au début de notre eucharistie !
Quelle chance pour nous, les chrétiens ! Notre foi est tout entière tournée vers l’Espérance. Ce qui nous anime est Espérance. Dans ce monde qui désespère, avouez que c’est vraiment une chance ! Et les textes de la liturgie d’aujourd’hui viennent nous conforter dans cette espérance.
Nous venons en effet d’entendre plein de raisons d’espérer. Les lectures de ce jour nous parlent des promesses de Dieu.
Et nous savons que Dieu tient toujours ses promesses. Depuis cette étrange alliance conclue avec Abram, jusqu’à la Transfiguration qui nous donne un aperçu de ce que sera notre vie dans la gloire.

Étrange alliance que nous avons entendue dans la première lecture. Oui, quel rite étrange, en effet, que celui qui se déroule dans le songe d’Abram ! Des animaux coupés en deux ! Un brasier fumant, une torche enflammée qui passe entre les morceaux d’animaux… ! Imaginez la scène ! imaginez les odeurs !
Et pourtant, cet épisode a quelque chose à nous dire, à nous aujourd’hui !

Dieu parle notre langage

On voit ici, une fois de plus, que Dieu passe par nos rites, nos habitudes, nos façons de faire pour se manifester à nous. Pour nous rejoindre, il parle notre langage, il utilise nos signes, nos symboles, les choses qui nous parlent. C’est vraiment un Dieu proche.
Et il accompagne cette alliance d’une promesse incroyable : le vieillard errant et sans enfant recevra une descendance innombrable et une terre. « Même pas en rêve ! » Comment cet homme qui regardait le soir de sa vie aurait-il pu imaginer avoir une telle descendance ?
Et saint Paul de nous dire « Tenez-bons dans le Seigneur, mes bien-aimés ! » Oui, vraiment l’Espérance est la plus forte !
Oui vraiment, cette espérance est une chance pour nous !

C’est sans doute aussi pour qu’ils puissent tenir bon et ne pas désespérer que les disciples Pierre, Jean et Jacques ont eu la chance de voir, sur la montagne, Jésus dans sa gloire. En effet, très peu de temps après, Jésus allait être arrêté, jugé et crucifié. Oui, ils ont vu la gloire de Dieu : Jésus resplendissant, transfiguré, en compagnie de Moïse et d’Elie. Moïse, celui par qui la Loi de Dieu a été donnée, et Elie, le plus grand de tous les prophètes aux yeux des juifs de l’époque. Un signe d’espérance leur a été donné sur cette montagne. « Maître, il est bon que nous soyons ici ! » il est bon, en effet, de vivre cet instant de la Gloire de Dieu !

Au milieu des épreuves : espérance renouvelée

On voudrait évidemment prolonger ce moment : «« dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie » mais il faut revenir à la réalité du quotidien, et redescendre de la montagne. Avec toutefois cette espérance, au milieu des épreuves, espérance renouvelée par la gloire entrevue lors de ce moment de grâce.

Et nous, aujourd’hui, nous sommes les héritiers de cette vision. Héritiers de cette espérance, non-pas comme des propriétaires, mais comme des responsables de sa transmission. Impossible de garder pour nous cette chance !

Mais, mais n’oublions pas qu’après, la vie reprend toujours ses droits.
De ces instants d’évidence de Dieu, il nous faut repasser à la réalité du quotidien, mais comme pour les apôtres, quelque-chose en nous peut changer et nous rendre assez forts pour quitter nos campements sécurisants et reprendre la route.

Illuminer le visage de celles et ceux que nous rencontrons

Le carême ne serait-il pas un tel moment privilégié qui nous invite à sortir de nos retranchements, de nos sécurités pour nous soucier de l’autre, et peut-être avant tout, se soucier de l’autre quand celui-ci est le plus « autre » possible, quand son altérité nous dérange ou nous paraît peu présentable.

Alors chers amis ici présents et vous qui nous écoutez sur RTS-Espace 2 le carême est le moment le plus favorable pour illuminer les visages de celles et ceux que nous rencontrerons, dès la sortie de cette eucharistie ou alors, depuis un lit d’hôpital en pensant à quelqu’un qui viendra vous visiter ou au personnel soignant qui va venir pour les soins.

Ainsi non seulement notre vie sera transfigurée mais nous transfigurerons aussi la vie de ces « autres » que Jésus n’hésite pas à appeler « ses frères et ses sœurs ».

AMEN !

2e dimanche de Carême
Lectures bibliques : Genèse 15,5-18; Psaume 26; Philippiens 3, 17 – 4,1 ; Luc 9, 28-36

Homélie du 9 mars 2025 (Lc 4, 1-13)

Chanoine Jean-Jacques Martin – Cathédrale Saint-Nicolas, Fribourg

L’homme ne vit pas seulement de pain

Ne laissez pas passer votre chance ! Chaque jour nous apporte son lot de sollicitations publicitaires, d’offres alléchantes, de produits démarqués et d’occasions uniques. Leur but est de nous convaincre que nous avons des besoins que nous étions les seuls à ignorer et qu’ils se proposent à satisfaire, contre monnaie sonnante ou électronique.
Par contre, à propos du carême, c’est le silence radio. C’est presque une quarantaine qui nous est proposé traînant avec elle une réputation faite de cendres, de restrictions de sacrifices et de triste tête d’épouvantail, voire de face de carême !

C’est bien mal connaître ce chemin libérateur qui serpente à travers le désert pour déboucher sur Pâques.

Discerner ce qui est essentiel de l’accessoire


Alors, pourquoi l’Eglise nous invite-t-elle chaque année à vivre le temps du Carême ?
Ne serait-ce pas pour nous permettre de sortir de nos esclavages, de tous les pièges qui se referment sur nous dans nos façons de vivre, de penser, englués dans la routine de nos existences. Nous avons besoin chaque année d’un temps de retraite, d’un passage au désert pour discerner dans nos vies ce qui est essentiel de ce qui est accessoire.

La scène que l’évangéliste Luc nous présente aujourd’hui est à la foi étrange et réconfortante : après son baptême, poussé par l’Esprit, Jésus est parti de l’autre côté du Jourdain, pour un temps de retraite, de cœur à cœur prolongé avec son Père avant de commencer sa mission.
Ce qui est étrange, c’est que c’est justement dans ce contexte qu’il est sujet aux attaques du démon.
Ce qui est réconfortant, c’est qu’il en est sorti victorieux. Et chaque année, nous sommes invités à le suivre pendant 40 jours au désert… ou plutôt, c’est Jésus lui-même qui vient renouveler son combat contre le mal en chacun de nous, dans son Corps qu’est l’Eglise.

Une nourriture plus nourrissante que le pain matériel

Et il y a la première tentation : c’est celle d’un homme qui a faim. Quand on a jeûné 40 jours, le corps est épuisé. Alors le démon en profite pour faire valoir ses arguments : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent du pain ! » Dans ce que dit Satan, il y a une part de vrai ; Jésus avait le pouvoir d’accomplir ce miracle, mais il aurait été détourné de son sens profond. Alors il se contente de citer l’Ecriture : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre. »
Voilà un message important pour nos sociétés de consommation qui en ont fait le but de leur existence ; il y a une nourriture plus nourrissante que le pain matériel : c’est l’accomplissement de la volonté de Dieu.

Non, l’homme ne vit pas seulement de pain, mais après quarante jours de jeûne et de désert il a besoin de la Parole de Dieu, de cette parole pleine de tendresse et d’amour que Jésus nous murmure tous les jours à notre oreille.

Ne l’oublions pas, Jésus – puisqu’il nous murmure tous les jours à notre oreille – Jésus annonce une autre nourriture permettant à l’homme de demeurer libre.
Puissions-nous trouver dans la parole de Dieu la source de notre propre liberté !

Réinventer une relation vraie avec Dieu

Le Carême peut être alors ce temps de confiance retrouvée, ce temps où le jeûne et la prière nous permettront de renouveler notre foi en recherchant l’unique nécessaire

Le jeûne, ce n’est pas seulement un rite pour être en règle avec ce que nous demande l’Eglise ; c’est une prise de distance par rapport au monde matériel qui nous environne et nous conditionne jusqu’à nous faire perdre notre liberté.
Nous vivons au siècle de la communication grâce à Internet et à tous les réseaux sociaux. Mais est-ce que nous communiquons vraiment ?

En ce début de carême avant de nous inviter à jeûner et faire pénitence, la liturgie nous invite à réinventer une relation vraie avec Dieu, à retrouver le sens profond de la prière qui n’est rien d’autre finalement qu’une conversation, avec Dieu à l’image de ce que l’on vit avec ses meilleurs amis.
Dieu n’est pas muet, il ne cesse aujourd’hui encore de nous parler – de nous murmurer – par les Ecritures mais aussi par les multiples signes de notre quotidien.

Le carême veut être un temps fort de retrouvaille avec Dieu, avec soi-même et avec les autres.
Je vous souhaite à toutes et à tous un bon et joyeux temps de carême !

1er Dimanche de Carême
Lectures bibliques : Deutéronome 26, 4-10; Psaume 90; Romains 10, 8-13; Luc 4, 1-13