Prédicateur : Chanoine Michel-Ambroise Rey
Date : 02 mars 2014
Lieu : Chapelle de glace, Leysin
Type : radio
Alléluia ! Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et tout vous sera donné par surcroît ! Alléluia !
Si nous appliquions ce verset alléluiatique qui ouvre l’évangile de ce dimanche des malades, nous pourrions baisser de 10%, voire encore plus les coûts de la santé en Suisse et probablement partout dans le monde ! Je suis tout à fait sûr de ce que j’affirme, car la force de la prière est incomparable ! Récemment encore un article paru dans le journal « La Croix » de Paris le 20 décembre 2013, confirmait cette assertion en rapportant le fait suivant :
C’était le vendredi après-midi 14 septembre 2012, à Créteil tout près de Paris, le Père Jean avait été appelé de toute urgence à l’hôpital pour donner l’onction des malades à un mourant, un homme de 56 ans. Marc, c’est son nom, était arrivé au bout de son parcours terrestre après onze ans d’une maladie très rare et très particulière : une leucémie myéloïde atypique. Les médecins avaient averti sa famille que les derniers instants étaient là et qu’il serait très judicieux de faire tous les préparatifs nécessaires pour les funérailles.
Le P. Jean arriva donc à l’hôpital, donna le sacrement des malades et à la fin de la cérémonie, il raconta ceci : c’est aujourd’hui l’anniversaire du bienheureux Jerzy Popieluszko et c’est aussi mon anniversaire. Pour canoniser ce saint martyr polonais il faut encore un miracle. Nous allons le prier si vous le voulez bien. Donc les accompagnants prièrent durant quelques instants ce jeune martyr. Puis le P. Jean s’en alla ainsi que l’épouse du mourant.
Elle, dont le nom est Claire, se rendit dans deux sociétés de pompes funèbres pour organiser l’enterrement de son époux.
Mais d’enterrement, il n’y en aura ni ce jour-là, ni les suivants.
En effet, quelques minutes après le départ du prêtre, Marc ouvrit les yeux et demanda ce qui lui était arrivé. Il essaya par trois fois de se lever durant la nuit, puis le lendemain l’équipe médicale qui le suivait depuis plus de 10 ans, constata qu’il était guéri.
Je l’ai moi-même constaté à de très nombreuses reprises au cours de mon ministère : la prière des malades, la prière pour les malades et le sacrement des malades ont une influence directe sur le mieux-être des patients et de leur entourage.
Et cela des milliers, voire des millions de personnes à travers les âges l’ont constaté et en ont témoigné dans des récits, dans des poèmes, dans des chants, dans des psaumes comme le psaume 102 aux versets 3 et 4, qui proclame ceci : Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits, car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie.
Quant au psaume 62, il insiste encore beaucoup plus sur les bienfaits de la prière et de la méditation pour chacun d’entre nous. Seulement voilà nous sommes des êtres à la nuque raide, nous avons tellement de difficultés à croire à la bonté, à l’amour, à la miséricorde de notre Dieu, à lui faire confiance, à l’écouter ; pourtant l’évangile de ce jour nous répète 7 fois : ne vous faites pas de souci….Seulement nous sommes des êtres à la nuque raide !!!
Voici ce magnifique psaume 62 :
Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube;
mon âme a soif de toi;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.
Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie;
tu seras la louange de mes lèvres !
Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié :
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.
Dans la nuit, je me souviens de toi
et je reste des heures à te parler.
Oui, tu es venu à mon secours;
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
Mon âme s’attache à toi;
ta main droite me soutient.
Tout est fait aujourd’hui pour que l’enfant, le jeune et le moins jeune, la personne âgée et même le malade se jettent dans une démesure d’activités ludiques, cathodiques ou électroniques, pour qu’ils s’attachent à ce qui est futile plutôt qu’à Dieu. Avec un placebo de paroles inutiles, nous mentons aux malades gravement atteints dans sa maladie et nous ne lui offrons pas comme remède de prier la Parole de Dieu.
Depuis la plus tendre enfance jusqu’à l’âge le plus avancé, il semble que tout concourt pour mettre l’être humain sur le chemin d’un matérialisme à outrance et nous oublions de nourrir notre âme.
C’est pourquoi j’aime cette petite chapelle de glace qui ne paie pas de mine et qui engloutit en elle toutes les illusions de ce monde qui crie, chante, pleure, se lamente et passe ! Elle disparaîtra dans quelques jours sous l’effet des rayons du soleil en nous redisant tout simplement : alléluia, cherchez d’abord le Royaume des Cieux et tout le reste vous sera donné par surcroît.
J’aime cette modeste chapelle de glace qui se moque des initiatives à répétition qui ruineront notre pays, nos traditions, notre économie parce qu’elles s’appuient sur la fermeture et la peur alors qu’elle, notre petite chapelle de glace, sait qu’elle s’effacera inexorablement avec l’été et qu’il est plus beau de mourir de sa belle mort en donnant la vie qu’en se recroquevillant sur soi !
Elle va se désintégrer très lentement en rendant à la nature toute l’eau qu’elle avait empruntée pour son édification et elle permettra ainsi aux oiseaux du ciel de se désaltérer et aux lis des champs de s’habiller mieux que toutes les princesses de ce monde !
J’aime penser aussi que c’est ici à Leysin qu’en 1939, il y a donc exactement 75 ans aujourd’hui, que Mme la doctoresse Marthe Nicati créa le dimanche des malades très humblement en proposant à tous les malades, aux infirmières, aux médecins, aux parents et amis de tout ce monde là, qui habitaient ce lieu, soit environ quatre mille personnes de célébrer un dimanche des malades qu’elle fixa au premier dimanche du mois de mars. Son but était de créer un lien amical entre les malades et leurs parents en les rendant solidaires les uns des autres par l’amitié et la prière. Confinée sur la commune de Leysin, elle ne pensait pas que cette initiative serait reprise sur le plan national en 1943 et voici qu’aujourd’hui ce dimanche des malades est devenu la journée mondiale des malades.
En ce dimanche des malades, il est donc bon, très bon de se convaincre, de croire, d’être persuadé que la Parole de Dieu est de loin la meilleure médecine qui nous guérit de toute maladie et de tout mal.
Jésus nous redit : Eh bien moi, je vous dis: ne vous souciez pas de votre lendemain ; prenez quotidiennement vos médecines prescrites par la faculté, mais avant tout faites confiance à votre Père céleste.
Prenez comme médecine la prière quotidienne du psaume 62 et vous verrez les bienfaits que vous en retirerez immédiatement : Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube. Mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau.
Je te contemple dans ce panorama extraordinaire que je vois depuis Leysin, dans ces cimes bleutées et rayonnantes le matin, qui laissent augurer un jour splendide.
Je te contemple dans la simplicité de cet handicapé de 54 ans, Bertrand, qui sert la messe tous les dimanches et qui découvre ta tendresse et ton amour pour lui. Je vois que ta gloire se manifeste dans sa faiblesse au moment où il est à mes côtés dans son aube pascale.
Je t’ai contemplé dans cette malade de 97 ans, Marguerite, qui chantait au cours des eucharisties à la clinique Miremont les cantiques qu’elle avait appris dans sa jeunesse et elle exultait de joie en comprenant que ton amour, Seigneur notre Dieu, valait mieux que la vie. Elle exultait de joie bien qu’elle avait énormément de peine à entendre et avait pratiquement perdue la vue et la mobilité de ses jambes.
Et comme je le disais dimanche passé : il est permis de rêver que depuis ici, à l’exemple de l’humble initiative de Mme la doctoresse Marthe Nicati pour le dimanche des malades, se développent et se multiplient des chapelles de glace ou des lieux de prière tout simples dans nos stations de sport d’hiver pour favoriser les liens d’amitié entre les touristes et les autochtones, entre les différentes nationalités pour que nous comprenions toujours mieux que nous sommes tous et toutes les enfants bien-aimés d’un Dieu qui se soucie de nous bien plus que de ce que nous allons manger , boire et de ce dont nous nous vêtirons.
Alléluia ! Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et tout vous sera donné par surcroît ! Amen ! Alléluia !»
8e dimanche du temps ordinaire, dimanche des malades
Lectures bibliques : Isaïe 49, 14-15; Psaume : 61; 1 Corinthiens 4, 1-5; Matthieu 6, 24-34
