


Homélie TV du 28 mai 2023 (Jn 20, 19-23)
Mgr Lode Van Hecke OCSO – Cathédrale de Gand, Belgique
Chers frères et sœurs, chers amis de toute l’Europe,
Les Actes des Apôtres nous parlent du jour de la Pentecôte, une fête importante dans la religion juive. Les apôtres sont réunis ce jour-là. Ce n’est pas une coïncidence. Être communauté est essentiel pour l’Église si elle veut rester fidèle à l’Évangile et à l’Esprit Saint. L’Église doit aussi promouvoir l’unité dans le monde.
Souvent, les images sont plus parlantes que les mots. ‘Soudain’, quelque chose survient ‘du ciel’. Quelque chose d’inattendu se produit. ‘un bruit’, comme ‘un violent coup de vent’. Puis, une autre image apparait tout aussi vite : le feu. Le feu est ambigu car il peut être destructeur. Mais ici, le feu est ‘partagé en langues’, et il s’en pose une sur chacun. Le feu est lumière et chaleur. Une énergie positive.
La richesse réside dans la diversité
Ce qui frappe à la Pentecôte, c’est l’unité dans la diversité. Pour être un, il ne faut pas nécessairement parler la même langue ou avoir les mêmes habitudes. La richesse réside précisément dans la diversité. Nous apprenons chaque jour à gérer cette diversité, dans l’Église et dans le monde. Nous pouvons être unis malgré de profondes divergences, peut-être irréconciliables et même malgré d’importantes blessures du passé. Grâce à la télévision, des personnes de toute l’Europe participent à notre célébration eucharistique. N’est-ce pas magnifique ? N’est-ce pas un message fort en cette fête de la Pentecôte ?
Il y a soixante ans (en 1963), le Pape Jean XXIII publiait un texte qui renouvelait la doctrine sociale de l’Église. Il s’intitulait Pacem in Terris. Paix sur terre. À l’époque, le mur de Berlin divisait le monde entier et nous étions proches d’une guerre nucléaire. Le Pape Jean XXIII s’adressait à tous les hommes de bonne volonté. Aujourd’hui, nous construisons de nouveaux murs et nous faisons des stock importants d’armes. Comment l’Esprit de paix peut-il agir aujourd’hui ?
Pardonner pour parvenir à la paix
Les premières paroles de Jésus dans l’Évangile étaient : ‘La paix soit avec vous’. Jésus le répète deux fois. La peur quitte alors le cœur de ses disciples. En offrant cette paix, Jésus donne aussi une mission. La paix, vous la recevez pour la répandre. Mais pour parvenir à la paix, il faut aussi être capable de pardonner. Parfois cela semble impossible car nous nous heurtons sans cesse à la frustration et à l’impuissance. Mais l’Esprit de Dieu peut engendrer des miracles de compassion et de réconciliation. La création de l’Union européenne, peu après la Seconde Guerre mondiale, fut l’un de ces miracles. Grâce à leurs convictions chrétiennes et à leur ouverture d’esprit et de cœur, Robert Schuman et Konrad Adenauer ont pu mettre un terme à la spirale de la violence.
En rassemblant les images et tout ce qui a été dit sur l’Esprit, nous obtenons une image dynamique et inspirante. Tant pour chacun de nous personnellement que pour l’Église. Mais aussi pour notre continent et le monde. Partout où règnent la justice, la vérité, l’amour, la liberté et la beauté, l’Esprit de Dieu est mystérieusement à l’œuvre.
Puisse-t-il emplir le cœur de chaque homme et établir la communion entre tous.
Fête de la Pentecôte
Lectures bibliques : Actes 2, 1-11 ; Psaume 103 ; 1 Corinthiens 3-13 ; Jean 20, 19-23
En juin, le pape prie pour l’abolition de la torture
Le Mont-Saint-Michel fête les 1000 ans de son abbatiale romane

Homélie du 28 mai 2023 (Jn 20, 19-23)
Emmanuel Rudacogora-Mugenga, prêtre in solidum de Renens – Eglise Saint-Joseph, Lausanne
De la confusion de Babel à la communion de la Pentecôte
Ils avaient une même langue et un même projet de bâtir une tour qui relierait la terre et le ciel par leurs propres moyens et ils sont tombés dans la confusion (Genèse 11) ; les apôtres n’avaient aucune folie de grandeur, ils étaient terrorisés et confinés sans aucun projet, et ils ont appris un langage nouveau. O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.
L’Église de la Pentecôte sait surprendre : des hommes ivres de Dieu, d’hier et d’aujourd’hui, des nuls qui deviennent des témoins, des traîtres qui se laissent transformés en prêcheurs, et surtout un ramassis d’hommes incompétents aux parcours variés (pêcheurs, publicains, zélotes, etc.) qui forment désormais une équipe, plutôt fondent l’Église. Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.
L’Église de la Pentecôte qui se fait comprendre, ne peut se contenter de maintenir ses positions statiques en proclamant que tout est sous contrôle ou communiquer avec l’extérieur par des déclarations solennelles et des promesses évasives, mais en proclamant une parole qui libère et qui apprend à cheminer dans la synodalité, pour mettre en route tous ceux qui ont accueilli la parole et ceux qui ont soif de la même espérance.
Sauver le feu pour qu’il ne s’éteigne jamais
L’Esprit saint n’avait pas pour mission de remplir les cerveaux de ces « fils du vent » par des idées et des stratégies ; son unique objectif était d’incendier leurs cœurs. Des vrais pompiers qui ne protègent pas du feu mais qui s’engagent à sauver le feu pour qu’il ne s’éteigne jamais.
La fidélité à l’Esprit de pentecôte n’est pas de se complaire à fonctionner, à « administrer les cendres » mais à ne jamais avoir peur de se brûler les doigts et les cœurs en remuant et en entretenant les charbons ardents.
Le feu de l’amour, le feu du courage
Les hommes de la Pentecôte sont obligés de sortir, car il y a un feu dans la maison et si les pompiers devaient venir, ce n’est pas pour l’éteindre mais pour l’alimenter. Le feu de l’amour, le feu du courage.
L’Église de la Pentecôte n’a pas reçu un remède contre la peur (ils étaient confinés) ; elle a reçu le courage et la force qui ont fait oublier la peur. Le vent de la pentecôte n’a pas obligé les apôtres à se barricader en renforçant portes et fenêtres pour se protéger ; au contraire, il les a poussés à les ouvrir grandement pour sortir à la rencontre de ceux qui attendaient une « parole ».
Avec le don du Saint Esprit, le Christ vient déverrouiller les portes de nos peurs.
Il est possible de connaître et de parler la langue de l’autre mais est-ce une garantie qu’on parle à l’autre. Réveiller un désir, susciter une envie pour que chacun se pose la vraie question est la mission de l’Église de Pentecôte. Après le discours de Pierre, il n’y avait ni compliments ni applaudissements du style, tu as bien parlé mais une seule question : « Que devons-nous faire ». Être sous l’emprise du Saint Esprit qu’il faut consommer sans modération, c’est accepter un dopage qui nous propulse en avant sans risque d’être contrôlé. C’est à nous les disciples d’aujourd’hui comme à ceux d’hier de trouver les mots justes pour mieux communiquer et communier. Mais comment parler de Lui si nous n’avons pas auparavant parlé avec Lui ? Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.
Fête de la Pentecôte
Lectures bibliques : Actes 2, 1-11 ; Psaume 103 ; 1 Corinthiens 3-13 ; Jean 20, 19-23
Des lieux de culte transformés en habitation

Homélie du 21 mai 2023 ( Jn 17, 1-11)
Père Jean-Marie Cettou – Eglise Sainte-Thérèse, Lausanne
Pour les 150 ans de la naissance de Sainte-Thérèse de l’enfant Jésus
Extrait d’une audience du pape Benoit VXI
Je voudrais vous parler aujourd’hui de sainte Thérèse de Lisieux, Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face, qui ne vécut que 24 ans dans ce monde, à la fin du XIXe siècle, conduisant une vie très simple et cachée mais qui, après sa mort et la publication de ses écrits, est devenue l’une des saintes les plus connues et aimées.
La « petite Thérèse » n’a jamais cessé d’aider les âmes les plus simples, les petits, les pauvres, les personnes souffrantes qui la priaient, mais elle a également illuminé toute l’Eglise par sa profonde doctrine spirituelle, au point que le vénérable Pape Jean-Paul II, en 1997, a voulu lui conférer le titre de Docteur de l’Eglise, s’ajoutant à celui de patronne des missions, qui lui avait été attribué par Pie XI en 1939. Jean-Paul II l’a définie « experte en scientia amoris » (Novo Millennio ineunte, n. 42). Cette science, qui voit resplendir dans l’amour toute la vérité de la foi, Thérèse l’exprime principalement dans le récit de sa vie, publié un an après sa mort sous le titre Histoire d’une âme. C’est un livre qui eut immédiatement un immense succès, et qui fut traduit dans de nombreuses langues et diffusé partout dans le monde. Je voudrais vous inviter à redécouvrir ce petit-grand trésor, ce commentaire lumineux de l’Evangile pleinement vécu !
L’Histoire d’une âme, en effet, est une merveilleuse histoire d’Amour, racontée avec une telle authenticité, simplicité et fraîcheur que le lecteur ne peut qu’en être fasciné ! Mais quel est cet Amour qui a rempli toute la vie de Thérèse, de son enfance à sa mort ? Chers amis, cet Amour possède un Visage, il possède un Nom, c’est Jésus ! La sainte parle continuellement de Jésus. Reparcourons alors les grandes étapes de sa vie, pour entrer au cœur de sa doctrine.
Thérèse naît le 2 janvier 1873 à Alençon, une ville de Normandie, en France. C’est la dernière fille de Louis et Zélie Martin, époux et parents exemplaires, béatifiés ensemble le 19 octobre 2008. Ils eurent neuf enfants ; quatre d’entre eux moururent en bas âge. Les cinq filles survécurent, et devinrent toutes religieuses. A l’âge de 4 ans, Thérèse fut profondément frappée par la mort de sa mère (Ms A, 13r). Son père s’installa alors avec ses filles dans la ville de Lisieux, où se déroulera toute la vie de la sainte. Plus tard, Thérèse, frappée d’une grave maladie nerveuse, fut guérie par une grâce divine, qu’elle-même définit comme le « sourire de la Vierge » (ibid., 29v-30v). Elle reçut ensuite la Première Communion, intensément vécue (ibid., 35r), et plaça Jésus Eucharistie au centre de son existence.
La « Grâce de Noël » de 1886 marque un tournant important, qu’elle appelle sa « conversion complète » (ibid., 44v-45v). En effet, elle guérit totalement de son hypersensibilité infantile et commence une « course de géant ». A l’âge de 14 ans, Thérèse s’approche toujours plus, avec une grande foi, de Jésus Crucifié, et prend à cœur le cas, apparemment désespéré, d’un criminel condamné à mort et impénitent (ibid., 45v-46v). « Je voulais à tout prix l’empêcher de tomber dans l’enfer » écrit la sainte, dans la certitude que sa prière le mettrait en contact avec le Sang rédempteur de Jésus. C’est sa première expérience fondamentale de maternité spirituelle : « J’avais tant confiance dans la Miséricorde infinie de Jésus », écrit-elle. Avec la très Sainte Vierge Marie, la jeune Thérèse aime, croit et espère avec « un cœur de mère » (cf. PR 6/10r).
En novembre 1887, Thérèse se rend en pèlerinage à Rome avec son père et sa sœur Céline (ibid. 55v-67r). Pour elle, le moment culminant est l’audience du Pape Léon XIII, auquel elle demande le permis d’entrer, à peine âgée de quinze ans, au carmel de Lisieux. Un an plus tard, son désir se réalise : elle devient carmélite « pour sauver les âmes et prier pour les prêtres » (ibid., 69v). Dans le même temps, commence également la douloureuse et humiliante maladie mentale de son père. C’est une grande souffrance qui conduit Thérèse à la contemplation du Visage de Jésus dans sa passion (ibid., 71rv). Ainsi, son nom de religieuse – sœur Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face – exprime le programme de toute sa vie, dans la communion aux mystères centraux de l’Incarnation et de la Rédemption. Sa profession religieuse, en la fête de la Nativité de Marie, le 8 septembre 1890, est pour elle un véritable mariage spirituel dans la « petitesse » évangélique, caractérisée par le symbole de la fleur : « Quelle belle fête que la Nativité de Marie pour devenir l’épouse de Jésus ! – écrit-elle – C’était la petite Vierge Sainte d’un jour qui présentait sa petite fleur au petit Jésus » (ibid., 77r). Pour Thérèse être religieuse signifie être l’épouse de Jésus et mère des âmes (cf. Ms B, 2v). Le même jour, la sainte écrit une prière qui indique toute l’orientation de sa vie : elle demande à Jésus le don de l’Amour infini, d’être la plus petite, et surtout elle demande le salut de tous les hommes : « Qu’aucune âme ne soit damnée aujourd’hui » (Pr 2). Son Offrande à l’Amour miséricordieux, faite en la fête de la Très Sainte Trinité de 1895, est d’une grande importance (Ms A, 83v-84r ; Pr 6) : une offrande que Thérèse partagea immédiatement avec ses consœurs, étant déjà vice-maîtresse des novices.
Dix ans après la « Grâce de Noël », en 1896, arrive la « Grâce de Pâques », qui ouvre la dernière période de la vie de Thérèse, avec le début de sa passion en union profonde avec la Passion de Jésus. Il s’agit de la passion du corps, avec la maladie qui la conduira à la mort à travers de grandes souffrances, mais il s’agit surtout de la passion de l’âme, avec une très douloureuse épreuve de foi (Ms C, 4v-7v). Avec Marie à côté de la Croix de Jésus, Thérèse vit alors la foi la plus héroïque, comme une lumière dans les ténèbres qui envahissent son âme. La carmélite a conscience de vivre cette grande épreuve pour le salut de tous les athées du monde moderne, qu’elle appelle « frères ». Elle vit alors encore plus intensément l’amour fraternel (8r-33v) : envers les sœurs de sa communauté, envers ses deux frères spirituels missionnaires, envers les prêtres et tous les hommes, en particulier les plus lointains. Elle devient véritablement une « sœur universelle » ! Sa charité aimable et souriante est l’expression de la joie profonde dont elle nous révèle le secret : « Jésus, ma joie est de T’aimer » (P 45/7). Dans ce contexte de souffrance, en vivant le plus grand amour dans les petites choses de la vie quotidienne, la sainte conduit à son accomplissement sa vocation d’être l’Amour au cœur de l’Eglise (cf. Ms B, 3v).
Thérèse meurt le soir du 30 septembre 1897, en prononçant les simples paroles « Mon Dieu, je vous aime ! », en regardant le Crucifix qu’elle serrait entre ses mains. Ces dernières paroles de la sainte sont la clé de toute sa doctrine, de son interprétation de l’Evangile. L’acte d’amour, exprimé dans son dernier souffle, était comme la respiration continuelle de son âme, comme le battement de son cœur. Les simples paroles « Jésus je T’aime » sont au centre de tous ses écrits. L’acte d’amour à Jésus la plonge dans la Très Sainte Trinité. Elle écrit : « Ah tu le sais, Divin Jésus je T’aime, / L’Esprit d’Amour m’enflamme de son feu, / C’est en T’aimant que j’attire le Père » (P 17/2).
Chers amis, nous aussi avec sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous devrions pouvoir répéter chaque jour au Seigneur que nous voulons vivre d’amour pour Lui et pour les autres, apprendre à l’école des saints à aimer de manière authentique et totale. Thérèse est l’un des « petits » de l’Evangile qui se laissent conduire par Dieu dans les profondeurs de son Mystère. Un guide pour tous, surtout pour ceux qui, dans le Peuple de Dieu, accomplissent le ministère de théologiens. Avec l’humilité et la charité, la foi et l’espérance, Thérèse entre continuellement dans le cœur de la Sainte Ecriture qui renferme le Mystère du Christ. Et cette lecture de la Bible, nourrie par la science de l’amour, ne s’oppose pas à la science académique. La science des saints, en effet, dont elle parle elle-même dans la dernière page de l’Histoire d’une âme, est la science la plus élevée. « Tous les saints l’ont compris et plus particulièrement peut-être ceux qui remplirent l’univers de l’illumination de la doctrine évangélique. N’est-ce point dans l’oraison que les saints Paul, Augustin, Jean de la Croix, Thomas d’Aquin, François, Dominique et tant d’autres illustres Amis de Dieu ont puisé cette science divine qui ravit les plus grands génies ? » (Ms C, 36r). Inséparable de l’Evangile, l’Eucharistie est pour Thérèse le Sacrement de l’amour divin qui s’abaisse à l’extrême pour s’élever jusqu’à Lui. Dans sa dernière Lettre, sur une image qui représente l’Enfant Jésus dans l’Hostie consacrée, la sainte écrit ces simples mots : « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit ! (…) Je l’aime car Il n’est qu’Amour et Miséricorde ! » (LT 266).
Dans l’Evangile, Thérèse découvre surtout la Miséricorde de Jésus, au point d’affirmer : « A moi il a donné sa Miséricorde infinie, et c’est à travers elle que je contemple et adore les autres perfections divines ! (…) Alors toutes m’apparaissent rayonnantes d’amour, la Justice même (et peut-être encore plus que toute autre) me semble revêtue d’amour » (Ms A, 84r). Ainsi s’exprime-t-elle dans les dernières lignes de l’Histoire d’une âme : « Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le Saint Evangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir… Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance… Oui je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui » (Ms C, 36v-37r).
« Confiance et Amour » sont donc le point final du récit de sa vie, deux mots qui comme des phares ont éclairé tout son chemin de sainteté, pour pouvoir guider les autres sur sa propre « petite voie de confiance et d’amour », de l’enfance spirituelle (cf. Ms C, 2v-3r ; LT 226). Confiance comme celle de l’enfant qui s’abandonne entre les mains de Dieu, inséparable de l’engagement fort, radical du véritable amour, qui est un don total de soi, pour toujours, comme le dit la sainte en contemplant Marie : « Aimer c’est tout donner, et se donner soi-même » (Pourquoi je t’aime, ô Marie, P 54/22). Ainsi Thérèse nous indique à tous que la vie chrétienne consiste à vivre pleinement la grâce du Baptême dans le don total de soi à l’Amour du Père, pour vivre comme le Christ, dans le feu de l’Esprit Saint, Son propre amour pour tous les autres.
A l’issue de l’audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu’il a dit en français :
Chers frères et sœurs,
Fille des bienheureux Louis et Zélie Martin, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face est née en 1873 en France. Le décès de sa mère, alors qu’elle a 4 ans, la blesse profondément. Totalement guérie et convertie à Noël 1886, elle devint à 15 ans religieuse carmélite à Lisieux, épouse du Christ comme elle le dit elle-même, pour sauver les âmes et prier pour les prêtres. Elle vécut ses douloureuses souffrances physiques et spirituelles en union à la Passion de Jésus et dans une foi héroïque, jusqu’à sa mort à 24 ans. Docteur de l’Église et Patronne des Missions, Thérèse s’est offerte totalement à l’Amour miséricordieux, voulant être l’amour au cœur de l’Église. Son œuvre, Histoire d’une âme, est un lumineux commentaire de l’Évangile vécu à la lumière de la science de l’amour. L’amour a un Visage, un Nom, c’est Jésus ! Inséparable de l’Évangile, l’Eucharistie est le Sacrement de l’Amour divin. L’amour était comme le souffle ininterrompu de l’âme et le battement du cœur de la petite Thérèse. « Aimer c’est tout donner, et se donner soi-même ».
Chers amis, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus est un guide pour tous, particulièrement pour les théologiens. Experte de la scientia amoris, elle nous enseigne que la voie de la sainteté est toute de confiance et d’amour.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement les Frères du Sacré-Cœur, ainsi que les lycéens et les collégiens ! N’ayez pas peur d’imiter sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ! La vie chrétienne consiste vraiment à vivre pleinement la grâce du baptême dans le don total de soi à l’amour du Père, pour manifester comme le Christ, dans le feu de l’Esprit Saint, son amour pour les autres.
7e Dimanche du Temps pascal
Lectures bibliques : Actes 1, 12-14; Psaume 26; 1 Pierre 4, 13-16; Jean 17, 1-11
Les 100 ans du culte radio

Homélie TV de l’Ascension, 18 mai 2023 (Mt 28, 16-20)
Mgr Alain de Raemy, administrateur apostolique du diocèse de Lugano – Eglise Saint-Eusèbe, Castel San Pietro (TI)
Chers amis, chers amis, nous venons de l’entendre.
La force de l’Esprit Saint… : avec nous !
L’extraordinaire grandeur de la puissance du Père… : pour nous !
La force et la vigueur que le Père a manifestées dans le Christ en le ressuscitant… : en nous !
Tout nous est donné, à nous qui sommes l’Église, l’Église que saint Paul appelle même le Corps de Jésus !
Tout nous est donné pour que nous restions fermes et inébranlables jusqu’à la fin du monde ! Impressionnant !
Oui, aujourd’hui, dans les lectures, tout dit qu’en Église, nous sommes investis d’une force extraordinaire, celle-là même qui nous fait passer de la mort à la vie !
Mais, aujourd’hui, frères et sœurs, aujourd’hui dans la réalité de l’Église, tant de choses disent au contraire que nous sommes fragiles et coupables, on ne nous montre pas du tout investis par le haut, mais presque submergés par le bas, avec le genre de problèmes qui nous font passer plutôt de la vie à la mort…
Qu’est-ce qui dépend de nous ?
Où en sommes-nous alors ?
Toujours investis de la lumière de Dieu, ou complètement submergés dans les ténèbres de l’abus ? Jésus nous rappelle :
« Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments que le Père a réservés à son pouvoir ».
Il ne nous appartient pas de connaître les temps et les moments du plan du Père.
Il ne nous appartient pas de prédire la fin du monde ou la fin des procès…. Qu’est-ce qui dépend de nous ? C’est à nous d’avoir les yeux fixés sur Jésus…
Les yeux fixés sur Jésus c’est observer tout ce qu’il a fait et enseigné
Mais attention ! C’est à nous, oui, d’avoir les yeux fixés sur Jésus, mais pas comme l’ont fait instinctivement les apôtres lorsqu’ils ont entendu de ces hommes en robe blanche cette réprimande devenue célèbre : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? » Avoir les yeux fixés sur Jésus, donc, pour ceux qui savent qu’il ne sert à rien de regarder le ciel, puisqu’ils ne peuvent pas prévoir le retour de Jésus : « ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments », pour ceux qui savent cela, avoir les yeux fixés sur Jésus signifie autre chose, cela signifie : « observer tout ce que Jésus a fait et enseigné ».
Observer tout ce qu’il a vécu et ordonné ici sur terre. Tout. Si nous voulons pouvoir utiliser cette force, cette grandeur, cette puissance, qui nous sont données par le Père, et n’oublions pas que Dieu est un Père qui ne se repent jamais de ses dons ! Si nous voulons expérimenter en nous cette vigueur de la résurrection du Fils, il ne faut pas soupirer vers le Ciel, mais il faut observer tout ce que Jésus a fait sur la terre. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons parvenir à une véritable « connaissance profonde de lui » !
Laisser l’humanité de Jésus prendre possession de la nôtre
Nous devons donc nous demander : Quand un enfant est violé… que dirait Jésus, que ferait-il ? Quand une personne homosexuelle est stigmatisée… que dirait Jésus, que ferait-il ? Lorsqu’un criminel est condamné à mort… que dirait Jésus, que ferait Jésus ? Quand certains amassent de l’argent et que tant d’autres meurent de faim… que dirait-il, que ferait Jésus ? Lorsqu’un prêtre ne sert pas mais se sert lui-même… que dirait-il, que ferait Jésus ? Si, en regardant la croix, nous nous arrêtons sur le Jésus qui est maintenant dans la gloire du Ciel, sans nous souvenir du Jésus de la terre qui a dit : « Tout ce que vous faites au plus petit d’entre eux, c’est à moi que vous le faites », si, en regardant la croix, nous nous arrêtons sur le Jésus victorieux de l’ancien Ennemi, sans nous souvenir du Jésus de la terre qui a dit : « Aimez vos ennemis, répondez favorablement à l’appel de Dieu » : « aimez vos ennemis, répondez par le bien à ceux qui vous font du mal », oui, si en regardant Jésus sur la croix, nous levons les yeux vers le Ciel sans les baisser vers la terre, alors nous ne sommes pas son Corps, « la plénitude de celui qui est l’accomplissement parfait de toutes choses », alors nous ne laissons pas son humanité prendre possession de la nôtre….
Oui, aujourd’hui, dans les lectures du jour, dans l’Ecriture Sainte, tout dit que dans l’Eglise, nous sommes investis, soulevés par une force extraordinaire, par cette force même qui nous fait passer de la mort à la vie ! Mais aujourd’hui, dans la réalité et l’actualité de l’Église, tant de choses disent que nous sommes au contraire fragiles et coupables, submergés au fond, souvent acteurs de mort et non de vie…
Nous devons donc baisser les yeux, pour ne pas perdre de vue le Jésus des pauvres, le Jésus des victimes. Ce Jésus que nous découvrirons si présent, précisément là où nous avons été trop souvent si absents !
Et alors, paradoxalement, la foi de l’Ascension sera confirmée.
Alors Dieu nous donnera « un esprit de sagesse et de révélation pour une connaissance plus profonde de Lui ». Alors « Dieu éclairera les yeux de nos cœurs pour que nous comprenions à quelle espérance il nous a appelés, quel trésor de gloire renferme son héritage parmi les saints, et quelle est l’extraordinaire grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’efficacité de la force et de la vigueur qu’il a manifestées dans le Christ en le ressuscitant d’entre les morts et en le faisant asseoir à sa droite dans les cieux ».
Au-delà des statistiques, dans la foi, nous le savons : Jésus est retourné auprès du Père, l’amour est vraiment sur terre, pour toujours !
A nous de le vivre, de le mettre en œuvre, de pouvoir le découvrir partout, et pour toujours. Amen !
Ascension
Lectures bibliques : Actes 1, 1-11; Psaume 46; Ephésiens 1, 17-23; Matthieu 28, 16-20

Homélie de l’Ascension, 18 mai 2023 (Mt 28, 16-20)
Père Jean-Marie Cettou – Eglise Sainte-Thérèse, Lausanne
L’Ascension du Seigneur à partir du catéchisme
Cette fête nous invite selon la prière du Notre Père à vivre sur la terre comme au ciel.
Le mystère pascal arrive à son sommet par l’Ascension du Christ à la droite du Père. Il est impossible d’évaluer l’évènement de grâce qui a atteint les consciences des croyants depuis que le Christ est remonté au ciel. Mais il est certain qu’un fleuve de vie, celui qui jaillit en permanence du trône de Dieu et de l’Agneau s’est répandu sur l’Eglise jusqu’à ce jour.
C’est de cela que saint Luc témoigne dans le récit des Actes de ce jour. (Ce cher Théophile désigne chaque baptisé, chaque croyant en particulier) « Dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a enseigné depuis le moment où il commença jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisi. » (Ac 1,1-2)
La promesse de Jésus au moment de l’Ascension s’est réalisée. Les textes de ce jour nous replace la scène devant nos yeux de la foi. En ce moment nous devrions nous sentir contemporains de ce moment.
» JESUS EST MONTE AUX CIEUX, IL SIEGE A LA DROITE DE DIEU, LE PERE TOUT-PUISSANT «
» Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu » (Mc 16, 19). Le Corps du Christ a été glorifié dès l’instant de sa Résurrection comme le prouvent les propriétés nouvelles et surnaturelles dont jouit désormais son corps en permanence (cf. Lc 24, 31 ; Jn 20, 19. 26).
Mais pendant les quarante jours où il va manger et boire familièrement avec ses disciples (cf. Ac 10, 41) et les instruire sur le Royaume (cf. Ac 1, 3), sa gloire reste encore voilée sous les traits d’une humanité ordinaire (cf. Mc 16, 12 ; Lc 24, 15 ; Jn 20, 14-15 ; 21, 4). La dernière apparition de Jésus se termine par l’entrée irréversible de son humanité dans la gloire divine symbolisée par la nuée (cf. Ac 1, 9 ; cf. aussi Lc 9, 34-35 ; Ex 13, 22) et par le ciel (cf. Lc 24, 51) où il siège désormais à la droite de Dieu (cf. Mc 16, 19 ; Ac 2, 33 ; 7, 56 ; cf. aussi Ps 110, 1).
Ce n’est que de manière tout à fait exceptionnelle et unique qu’il se montrera à Paul » comme à l’avorton » (1 Co 15, 8) en une dernière apparition qui le constitue apôtre (cf. 1 Co 9, 1 ; Ga 1, 16).
Différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père
Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît dans sa parole mystérieuse à Marie-Madeleine : » Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L’événement à la fois historique et transcendant de l’Ascension marque la transition de l’une à l’autre.
Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c’est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l’Incarnation. Seul celui qui est » sorti du Père » peut » retourner au Père » : le Christ (cf. Jn 16, 28). » Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux » (Jn 3, 13 ; cf. Ep 4, 8-10). Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la » Maison du Père » (Jn 14, 2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l’homme, » de sorte que nous, ses membres, nous ayons l’espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés » (Préface de l’Ascension)
L’élévation sur la Croix annonce l’élévation de l’Ascension au ciel
» Moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12, 32). L’élévation sur la Croix signifie et annonce l’élévation de l’Ascension au ciel. Elle en est le début. Jésus-Christ, l’unique Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle, n’est pas » entré dans un sanctuaire fait de mains d’hommes (…) mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur » (He 7, 24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce, » étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s’avancent vers Dieu » (He 9, 25). Comme » grand prêtre des biens à venir » (He 9, 11), il est le centre et l’acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux (cf. Ap 4, 6-11).
Le Christ, désormais, siège à la droite du Père : » Par droite du Père nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée » (S. Jean Damascène, f. o. 4, 2 : PG 94, 1104C).
Les apôtres témoins du « règne qui n’aura pas de fin »
La session à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme : » A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit » (Dn 7, 14). A partir de ce moment, les apôtres sont devenus les témoins du » Règne qui n’aura pas de fin » (Symbole de Nicée-Constantinople).
Jésus s’approcha d’eux et leur adresse ces paroles :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».(Mt, 28,18-20).
Fais Seigneur que nous restions toujours avec toi.
Amen.
Ascension
Lectures bibliques : Actes 1, 1-11; Psaume 46; Ephésiens 1, 17-23; Matthieu 28, 16-20