
Homélie du 26 mars 2023 (Jn 11, 1-45)
Eric Monneron, diacre – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Gland
Il y a quinze jours, vous vous en souvenez, nous étions invités à contempler le dialogue de Jésus avec la femme de Samarie dans lequel Jésus se révélait comme la source d’eau vive. La semaine dernière, nous entendions le dialogue de Jésus et de l’aveugle-né. Jésus se manifestait alors comme la lumière du monde, comme la lumière véritable. Aujourd’hui, dans ce dialogue avec Marthe et Marie, la révélation culmine à son sommet. Jésus se révèle comme « la Résurrection et la Vie ». Et cette Bonne Nouvelle, il nous faut l’accueillir.
Quand Jésus se présente comme « la Résurrection et la Vie », nous sommes tournés vers sa divinité ; mais ce qui est frappant dans ce passage de l’évangile selon saint Jean, c’est la manière dont sont étroitement mêlées la divinité de Jésus et son humanité.
Dans ce passage, saint Jean nous montre vraiment que Jésus est pleinement homme et pleinement Dieu. Qu’il est vrai homme et vrai Dieu. Son humanité transparaît à travers l’amitié qu’il noue avec Marthe, Marie et Lazare.
D’ailleurs, à plusieurs reprises, l’évangéliste précise que Jésus les aimait…
Toute l’humanité de Jésus nous est présentée
Les deux sœurs font dire à Jésus : « Celui que tu aimes est malade. » Il sera profondément ému de la peine des deux sœurs. Il sera bouleversé en approchant de la tombe de son ami Lazare et il pleurera. Toute l’humanité du Christ Jésus nous est présentée ici et c’est dans la plénitude de cette humanité, rejoignant notre propre humanité, qu’il va pouvoir se révéler comme « Résurrection et Vie ».
Mais avant d’aller plus loin dans cet évangile, arrêtons-nous quelques instants sur cette phrase : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
Cette prière que Marthe et Marie font à Jésus peut nous mettre chacun et chacune sur un chemin de conversion par rapport à nos prières d’intercession et à nos demandes.
Bien souvent, quand nous faisons des prières d’intercession, sans nous en rendre compte, nous donnons des ordres à Dieu : « Fais ceci ; fais cela ; donne la guérison à telle personne ; fais que telle personne ait du travail ; fais que mon petit-fils ait son diplôme ; etc. » Finalement nous donnons des ordres à Dieu pour qu’il soit à notre service.
Evangéliser nos prières d’intercession
Saint Jean de la Croix, dans son Cantique Spirituel, nous indique de quelle manière intercéder. Il nous donne d’abord l’exemple de la Vierge Marie à Cana qui se contente de présenter la situation : « Ils n’ont plus de vin. » ; puis il évoque notre passage : « Les sœurs de Lazare, au lieu d’envoyer demander au Sauveur la guérison de leur frère, se bornèrent à lui représenter que celui qu’il aimait était malade. ».
Il s’agit donc de présenter simplement la situation pour que Dieu puisse agir selon les desseins de son amour ; que son Règne puisse advenir dans cette situation ; pour que son Nom soit sanctifié dans cette situation… Il y a là un chemin de conversion de nos mentalités et de nos manières de faire pour évangéliser nos prières d’intercession.
Jésus accueille la demande, mais malgré les sentiments d’affection qu’il nourrit à l’égard de Lazare, il va attendre deux jours avant de se mettre en route.
Deux jours pour permettre à l’œuvre de Dieu de se manifester…
Jésus donne à ses disciples un premier enseignement en leur parlant de la mort comme d’un sommeil, comme d’un temps de passage entre cette vie et la vraie Vie.
Sur les pierres tombales de nos cimetières, nous pouvons lire : « Ici repose… », laissant bien entendre que, pour nous chrétiens, la mort n’est qu’un temps de sommeil dans l’espérance d’un éveil.
Cet enseignement de Jésus est très important. L’épître aux Hébreux affirme que Jésus est venu « affranchir tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par crainte de la mort ».
Consentir à notre être mortel
Avouons, frères et sœurs, que parfois nous sommes bien souvent tenus en esclavage par crainte de la mort. Nous n’envisageons pas spontanément notre mort comme un sommeil, comme un passage vers le Père. Nous avons sur ce point à vivre une profonde conversion au plus intime de notre être, pour consentir à notre être mortel, à l’être mortel de nos proches, mais avec cette certitude de foi que la mort n’est qu’un sommeil qui débouche sur la plénitude de la vie.
Jésus revient à Béthanie avec ses disciples et rencontre d’abord Marthe qui affirme sa foi en la Résurrection aux derniers jours. Mais Jésus lui affirme : « Moi, je suis la Résurrection et la Vie, tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. »
Cette parole est très importante car Jésus nous indique que, si nous avons foi en lui, nous ne ressusciterons pas simplement aux derniers jours mais que nous sommes déjà ressuscités.
Oui, Dieu ose dire qu’il ouvrira nos tombeaux et nous en fera remonter.
Frères et sœurs, est-ce que vous vous sentez être des ressuscités ? Est-ce que déjà cette Vie nouvelle est à l’œuvre en vous ? à l’œuvre en nous ? Est-ce que nous avons pleinement conscience que la grâce du baptême nous a fait mourir au péché pour renaître en Christ ? Est-ce que nous cherchons à faire en sorte que ce germe de vie divine, de vie ressuscitée, puisse s’épanouir dans toutes les fibres de notre être.
Nous sommes déjà des Ressuscités ! Nous le deviendrons pleinement quand nous serons passés par la mort ; mais nous sommes déjà ressuscités avec le Christ puisque nous croyons en lui et que nous vivons de lui, nous nourrissant de son Corps et de son Sang dans cette Eucharistie qui est le mémorial de son Mystère Pascal. Répondrons-nous comme Marthe : « Oui, Seigneur, je crois. » ?
Puis le texte évoque Jésus pleurant silencieusement, une attitude magnifiquement humaine… Et après s’être tourné vers son Père dans l’action de Grâce, il « éveille » son ami Lazare.
La description qui est faite de la « résurrection » de Lazare nous renvoie à la Résurrection du Christ Jésus mais avec de notables différences.
La grotte dans laquelle gît Lazare est fermée par une pierre, alors qu’au matin de Pâques, la pierre du tombeau de Jésus a été roulée. Le corps de Lazare sent déjà, alors qu’au matin de Pâques pas d’odeur, car le tombeau sera vide. Les bandelettes enserrent encore les membres de Lazare et le suaire couvre son visage lorsqu’il sort de son tombeau. Au matin de Pâques, Pierre et Jean, entrant dans le tombeau vide, découvriront les bandelettes rangées et le suaire posé à part.
Cela nous rappelle qu’il n’y a qu’une Résurrection véritable, celle du Christ Jésus au matin de Pâques ; et c’est en lui, et en lui seul, que nous ressusciterons pleinement et véritablement.
Alors, oui, frères et sœurs, dans cette perspective, il faut vivre en enfants de lumière ! Dans ce contexte de Résurrection, le Christ Jésus nous appelle à demeurer inébranlables dans la foi ! Alors, il faut également continuer à être les témoins quotidiens de son amour inlassable pour l’humanité entière ! Travaillons sans relâche « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ! ». Ainsi, nous pourrons redire avec confiance les paroles du psalmiste :
« J’espère le Seigneur de toute mon âme ;
Je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore. » (Ps.129)
Amen.
5e Dimanche de Carême
Lectures bibliques : Ezékiel 37, 12-14 ; Psaume 129 ; Romains 8, 8-11 ; Jean 11, 1-45
L’observatoire du Vatican sur la trace des exo-planètes

Homélie du 19 mars 2023 (Jn 9, 1-41)
Chantal Rapin, pasteure de Gland, Vich, Coinsins – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Gland
« Rabbi qui de lui ou de ses parents a péché pour qu’il soit né aveugle ».
C’est par cette interrogation des disciples à Jésus que débute notre récit. Leur question découle de la théologie de la rétribution qui considère la maladie comme la conséquence du péché. Ici, soit par les parents de l’aveugle de naissance soit par l’embryon lui-même dans le ventre de sa mère. Une telle interprétation de la maladie possède pour tous ceux qui ne sont pas concernés quelque chose de rassurant. Ainsi la maladie ne serait pas le fruit du hasard mais bien la conséquence d’une manière d’être au monde. Pour l’éviter, il suffirait de ne pas pécher.
Ce lien de causalité entre le péché et la maladie Jésus ne le cautionne pas : « -Ni cet homme ni ses parents n’ont péché dit-il. Et Jésus de poursuivre : « – C’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ». Une phrase énigmatique sur laquelle je reviendrai.
Dès lors, la guérison de notre aveugle est le début d’une histoire dans laquelle chacune des rencontres qu’il fait le conduit à découvrir peu à peu le voile sur l’identité tant de celui qui l’a guéri que de la sienne, nouvelle. Plus le brouillard se dissipe pour notre homme plus celui des pharisiens s’épaissit ; eux qui restent comme pétrifiés dans un passé représenté par la loi de Moïse, qui désormais doit être mesuré à l’aulne de la venue du Christ.
Deux questions
Au cœur des échanges, deux questions reviennent comme un refrain. Elles constituent le fil rouge du récit et de sa compréhension. La première porte sur la manière dont la guérison a été effectuée ; quant à la seconde elle a à voir avec l’identité de Jésus et paradoxalement avec celle de l’aveugle guéri. Comme si la guérison avait eu comme conséquence de modifier quelque chose tant du côté de son auteur que de celui qui en bénéficie. D’ailleurs, eux qui l’ont toujours connu aveugle sont les premiers à le ressentir, ils s’exclament à la vue de notre homme :
« – C’est lui dit l’un ! »
« – il lui ressemble !», crie un autre.
« C’est moi » répond notre homme »
Chacun dit vrai, car une des conséquences de la guérison effectuée est bien de l’ordre de la modification de l’être profond tant de celui qui la donne que de celui qui la reçoit. Quant au, questionnement des voisins il concerne autant le comment de la guérison que l’identité de son auteur. Ils souhaitent rencontrer, Jésus mais il a disparu.
Aussi, ils conduisent l’ex-aveugle vers les pharisiens ; la guérison a eu lieu le jour du shabbat. Elle en signe la transgression ; or un bon juif se doit de respecter la loi de Moise qui veut que ce jour-là aucun travail ne soit effectué. Procéder à une guérison, c’est de fait devenir pécheur. Jésus l’est pour eux. Mais leur constat pose davantage de question qu’il n’en résout. Comment comprendre que Jésus, un pécheur a pu guérir notre aveugle né sans être un envoyé de Dieu ?
Un questionnement qui fait débat
Et ce questionnement fait débat entre les personnes présentes. A ce moment de l’histoire précisons que Jésus représente un danger suffisamment important pour que les pharisiens menacent d’exclusion de la synagogue quiconque reconnaît en Jésus, le Christ. Il suffit de se rappeler leur puissance pour réfléchir à deux fois avant d’oser les défier. Dès lors tant la prudence des voisins qui ont conduit l’aveugle guéri auprès d’eux que celle dont témoignent les réponses de ses parents sont compréhensibles.
Quant aux pharisiens, c’est bien la question de l’identité de celui qui l’a opérée qui les préoccupe En témoignent les questions qu’ils posent à notre homme :
« Pour toi qui est-il ? »
Lui d’’affirmer « – C’est un prophète ».
Dans ce temps-là les prophètes sont nombreux, aussi notre homme ne prend que peu de risques.
Sa réponse ne suffit pas aux pharisiens qui doutent toujours de la réalité de la guérison. Bien que nés voyants ils sont toujours dans l’obscurité. Pour y voir plus clair, ils font venir les parents de l’infirme de naissance.
« – Est-ce bien votre fils ? Celui qui est né aveugle ? Comment se fait-il qu’il voie maintenant ? » Si pour les parents il est aisé de témoigner qu’il s’agit de leur enfant, il leur est plus délicat d’expliquer le comment de la guérison, au vu de la crainte qu’ils éprouvent face aux pharisiens.
Aussi se montrent-ils très réservés. Comme leur fils est adulte, ils les renvoient vers lui pour en savoir davantage.
Lors de ce second échange, les pharisiens se montrent plus incisifs dans leur dialogue avec notre ancien aveugle. Rapidement après avoir répété leur fidélité à Moïse, ils posent un jugement sur Jésus. Ecoutons -les :
« Donne gloire à Dieu, nous savons nous que cet homme est un pécheur ».
Face au savoir inébranlable des pharisiens sur la nature pécheresse de Jésus, notre homme oppose son ignorance :
« Je ne sais pas si cet homme est pécheur dit-il » et lui de témoigner de ce qu’il connait pour l’avoir vécu :
« – Je sais une chose : j’étais aveugle et maintenant je vois ».
Sa réponse leur déplaît. Ils lui demandent de raconter une nouvelle fois comment la guérison s’est déroulée. Mais notre homme prend de l’assurance. « – Auraient-ils oublié qu’il leur a déjà tout expliqué ? » Il fait même de l’ironie et sous-entend que si certains sont aveugles de naissances d’autres pourraient connaître des problèmes de surdité.
« – Se pourrait-il qu’ils veuillent eux aussi devenir des disciples de ce Jésus ? » ? et il poursuit :
« Dieu n’entend pas les prières des pécheurs et jusqu’à ce jour personne n’a guéri un aveugle de naissance, alors comment pouvez-vous être à ce point aveugle pour ne pas voir que cet homme vient de Dieu ? ».
Cette provocation est de trop pour les pharisiens qui le jettent dehors.
Confession de foi qui résulte d’un cheminement personnel
Ayant appris la nouvelle, Jésus vient à sa rencontre. Leur échange lui donne l’occasion de confesser sa foi dans le fils de Dieu, par qui les œuvres de Dieu sont manifestées. C’est à genoux que notre aveugle guéri dira : « -Seigneur, Je crois. ».
Sa confession de foi résulte d’un cheminement personnel qui n’a rien à voir avec celui des pharisiens qui s’enferment dans leur savoir.
Notre aveugle de naissance n’avait rien demandé et pourtant il a été guéri par Jésus. Devenu voyant, il n’en était pas moins dans le brouillard tant sur ce qui lui était arrivé que sur l’identité de Jésus. Les questions qui lui sont posées le conduisent à murir sa réflexion sur l’identité de son sauveur. Après l’avoir désigné comme un prophète (parmi d’autres) puis prenant de l’assurance il défie les pharisiens en les traitant successivement d’aveugles puis de sourds. Plus tard face à Jésus c’est naturellement qu’il confesse à genoux sa foi dans le fils de l’homme, son Seigneur. Ce que son cœur resté dans le noir ne pouvait voir, alors même qu’il a quitté le monde de la nuit, les questionnements de ceux qui l’entourent le conduisent à révéler la lumière de Dieu en lui.
Au début de ce message après avoir réfuté toute implication des parents de l’aveugle de naissance ou de l’infirme lui-même, Jésus poursuivait avec cette phrase sur laquelle j’ai promis de revenir vu son enjeu. « – c’est pour que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » a dit Jésus. Nous faut-il comprendre que Dieu possède quelque chose de sadique et que la maladie, le mal, la souffrance serait imposée à l’être humain pour que Dieu puisse montrer sa puissance et ainsi intervenir dans nos vies ?
Certes non ! Ce que ce verset veut nous dire est de l’ordre de la direction vers laquelle nous devons regarder pour voir pointer la lumière de la Vie. Regarder en arrière, s’obstiner à vouloir trouver l’origine, l’explication de ce qui nous arrive lorsque nous sommes touchés par la maladie ou que le malheur s’abat sur nous, ne sert à rien. Nous ne pouvons ainsi que renforcer la nuit dans laquelle nous nous trouvons. Appliquant comme Jésus de la boue sur nos yeux déjà aveuglés par le chagrin et l’incompréhension. Parvenir à nous tourner non malgré, mais bien avec tout ce notre vie peut contenir comme incompréhension et souffrance vers un avenir qui est au-devant de nous, c’est ouvrir la porte à tous les possibles. C’est aller nous laver les yeux à la piscine de Siloé et voir peu à peu la lumière de l’amour de Dieu se manifester en nous à travers notre chemin vers demain. Ainsi les œuvres de Dieu sont complètes. Amen
4e Dimanche de Carême, de Laetare
Lectures bibliques : 1 Samuel 16, 1-13; Psaume 22; Ephésiens 5, 8-14; Jean 9, 1-41
Jura: le frère Marie-Bernard farine fête ses 90 ans
Faillite de 5 diocèses catholiques de New York à cause de plaintes pour abus sexuels

Homélie du 12 mars 2023 (Jn 4, 5-42)
Témoignage de Madame Marie-Agnès de Matteo, assistante pastorale – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Gland
Aujourd’hui nous entourons de notre prière tous les catéchumènes qui s’acheminent vers le baptême. J’ai eu la joie de rencontrer nombre d’entre eux et de les accompagner dans leur préparation.
Je suis très reconnaissante pour tout ce qu’ils m’ont apporté.
On reçoit souvent bien plus que ce que l’on donne.
Une démarche qui donne sens à l’existence
Je pense par exemple à un moment où l’Eglise était particulièrement secouée par une multitude de scandales. J’avoue en avoir été troublée. Je pensais alors à tous ceux que j’accompagnais vers le baptême ou vers le sacrement de confirmation.
Comment soutenir leur démarche dans un tel contexte ?
Mais à mon grand étonnement, je les ai retrouvés toujours aussi déterminés.
Il s’agissait pour eux de répondre à l’appel reçu de Dieu.
Ils m’ont témoigné que cela leur apportait un sentiment de paix, qu’ils faisaient l’expérience d’une joie intérieure toute nouvelle, que cette démarche donnait sens à leur existence et c’était bien le plus important.
Ce n’est pas moi qui les ai motivés à poursuivre sur ce chemin, ce sont les catéchumènes qui m’ont redonné confiance et espérance en l’Eglise.
Comme saint Paul ils pouvaient dire : « Nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu ».
N’est-ce pas cela qui nous porte, qui nous permet de nous soutenir dans les moments de joie, comme dans les moments d’épreuve ?
La louange : une ouverture du coeur
La première lecture nous parle de la souffrance d’un peuple qui a soif. Les fils d’Israël se demandent si le Seigneur est bien au milieu d’eux, ils perdent confiance.
Cette tentation de douter de Dieu est aussi la nôtre lorsque nous voyons l’état du monde, que traversons des épreuves, que nous devons faire face à la maladie ou que notre prière nous semble vaine.
Le lieu du combat spirituel est bien là. Le soupçon porté sur Dieu empoisonne notre existence. Il nous renferme sur nous-mêmes, durcit nos cœurs et finalement nous coupe de la grâce.
Bien au contraire la louange nous entraîne dans une ouverture de cœur, nous ouvre à la vie de Dieu pour qu’il puisse venir nous réconforter, nous soutenir, nous relever.
Rappelons-nous le psaume que nous venons d’entendre : « Adorons Dieu, nous sommes le peuple qu’il conduit, écoutons sa parole, ne fermons pas notre cœur ».
Il n’est pas facile de se laisser aimer
Avoir la foi c’est avoir confiance. Comme le disait si bien sainte Thérèse : « C’est la confiance, rien que la confiance qui conduit à l’amour ».
Le Seigneur a besoin de notre adhésion pour poursuivre son œuvre en nous et en ce monde.
C’est pourquoi la première chose que Jésus fait avec la Samaritaine c’est de se mettre à sa portée. Il sait le don qu’il veut lui octroyer, mais il n’adopte pas une attitude de surplomb, bien au contraire il s’abaisse jusqu’à avoir besoin d’elle : « Donne-moi à boire ».
Quelle est belle l’humilité de ce Dieu qui ne craint pas de s’abaisser pour nous rejoindre !
La Samaritaine est surprise, comme nous pouvons l’être nous aussi, elle a des résistances comme nous pouvons en avoir.
Il n’est pas si facile de se laisser aimer.
Comment le Tout Autre, créateur de l’univers, source de tout bien, peut-il s’intéresser à l’être misérable que je suis ?
Le dialogue entre Jésus et la Samaritaine s’établit, il éclaire sa conscience, lui fait comprendre qui elle est vraiment mais aussi à quoi elle est appelée.
Quel élan et quelle joie cela suscite en elle. Quelle bonne nouvelle pour sa vie. Et cette joie va en entraîner d’autres à accueillir le don de Dieu.
La révélation que Jésus fait à la Samaritaine est une promesse immense. Promesse d’une communion désormais possible entre nous et plus encore promesse d’une union intime avec Dieu.
Désormais le culte n’est plus une affaire de lieu, de temple, de montagne. L’eau vive jaillit dans chaque cœur aimant : « L’eau que je te donnerai deviendra en toi source d’eau jaillissant pour la vie éternelle ! ».
Promesse de la présence de l’Esprit Saint en nos cœurs.
Avec le Dieu d’amour tout est don
Jésus insiste sur le don. Avec le Dieu d’amour tout est don.
Nous pouvons à chaque instant, en tout lieu, prendre contact avec Dieu qui est présent à l’intime de notre être. Rien ne peut nous séparer de lui, il nous est confié comme le cadeau le plus merveilleux qui puisse nous être offert.
Mais le don n’implique pas la passivité. « Si tu savais le don de Dieu, c’est toi qui lui aurais demandé à boire ».
Le Seigneur attend que nous lui exprimions notre soif, notre désir de le recevoir.
Il est toujours présent auprès de nous. Si nous l’invoquons il est déjà là, prêt à se donner. Mais comme il respecte notre liberté il attend que nous ayons l’initiative de la rencontre.
Retrouvons-le souvent, dans un mouvement d’intériorité, pour nous abreuver à la source. Pour l’aimer et nous laisser aimer.
La prière c’est la rencontre de deux désirs, celui de Dieu le et le nôtre.
Il nous comblera à la mesure de notre soif.
Lors d’une rencontre entre des catéchumènes et notre évêque, une question leur a été posée. Pourquoi demandez-vous les sacrements de l’initiation chrétienne ?
Et là une jeune femme répond dans un cri du cœur : « Parce que je désire être sainte ».
Nous avons été quelque peu surpris par cet élan qui peut paraître ambitieux. Mais n’est-ce pas à cela que nous sommes tous appelés ?
Le Seigneur se donne à la mesure de notre désir.
Que cette source vive en nous soit débordante pour que l’amour de Dieu transparaisse dans chacune de nos rencontres.
3e Dimanche de Carême
Lectures bibliques : Exode 17, 3-7; Psaume 94; Romains 5, 1-8; Jean 4, 5-42
La nouvelle Miss Allemagne veut devenir pasteure
L’huile pour le couronnement du Roi Charles vient de Jérusalem

Homélie du 5 mars 2023 (Mt 17, 1-9)
Diacre Éric Monneron – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Gland, VD
La Transfiguration
Aujourd’hui, vous le voyez, il y a quelque chose qui brille sur la montagne…
Ne serait-ce pas un trésor ?…
Oui, c’est un trésor !…
Mais ce trésor, ce n’est pas quelque chose… C’est quelqu’un ! Un trésor bien plus précieux que de l’or… C’est Jésus, le Trésor des trésors !
Jésus, éblouissant comme le soleil ! Jésus, qui nous révèle vraiment qui il est : cet homme, c’est Dieu !
Vous vous rendez compte ?
À la fois homme et Dieu ! C’est une nouveauté incroyable, et pourtant nous y croyons à cette nouveauté des nouveautés, qui nous comble de joie !
Participer à la vie de Dieu en plénitude
Jusqu’alors, il manquait quelque chose à la plénitude de Dieu : il manquait à Dieu d’être homme aussi !
Et maintenant que nous voyons que Dieu et l’homme peuvent s’unir à ce point, nous croyons que l’Homme peut trouver sa plénitude en participant, en plénitude lui aussi, à la Vie de Dieu !
D’ailleurs, les disciples pressentent quelque chose de cette joie : « Il est bon que nous soyons ici ! » C’est vrai, c’est tellement agréable…
Mais ils sont surtout impressionnés, ces disciples, par le côté extraordinaire de ce qui se passe. Les Évangélistes nous le disent chacun à sa manière : pour Marc, les disciples ont été effrayés en voyant Jésus transfiguré, alors que Luc écrit qu’ils se mettent à frémir en entrant dans la nuée, et Matthieu, que c’est en entendant la voix de Dieu le Père qu’ils tombent la face contre terre…
Quoiqu’il en fût, frères et sœurs, aujourd’hui, nous n’avons pas à frémir de frayeur, mais seulement et à être pleinement comblés de joie !
Oui, pourquoi aurions-nous peur de cette lumière de toute beauté ?
Oui, pourquoi aurions-nous peur de cette nuée lumineuse, nuée de tendresse qui abrite et embrasse, nuée de consolation, nuée de miséricorde ?
Et pourquoi aurions-nous peur de cette voix, cette voix qui est la voix de l’Amour ? « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Joie d’être aimés
Alors donc, place à la joie !
Car nous aussi, avec le Fils tout-aimé, nous sommes enveloppés par la nuée, et comme lui nous sommes des fils et des filles tout-aimés, et en nous aussi Dieu notre Père met toute sa joie !
Alors, dans cet Amour, il n’y a de place que pour la confiance et la reconnaissance. Il n’y a de place que pour la joie !
Joie d’être aimés,
Joie d’être créés par cet Amour et pour cet Amour.
Joie de cette Alliance, de cette communion d’Amour avec notre Dieu qui se révèle aujourd’hui notre Père, qui se manifeste aujourd’hui dans toute sa beauté et dans toute sa bonté, qui nous dit à chacun, à chacune : « Tu es beau, mon enfant ! Regarde bien et écoute bien : toute ma beauté, elle est pour toi ! »
Et de même que cet instant de révélation éclaire toute la vie de Jésus, depuis son origine en gloire jusqu’à son avenir de gloire, cet instant illumine toute notre vie, de la grâce de notre conception jusqu’à la grâce de notre mort.
Oui, cet instant illumine tout notre passé et tout notre avenir de cette certitude que Dieu dans sa bonté était toujours avec nous, et sera toujours avec nous : « Tu étais là, et je ne le savais pas ! »
De petites transfigurations
Mais, bien sûr il y a eu aussi toutes les fois où nous l’avons su !
Toutes ces fois qui étaient des moments de révélation, comme de petites transfigurations, des moments de bonheur partagés avec d’autres, comme les grands événements religieux de notre vie : notre première communion, la célébration de notre mariage, celle de notre ordination ; ou bien des moments de bouleversements intimes au secret de notre cœur, dans le silence de la prière ; ou bien un simple service que nous rend un frère, une sœur ; ou bien le sourire de ce même frère, de cette même sœur, lorsque nous sommes étendus sur un lit d’hôpital…
N’oublions pas toutes ces joies qui nous révèlent l’Amour de Dieu et qui nous sont offertes au quotidien….
Alors, Frères et Sœurs, sommes-nous assez reconnaissants pour toutes ces transfigurations qui apparaissent sur notre chemin ?
Oui, il est bon de chanter au Seigneur la litanie de toutes ces joies, de se les rappeler, d’en faire mémoire dans la prière, et aussi d’en fêter l’anniversaire, car ces petites transfigurations sont des instants de grâce qui nous sont donnés pour illuminer tout le quotidien, on pourrait dire tout le banal de notre vie, mais qui est en fait chaque jour extraordinaire.
Reconnaître cette Présence qui est un Trésor
Chers Amis, c’est finalement tout simple : il s’agit de savoir reconnaître une Présence, une Présence qui se cache, cette Présence qui est le Trésor des trésors et la joie des joies !
Cette Présence qui émerveille les poètes, qui veulent nous aider à y être sensibles : « En toute chose le silence dit Dieu… Il suffit d’être… pour adorer », voilà ce que nous dit le grand poète Patrice de la Tour du Pin.
Une Présence qui nous fait aussi fredonner : « Y’a de l’amour dans l’air », et j’ajouterai : « Ça m’a bien l’air… d’être Quelqu’un. »
Oui, partout ce Trésor, partout cette Présence, partout cet Amour, partout cette joie, puisque l’Univers est dans la main de Dieu, et que nous sommes tous dans sa main.
Et puis… et puis ne l’oublions pas : il est en nous ce Trésor, il est dans notre cœur, toujours présent dans notre cœur, notre cœur qui est un petit Mont Thabor intérieur, une montagne de la Transfiguration que nous portons toujours en nous… pour notre joie… pour notre plus grande joie !
Amen.
2e Dimanche de Carême
Lectures bibliques : Genèse 12, 1-4; Psaume 32; 2 Timothée 1, 8-10; Matthieu 17, 1-9