Homélie TV du Jour de Noël 2022 (Jn 1, 1-18)

Mgr Jean-Luc Hudsyn, évêque auxiliaire du Brabant Wallon, église Saint-Nicolas, La Hulpe, Belgique

Nous avons entendu, soeurs et frères, le début de la lettre aux Hébreux : Dieu a parlé de bien des manières à nos pères. Mais en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils. Nous célébrons ce matin la manière dont Dieu s’y est pris à Noël pour parler à notre coeur. C’est Dieu lui-même qui vient à nous dans cet enfant de la crèche. C’est Dieu lui-même qui vient nous rejoindre : et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ! Un enfant en qui va se révéler cet amour inimaginable d’un Dieu qui vient partager notre humanité jusqu’au bout, dans sa beauté et son tragique, dans ses épreuves et dans ses joies.

Dans sa proximité jusqu’à l’extrême, Dieu vient nous manifester ce que nous sommes à ses yeux : tous, infiniment précieux ; tous – qui que nous soyons, et où que nous en soyons – tous désirables, au-delà de nos contradictions. Ce ne sont pas nos ténèbres intérieures qui auraient pu l’arrêter… Les anges le chantaient cette nuit : nous sommes ces hommes, ces femmes, ces enfants que Dieu aime et pour qui il vient ouvrir les chemins d’une nouvelle naissance toujours possible. Il est venu de nuit. Et il continue. Il vient dans les nuits de la guerre et de la terreur qu’elle répand. Il vient dans les détresses et l’inquiétude face à l’avenir qui étreignent bien des nôtres aujourd’hui. Il vient se faire proche de nos doutes, de nos chemins de traverse, de nos vies aux rythmes un peu fous qui créent souvent comme un vide en nous, comme le disait Christian Bobin : le temps manque à leur temps ; et la vie manque à leur vie…

La force de Dieu est dans son amour

Si Dieu humblement vient rejoindre nos fragilités, il n’est pas pour autant sans force, ni sans puissance. N’avez-vous pas constaté qu’il y a dans un tout-petit, comme une force insoupçonnée. Peut-être justement parce qu’il vient à nous désarmé, c’est nous qu’il vient désarmer. Et si sa mère le dépose dans nos bras – et je vois bien Marie le faire ! – nous en perdons nos moyens. Devant ce tout-petit, voilà que monte en nous une étrange émotion, une tendresse émerveillée, une attention extrême devant ce cadeau qui nous est confié. La force de cet enfant de la crèche, c’est de réveiller en nous le meilleur de nous-mêmes. C’est la force de l’amour quand il fait confiance comme cet enfant qui se livre entre nos mains : il ouvre les cœurs, il opère des miracles, il nous redonne un cœur de chair. C’est là qu’est la force de Dieu, dans son amour. C’est la seule force qui vaille, la seule qui peut engendrer la vie, celle qui fait des miracles.
Un Dieu qui qui nous guérit du mal, en se livrant sans défense entre nos mains. Corps livré pour nous, comme nous disons à chaque eucharistie, pour devenir nous aussi son Corps, sa chair, son amour en ce monde. L’Evangile de Jean nous parlait de tous ceux qui l’ont reçu. Leur vie en a été peu à peu transformée, comme la venue d’un tout-petit peu transformer bien des choses. Voilà qu’il nous tire de toutes ses forces du côté de la vie. Voilà que c’est lui qui nous prend par la main, et nous relance du côté de la confiance, de l’espérance. Il ressuscite en nous le gout de se donner, de prendre soin de lui, de prendre soin des autres.

Prendre soin

Dieu qui vient comme un enfant. Et donc comme une invitation. Sans s’imposer, sans discourir, sans mettre de conditions à son amour. Couché dans la paille, il vient en nous tendant les bras. Il nous demande ce qu’on n’avait sans doute jamais imaginé de la part d’un Dieu… Un Dieu qui nous demande de prendre soin de lui. De prendre soin de sa Parole. Et comme, il le demandera plus tard, de prendre soin, à sa manière, des plus petits, de tous ceux en qui ils voient des enfants de Dieu, qu’ils soient bergers ou rois ! Prendre soin aussi de ce monde et de cette terre venus par lui à l’existence. Pour lui, vivre ainsi, c’est cela naître de Dieu. L’Evangile de Jean nous en indique le chemin :

  • Il nous invite à nous placer sous la lumière du Christ, à nous laisser éclairer par Lui dans nos choix de vie
  • Il nous invite à Le laisser venir chez lui en nous. En restant à l’écoute de sa Parole ; en communiant à son Corps tout donné ; en prenant le temps de la prière pour naître de lui
  • Il nous invite à devenir enfants de Dieu, frère du Christ, frères et sœurs les uns des autres.

C’est le bienheureux Christian de Chergé, qui dans une homélie de Noël à Thibérine, avait eu cette parole, si belle : cette nuit-là, le Verbe s’est fait frère ! Prendre soin de Dieu ! Prendre soin de tous ceux qu’il appellera un jour ses frères, ses sœurs ! Prendre soin de ce monde… Telle se révèle ce matin notre mission, tel s’éclaire le sens que le Seigneur voudrait donner à notre vie : être avec lui des guetteurs de vie et des messagers de paix !

Messe du Jour de Noël
Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Psaume 97; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18

Message du pape François, 25 décembre 2022

Bénédiction Urbi et Orbi de Noël

Chers frères et sœurs de Rome et du monde entier, joyeux Noël !

Que le Seigneur Jésus, né de la Vierge Marie, apporte à chacun l’amour de Dieu, source de confiance et d’espérance. Et qu’il vous apporte en même temps le don de la paix que les anges ont annoncé aux bergers de Bethléem : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » (Lc 2, 14).

En ce jour de fête, nous tournons notre regard vers Bethléem. Le Seigneur vient au monde dans une grotte et il est couché dans une mangeoire pour animaux, parce que ses parents ne trouvaient pas où loger, alors que l’heure de l’enfantement était venue pour Marie. Il vient parmi nous dans le silence et dans la nuit parce que le Verbe de Dieu n’a pas besoin de projecteurs ni de la clameur des voix humaines. Il est lui-même la Parole qui donne sens à l’existence, la lumière qui éclaire le chemin. « La vraie Lumière – disait l’Évangile – qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn 1, 9).

Jésus naît au milieu de nous, il est Dieu-avec-nous. Il vient accompagner notre vie quotidienne pour tout partager avec nous, joies et souffrances, espérances et inquiétudes. Il vient comme un enfant sans défense. Il naît dans le froid, pauvre parmi les pauvres. Ayant besoin de tout, il frappe à la porte de notre coeur pour trouver chaleur et abri.

Comme les bergers, allons voir le signe que Dieu nous a donné

Comme les bergers de Bethléem, laissons-nous envelopper par la lumière et allons voir le signe que Dieu nous a donné. Surmontons la torpeur du sommeil spirituel et les fausses images de la fête qui nous font oublier celui qui est le fêté. Sortons de l’agitation qui anesthésie le cœur et nous pousse à préparer des décorations et des cadeaux plutôt qu’à contempler l’Événement : le Fils de Dieu qui est né pour nous.

Frères et sœurs, tournons-nous vers Bethléem où retentissent les premiers cris du Prince de la Paix. Oui, parce que Jésus lui-même est notre paix : cette paix que le monde ne peut donner et que Dieu le Père a donnée à l’humanité en envoyant son Fils dans le monde. Saint Léon le Grand a une expression qui, dans la concision de la langue latine, résume le message de cette journée : « Natalis Domini, Natalis est pacis », « Le Noël du Seigneur est le Noël de la paix » (Sermon 26, 5).

Jésus-Christ est aussi le chemin de la paix. Par son incarnation, sa passion, sa mort et sa résurrection, Il a ouvert le passage d’un monde fermé, opprimé par les ténèbres de l’inimitié et de la guerre, à un monde ouvert, libre de vivre dans la fraternité et dans la paix. Suivons cette voie ! Mais pour pouvoir le faire, pour être capable de marcher derrière Jésus, nous devons nous dépouiller des fardeaux qui nous entravent et nous maintiennent bloqués.

Et quels sont ces fardeaux ? Quel est ce « boulet » ? Ce sont les mêmes passions négatives qui ont empêché le roi Hérode et sa cour de reconnaître et d’accueillir la naissance de Jésus : l’attachement au pouvoir et à l’argent, l’orgueil, l’hypocrisie, le mensonge. Ces fardeaux nous empêchent d’aller à Bethléem, ils nous excluent de la grâce de Noël et nous ferment l’accès au chemin de la paix. Et nous devons constater, en effet, avec tristesse que les vents de la guerre continuent à souffler le froid sur l’humanité, bien que le Prince de la Paix nous soit donné.

Si nous voulons que ce soit Noël, le Noël de Jésus et de la paix, regardons vers Bethléem et fixons notre regard sur le visage de l’Enfant qui est né pour nous ! Et sur ce petit visage innocent, reconnaissons celui des enfants qui, dans toutes les régions du monde, aspirent à la paix.

Que notre regard se remplisse des visages de nos frères et soeurs ukrainiens qui vivent ce Noël dans l’obscurité, dans le froid ou loin de chez eux, à cause des destructions causées par dix mois de guerre. Que le Seigneur nous rende prêts à des gestes concrets de solidarité pour aider ceux qui souffrent, et qu’il éclaire l’esprit de ceux qui ont le pouvoir de faire taire les armes et de mettre fin immédiatement à cette guerre insensée ! Malheureusement, on préfère écouter d’autres arguments dictés par les logiques du monde. Mais la voix de l’Enfant, qui l’écoute ?

Une grave pénurie de paix

Notre époque connaît une grave pénurie de paix aussi dans d’autres régions, en d’autres théâtres de cette troisième guerre mondiale. Nous pensons à la Syrie, encore martyrisée par un conflit qui est passé au second plan mais qui n’est pas terminé. Et nous pensons à la Terre Sainte où la violence et les affrontements ont augmenté ces derniers mois, avec des morts et des blessés. Implorons le Seigneur pour que là, sur la terre qui l’a vu naître, le dialogue et la recherche de la confiance mutuelle entre Israéliens et Palestiniens puissent reprendre. Que l’Enfant Jésus soutienne les communautés chrétiennes qui vivent dans tout le Moyen-Orient, afin que dans chacun de ces pays l’on puisse vivre la beauté de la coexistence fraternelle entre personnes de confessions différentes. Qu’il aide le Liban en particulier, pour qu’il puisse enfin se relever, avec le soutien de la Communauté internationale et avec la force de la fraternité et de la solidarité. Que la lumière du Christ illumine la région du Sahel où la coexistence pacifique des peuples et des traditions est brisée par des affrontements et des violences. Puisse-t-il guider vers une trêve durable au Yémen et vers la réconciliation au Myanmar et en Iran, afin que cesse toute effusion de sang. Qu’il inspire les autorités politiques et toutes les personnes de bonne volonté du continent américain à œuvrer à la pacification des tensions politiques et sociales qui affectent différents pays. Je pense en particulier à la population haïtienne qui souffre depuis si longtemps.

En ce jour où il est bon de se réunir autour de la table dressée, ne détournons pas le regard de Bethléem, qui signifie “maison du pain”, et pensons aux personnes qui souffrent de la faim, en particulier les enfants, alors que, chaque jour, de grandes quantités de nourriture sont gaspillées et que l’on dépense des ressources pour les armes. La guerre en Ukraine a encore aggravé la situation, laissant des populations entières menacées de famine, notamment en Afghanistan et dans les pays de la Corne de l’Afrique. Toute guerre – nous le savons – provoque la faim et utilise la nourriture elle-même comme une arme, en empêchant sa distribution à des populations qui souffrent déjà. En ce jour, prenant exemple sur le Prince de la Paix, engageons-nous tous, et en premier lieu ceux qui ont une responsabilité politique, pour que la nourriture ne soit qu’un instrument de paix. Alors que nous profitons de la joie de retrouver nos proches, pensons aux familles les plus blessées par la vie, et à celles qui, en cette période de crise économique, luttent contre le chômage et manquent du nécessaire pour vivre.

Chers frères et soeurs, aujourd’hui comme hier, Jésus, la vraie lumière, vient dans un monde malade d’indifférence qui ne l’accueille pas (cf. Jn 1, 11) mais qui le rejette au contraire comme cela arrive à de nombreux étrangers, ou bien qui l’ignore comme nous le faisons trop souvent avec les pauvres. N’oublions pas aujourd’hui les nombreux réfugiés et personnes déplacées qui frappent à nos portes en quête de soutien, de chaleur et de nourriture. N’oublions pas les marginalisés, les personnes seules, les orphelins et les personnes âgées qui risquent d’être mises au rebut, les détenus que nous regardons seulement pour leurs erreurs et non comme des êtres humains.

Bethléem nous montre la simplicité de Dieu qui se révèle non pas aux sages et aux savants mais aux petits, à ceux dont le cœur est pur et ouvert (cf. Mt 11, 25). Comme les bergers, allons-nous aussi sans tarder nous émerveiller devant l’événement impensable de Dieu qui se fait homme pour notre salut. Celui qui est la source de tout bien se fait pauvre[1] et demande en aumône notre pauvre humanité. Laissons-nous émouvoir par l’amour de Dieu, et suivons Jésus, qui s’est dépouillé de sa gloire pour nous faire participer à sa plénitude.[2]

Joyeux Noël à tous !

[1] Cf. Grégoire de Nazianze, Discours 45.

[2] Cf. ibid

Homélie du Jour de Noël 2022 (Jn 1, 1-18)

Abbé Pascal Desthieux – Basilique Notre-Dame, Genève

Aujourd’hui la lumière a brillé sur la terre

Souvenirs d’un Noël confiné

Comment avez-vous fêté Noël il y a deux ans ? Vous souvenez-vous de ce Noël 2020, tellement compliqué ? On pouvait se réunir, mais seulement en petit comité, pas plus de six personnes, en gardant les distances et laissant les fenêtres ouvertes…
Certes, nous ne sommes pas mécontents en cette fin d’année de retrouver une certaine normalité, mais avec peut-être d’autres inconvénients de stress pour préparer ces fêtes de Noël, et peut-être que nous nous souvenons avec une certaine nostalgie de ce Noël vécu plus simplement.

Personnellement, j’ai vécu ce Noël 2020 de manière très particulière, puisque j’étais en isolement complet, avec un test positif, seul dans ma chambre, et terrassé par une lourde fatigue causée par le virus. Beaucoup d’entre vous ont fait cette expérience désagréable, et pour certain, cela a été même bien pire.
Pour moi, c’était douloureux de ne pas pouvoir célébrer les messes de Noël où j’étais attendu, ni de pouvoir participer aux petits repas familiaux. Mais ce fût aussi une expérience très forte, dans ce grand dépouillement qui me rapprochait de celui de la Sainte Famille à Bethléem, d’accueillir la présence d’un Sauveur, de pouvoir compter sur lui, de ressentir sa présence réconfortante.
Bref, je n’ai peut-être jamais vécu Noël si intensément.

C’est peut-être tout simplement cela Noël : cette lumière qui vient briller dans les ténèbres, une présence qui vient nous rejoindre particulièrement dans nos situations de pauvreté, de fragilité, de dépouillement.
C’est peut-être bien le Noël que vous passez cette année, dans une chambre d’hôpital, ou en étant assez seul.
Je vous souhaite vraiment, comme j’en ai fait particulièrement l’expérience il y a deux ans, de ressentir combien le Seigneur est là, il prend chair dans notre vie, dans notre humanité si souvent blessée, et vient apporter sa lumière qui brille en nous.

Il est né aujourd’hui ! 

Car, oui, Noël, ce n’est pas seulement une commémoration d’un événement du passé. C’est aujourd’hui que Dieu vient parmi nous.
La liturgie de Noël insiste beaucoup sur ce point.
L’antienne d’ouverture de la messe de la nuit dit : « Tous ensemble, réjouissons-nous dans le Seigneur : notre Sauveur est né sur la terre ! Aujourd’hui, pour nous, descend du ciel la paix véritable ! »
Le verset de l’alléluia de cette messe de Noël le confirme : « Aujourd’hui la lumière a brillé sur la terre. Peuples de l’univers, entrez dans la clarté de Dieu. Venez tous adorer le Seigneur ! »

Il y a 30 ans, j’ai fêté Noël à Bukavu, à l’est de ce qui était autrefois le Zaïre, aujourd’hui la République démocratique du Congo. Et je me souviens que, pendant la nuit de Noël, partout, on chantait : « Amezaliwa leo », ce qui signifie : « Il est né aujourd’hui ! »

Aujourd’hui. C’est aujourd’hui que cela se passe.
A chaque Noël, Dieu nous refait le don de son fils, réactualise sa venue en notre humanité accomplie il y a 2000 ans. C’est pour nous aujourd’hui que Dieu se donne et naît dans notre monde.
Oui, Dieu renouvelle tout particulièrement sa grâce aujourd’hui.
Pour nous, aujourd’hui, il prend notre chair et nous apporte sa lumière. J’aimerais encore développer avec vous ces deux thèmes que nous présente saint Jean dans le prologue de son Evangile.

Le Verbe s’est fait chair

« Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous ». Nous fêtons aujourd’hui un Dieu qui se fait l’un de nous, qui prend notre chair pour nous sauver, nous tendre vers Dieu, nous élever, nous diviniser.

Quand on veut soulever quelqu’un ou quelque chose, il faut nous mettre plus bas que celui ou ce que l’on veut soulever pour le prendre et l’élever. C’est bien ce que Dieu a voulu faire en se faisant l’un de nous, en se faisant petit bébé, en se faisant chair.

Le mot chair, en grec : sarx, désigne notre humanité de la manière la plus crue : ce mot signifie également la viande, notre carcasse. Dieu nous rejoint, aussi dans nos fragilités, dans nos parties les plus obscures. C’est la bonne nouvelle de Noël !

Le Verbe était la vraie lumière

« Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde ». Comme il est bon, en fêtant Noël, d’accueillir cette lumière. Qu’elle vienne éclairer chacune et chacun de nous, et chaque partie de nous-mêmes.

Saint Jean nous dit aussi que cette lumière n’a pas été acceptée par tous : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu », « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». Le rejet de Jésus qui le conduira à la Passion jusqu’à la Croix est déjà préfiguré ici.

Cela nous guette aussi quand nous nous passons de lui, quand nous ne ressentons pas profondément le besoin d’être sauvés par lui.

En cette fin d’année difficile, nous avons besoin de cette lumière du Sauveur. Depuis le mois de février, nous sommes tellement tristes d’apprendre ce qui se passe en Ukraine, avec cette guerre qui se prolonge et son lot de destructions et de victimes. Je repense à cette femme, devant sa maison détruite, qui disait : « je ne pensais pas voir ça de mon vivant ». Aujourd’hui, nous pensons fort à nos frères et sœurs ukrainiens qui souffrent, et nous invoquons le Christ, qui est le « Prince de la paix ». Que les dirigeants se laissent inspirer par lui, pour arriver, après cette guerre forcément injuste, à une paix juste et durable.

Les conséquences de la guerre se font sentir jusque chez nous, même si nous sommes un peu plus épargnés que d’autres. À cela s’ajoute peut-être nos difficultés personnelles, de santé, des souffrances, des épreuves, des deuils.

Alors, en cette fête de Noël, célébrons la venue du Sauveur, de celui qui vient briller dans nos obscurités, qui vient nous rejoindre dans nos fragilités, aujourd’hui, maintenant.
« Aujourd’hui la lumière a brillé sur la terre. »
« Aujourd’hui, pour nous, descend du ciel la paix véritable ! »

Messe du Jour de Noël
Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10 ; Psaume 97 ; Hébreux 1, 1-6 ; Jean 1, 1-18

Homélie de la messe de Minuit 2022 (Lc 2,1-14)

Mgr Jean Scarcella – Basilique de l’Abbaye de Saint-Maurice

Mes sœurs, mes frères, chers amis d’ici et d’ailleurs,

Dire que Noël est une fête à caractère universel est incontesté, je pense. Mais on pourrait se demander pourquoi… À cause de la Tradition ? Des antiques fêtes celtes de la lumière ? De la naissance de Jésus, le Fils de Dieu ? De la trêve que la fête apporte dans l’agitation du monde ? De l’aspiration de l’homme à la paix ? De l’appel à vivre plus intensément la vie de famille ? Ou des décorations dans les rues et des crèches dans les églises, voire des Père-Noël dans les neiges du Nord comme dans les sables du Sud ? Ou encore des cadeaux qui disent l’amour et l’amitié ? Tout cela dit ainsi pêle-mêle risquerait de donner une image plutôt éclatée de cette fête, mais pourtant tous ces éléments ont un point commun : la lumière. La lumière dans toutes ses dimensions, celle célébrée à l’origine lors des fêtes du solstice d’hiver et celle, originelle, célébrée dans l’étable de Bethléem.

Quelques propriétés de la lumière sont donc ici mises en évidence : la lumière qui donne la clarté en brisant les ténèbres, la lumière du feu qui réchauffe dans la nuit glaciale, la lumière qui étincelle et exprime la joie, la lumière qui découvre les visages et ouvre les cœurs, la lumière de la trêve qui apporte le réconfort. En fait la lumière dessine dans la nuit le pourtour des ombres, et éclabousse durant le jour la vérité qui s’expose : le soleil brillant dans la nuit, les étoiles étincelant sur le jour… Dans la lumière, la nuit et le jour se rapprochent, le mal et le bien se réconcilient, l’étranger et le familier se rejoignent, “amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent” (Ps 84, 11).

La crèche de Bethléem, lieu-source de tout ce que les hommes peuvent vivre en cette période de Noël.

Nous contemplons, au premier plan de ce tableau merveilleux une large palette de significations concernant Noël, mais, attirés par son point de fuite, nous serons immanquablement entraînés vers la crèche de Bethléem. Ce qui semble second, devient alors premier, lieu-source de tout ce que les hommes peuvent vivre en cette période de Noël. Qu’on le veuille ou non, c’est comme si le temps s’arrêtait, la paix pouvant prendre toute la place dans la vie du monde, les familles se regrouper unanimes dans l’amour, les traditions porteuses de tant de significations pouvant alors comme s’incarner dans un moment précis de l’Histoire.

Oui, la lumière reste première, et l’aube se levant sur le monde au jour de Noël est bien le don unique de Dieu à l’humanité, sa création qu’il veut sauver de tout ce qui contrarie la lumière, la conduisant dans la clarté éternelle en lui. Pourtant tout homme fait l’expérience “de son” Noël, mais restant attaché d’une manière ou d’une autre à cet élément premier lui apportant bonheur, joie et espérance.

Je dis oui à tout cela, mais je ne le crois possible qu’au prix de notre prière, de la prière de l’Église qui en Jésus, Dieu fait chair et Lumière du monde, seule porteuse du cri des hommes vers Dieu, cri de joie, d’attente et d’espérance. Finalement une fête de l’homme pour l’homme. Et pour nous, chrétiens, parce qu’est né le Fils de l’Homme, Lumière du monde, une fête de Dieu parmi les hommes : l’Emmanuel !

Ainsi rappelons-nous les paroles de saint Paul à Tite entendues tout à l’heure : “Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes, […] attendant que se réalise la bienheureuse espérance : manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.” Trois lignes, frères et sœurs, d’une densité énorme, trois lignes qui sont le kérygme, l’annonce de la Parole faite au nom de Dieu, révélant la réalisation de son œuvre d’Amour. Si la manifestation de la grâce est bien la naissance du Fils de Dieu, la bienheureuse espérance quant à elle confesse la vie de foi, et la manifestation de la gloire de Dieu proclame le salut. Le kérygme, c’est-à-dire l’annonce de la foi chrétienne, est un tout et ne peut s’énoncer qu’en partie. Ainsi on ne peut penser Noël, la naissance première, sans espérer la résurrection, la nouvelle naissance pour les hommes, qui s’accordera à la seconde venue du Christ sur terre. Noël ne peut être un en-soi, mais est bien un début, sans lequel l’œuvre de Dieu ne pourrait prendre corps. Et le commencement est bien la naissance de Jésus, l’Emmanuel – Dieu avec nous –, Dieu qui a pris corps d’homme pour intégrer l’humanité et la préparer, par sa Parole, son Verbe, à entamer son chemin de salut en écho à la bienheureuse espérance.

Si la naissance de Jésus est commencement, sa résurrection est aboutissement

Un auteur a écrit cette expression merveilleuse : « Le berceau de Noël est sous l’ombre de la croix ». Ça donne les frissons tant c’est beau de justesse et de mystère ! Comment l’homme, créature aimée de Dieu, peut-il cheminer vers son salut, si celui-ci ne lui est pas obtenu par Dieu lui-même, en Jésus, prénom qui veut précisément dire : “Le-Seigneur-sauve” ? “Car – dit plus loin saint Paul – il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. “ C’est-à-dire nous sauver ! Ainsi Jésus devait naître, mais son berceau était déjà sous l’ombre de la croix, car c’est bien elle qui est le signe du salut, celui de la délivrance de la mort, et de la bienheureuse espérance de la vie éternelle à venir. Si la naissance de Jésus est commencement, sa résurrection est aboutissement. Et entre ces deux grands moments de l’histoire de tout croyant au Dieu de Jésus Christ, il y a le chemin de l’espérance, ce chemin de foi qui prépare tout homme à suivre Jésus, à entrer dans son mystère et recevoir l’héritage promis. Et suivre Jésus c’est non seulement la mise en pratique de sa parole et de ses enseignements, de ses exemples et de tout l’amour qu’il offre à qui s’ouvre à lui, mais aussi l’exercice de la conversion qui libère de tout péché, la lutte contre le mal, la recherche de la paix, la volonté de développer des gestes de bonté, autant de manifestations de l’homme, émaillées dans la vie de Jésus et rassemblées sur la croix, où elles seront purifiées et vivifiées, afin d’être exaltées pour la gloire de Dieu le Père.

Oui, frères et sœurs, cette grande joie de la naissance du Sauveur qui est le Christ, et qui nous est annoncée aujourd’hui, doit être pour nous, bien sûr d’abord une source d’émerveillement et d’action de grâce sans pareille face à Dieu le Père, mais ne peut pas faire fi du don d’amour de Jésus offrant sa vie sur la croix pour le salut du monde, ni de l’espérance qu’il a ainsi mise en nos cœurs pour que, notre vie durant, nous annoncions la Bonne Nouvelle du salut. Celle de la crèche de Bethléem, celle de la lumière inondant le cœur de l’humanité, celle qui est chemin vers le ciel de la béatitude infinie.

Ainsi soit-il !              

Messe de la Nuit
Lectures bibliques : Isaïe 9,1-6 / Psaume 95 / Tite 2,11-14 / Luc 2,1-14

Homélie TV de la messe de Minuit 2022 (Lc 2, 1-14)

Mgr Eamon Martin, archevêque d’Armagh et primat de toute l’Irlande, en la cathédrale Saint-Patrick à Armagh, en Irlande du Nord.

À seulement 800 mètres de la cathédrale se trouve le célèbre Observatoire d’Armagh, fondé par l’archevêque anglican Richard Robinson en 1790. Grâce à ses grands télescopes, les astronomes d’Armagh peuvent étudier les étoiles et les planètes et explorer l’immensité de l’univers. À cette époque de l’année, regarder le ciel nocturne me rappelle l’incroyable miracle et le mystère de Noël : Réaliser que, parmi les millions de planètes de l’univers, Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique ici pour être notre Sauveur – un événement que Dieu avait préparé depuis des siècles ! Penser que Dieu, le Tout-Puissant, le créateur de tout ce qui existe, est né dans le temps comme un petit enfant, dans une humble étable, dans une famille pauvre – le Verbe éternel fait chair et vivant parmi nous ! Un ancien hymne latin résume la « grande et puissante merveille » de Noël : « O magnum mysterium et admirabile sacramentum ! »

L’histoire de Noël montre que nous pouvons participer à la divinité du Christ venu partager notre humanité

O quel grand mystère, et merveilleux sacrement, que les animaux puissent voir le Seigneur nouveau-né, couché dans une crèche ! Il peut être difficile pour nous de comprendre que Dieu aime chacun d’entre nous personnellement, de manière unique et intime. Bien que Dieu connaisse toutes nos faiblesses et nos péchés, il continue à vouloir que nous devenions le meilleur de nous-mêmes. L’histoire de Noël montre que nous pouvons participer à la divinité du Christ qui s’est humilié pour partager notre humanité. C’est pourquoi saint Paul, dans la deuxième lecture, nous exhorte à « renoncer à tout ce qui ne mène pas à Dieu ». Ce soir, alors que nous nous émerveillons devant les merveilles de l’univers et que nous pensons à la façon dont la gloire du ciel a été révélée à de simples bergers, il est bon de remercier Dieu de nous avoir donné cette Terre pour qu’elle soit notre maison commune, et de nous engager à prendre soin de notre planète en gaspillant moins et en étant plus conscients des dommages que notre vie égoïste peut causer à notre environnement. En nous rappelant que Jésus est né dans la pauvreté d’une étable, nous sommes reconnaissants pour la chaleur et la sécurité d’un foyer, et plus conscients de ceux qui ont moins de chance que nous – les sans-abri, les réfugiés, les affamés, les malades et les solitaires.

En réfléchissant, au moment de Noël, à la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, nous pensons aux membres de notre propre famille, à la maison ou au loin ; et nous pensons ce soir aux familles qui sont blessées ou séparées par la guerre et la violence, par la méfiance ou la rupture des relations. D’une manière particulière, prions pour les familles d’Ukraine, de Russie et d’autres parties du monde qui continuent à souffrir à cause de la guerre. Et, alors que nous contemplons avec émerveillement et crainte la présence de Dieu dans le nouveau-né Jésus, nous remercions Dieu pour les enfants, qui apportent tant de joie et de bonheur dans nos vies, en particulier au moment de Noël. Nous prions pour que la vie de tous les enfants – nés et à naître – soit protégée contre la violence, le trafic, les abus, la négligence ou l’exploitation.

Dans son encyclique Laudato Si, le pape François a écrit cette prière : « Dieu tout puissant, tu es présent dans l’univers entier et dans la plus petite de tes créatures. Tu embrasses de ta tendresse tout ce qui existe. Répands sur nous la puissance de ton amour, pour que nous puissions protéger la vie et la beauté. Remplis-nous de paix, afin que nous puissions vivre comme des frères et des sœurs, sans faire de mal à personne. »

Avec cette belle prière, je vous souhaite, ainsi qu’à vos familles, toutes les bénédictions pour Noël et pour la nouvelle année. Beannachtaí na Nollag oraibh go leir. Amen. (« Joyeux Noël à vous tous, mes amis »)

Traduction Emmanuel Tagnard

Messe de Minuit
Lectures bibliques : Isaïe 9, 1-6; Psaume 95; Tite 2, 11-14; Luc 2, 1-14

Homélie du 18 décembre 2022 (Mt 1, 18-24)

Abbé Pascal Desthieux – Basilique Notre-Dame, Genève

L’importance du nom

« On lui donnera le nom d’Emmanuel. »

« Tu lui donneras le nom de Jésus. »

Donner un nom, ce n’est pas rien. Le choix du prénom, c’est tellement important.

Je suis sûr qu’il y a une question que vous n’avez pas manqué de poser à vos parents : pourquoi vous ont-ils appelé ainsi ?

Mes parents m’ont répondu que j’étais prévu pour Pâques, et ils m’ont tous naturellement appelé Pascal. Ma sœur s’appelle Marie-Noëlle ; je vous laisse devenir avant quelle fête elle est née. Effectivement, c’est bientôt son anniversaire.

Le prénom est choisi soigneusement. C’est parfois le nom d’un membre de la famille particulièrement aimé. Ou le prénom d’un saint important pour nous.

Le prénom peut être aussi une reconnaissance, une action de grâce. Nous venons d’apprendre que la nouvelle représentante de l’évêque à Genève est depuis quelques jours l’heureuse maman d’un petit Nathanaël, très joli prénom qui signifie « cadeau de Dieu ».

A Joseph de lui donner un nom

Dans cet Évangile, qui nous prépare à Noël qui s’approche, c’est à Joseph que l’ange demande de donner un nom au Messie – je ne parle évidemment pas du joueur argentin qui affrontera cet après-midi la France en finale de la coupe du monde, mais du Messie tant attendu, dont le nom hébreu signifie : celui qui reçoit l’onction, en grec : Christos.

Joseph, dont le nom hébreu yôsephyâh, signifie : « Dieu ajoutera », reçoit donc cette mission importante. En donnant un nom à l’enfant, il assume la paternité légale et le fait entrer dans une lignée, en l’occurrence celle du roi David.

Joseph, dit l’Évangile, est un homme juste. Mais que va-t-il faire quand il apprend que son épouse est enceinte et qu’il sait pertinemment que cet enfant ne vient pas de lui…

Car oui, Joseph est déjà marié à la jeune Marie mais, non, ils ne vivent pas encore ensemble. Il faut savoir que dans les coutumes juives de l’époque, une jeune fille, dès qu’elle a atteint l’âge de 12 ans et un jour, peut être mariée. Une fois que le mariage est décidé, les deux familles se rencontrent, le jeune homme demande à la jeune fille : « veux-tu être ma femme ? », et elle a son futur mari : « veux-tu être mon mari ? », ils sont dès lors officiellement mariés. Mais comme elle est encore très jeune, la jeune fille retourne chez ses parents, au moins une année, en attendant le temps où elle sera prête pour s’établir chez son mari.

On comprend donc le désarroi de Joseph. Il ne veut pas que Marie soit condamnée, il lui fait miséricorde en décidant de la renvoyer en secret. Il se retire. Et voici que l’ange vient lui parler pour lui demander d’assumer pleinement cette paternité : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ». L’original grec apporte une précision intéressante, par deux petites conjonctions : « Car, en effet, certes » l’enfant qui est engendré en Marie vient de l’Esprit Saint » : c’est un fait, qui n’est pas remis en question. « Mais, cependant », toi, tu vas lui donner un nom.

Parmi les nombreuses interprétations de ce texte, je retiens celle de saint Jérôme qui estime que Marie lui avait révélé les paroles de l’ange qui lui annonce qu’elle sera la mère du Sauveur et qu’elle concevra de l’Esprit Saint. Joseph, homme juste, en présence d’une si grande œuvre divine qui le dépasse, estime qu’il est préférable de se retirer.

Vrai Dieu et vrai homme

Quoi qu’il en soit, pour nous, cet Evangile est important ; Matthieu nous a annoncé, en entrée de jeu, ce qu’il souhaite nous présenter : « Voici comment fut engendré Jésus Christ ». Il est réellement le Fils de Dieu, et c’est seulement ainsi qu’il peut être notre Sauveur, et en même temps il entre dans notre histoire, et dans une famille, la descendance de David.

Comme le confirme saint Paul dans la lettre aux Romains que nous venons d’entendre : « Cet Évangile, que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes dans les saintes Écritures, concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu. »

Tu lui donneras le nom de Jésus 

Alors qu’on donnait souvent à un enfant le nom de son père, l’ange demande à Joseph de lui donner le nom de Jésus, « qui veut dire Dieu sauve, car il sauvera son peuple de ses péchés ». Ce nom est tout un programme. Jésus est celui que Dieu nous envoie pour nous sauver !

Pendant ce temps de l’Avent, nous aimons invoquer et chanter la venue du Sauveur : Viens Seigneur, viens nous sauver !

Tout à l’heure, dans l’anamnèse, nous chanterons : « Notre sauveur et notre Dieu, viens Seigneur Jésus ».

Pour vraiment l’accueillir comme sauveur, il est bon de nous demander : de quoi ai-je besoin d’être sauvé aujourd’hui ? Qu’est-ce qui entrave mon chemin vers une paix profonde, un bonheur véritable, un amour authentique ?

Oui, viens Seigneur, viens nous sauver.

Il s’appellera Emmanuel, « Dieu avec nous »

Jésus reçoit un deuxième prénom, ou plutôt va réaliser cette prophétie d’Isaïe : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est-à-dire : Dieu avec nous ». Ce petit pronom hébreu : « im », est tellement important. « Avec ». Dieu est avec nous.

Noël, c’est Dieu qui se fait « avec », avec nous, avec chacun de nous.

Dans toute sa vie, Jésus va réaliser cette prophétie, en proclamant la proximité de Dieu, qui est profondément avec nous.

Et les dernières paroles de Jésus dans ce même Evangile de Matthieu seront justement : « Et moi, je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps ».

Comme il est bon pour nous que Dieu soit avec nous.

C’est d’ailleurs le plus beau souhait que nous pouvons nous adresser, et qui résonne à plusieurs reprises dans la liturgie : « Le Seigneur soit avec vous ! »

Et voici que nous pouvons nous aussi être « avec », avec Dieu et avec les autres. Ce « avec » exprime la relation. C’est ce qu’il y a de plus important. Nous l’avons tellement expérimenté, il y a deux ans, quand toutes les activités ont dû s’arrêter à cause du virus. L’important était les liens que nous avons tissés, pour pouvoir être tout simplement « avec ».

A nous d’être « avec » !

Merci, Seigneur, pour ta parole qui vient illuminer notre temps de l’Avent et notre préparation à Noël.

Merci, Seigneur, pour la venue de l’Emmanuel qui nous redit que tu es « avec » chacun de nous.

Merci pour Yeshouha, venu pour nous sauver.

Merci de nous permettre d’être nous aussi « avec » celles et ceux que tu as mis sur notre chemin, ou que tu nous confies.

Viens Seigneur Jésus, notre sauveur, nous t’attendons !

4e dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Isaïe 7, 10-16 ; Psaume 23 ; Romains 1, 1-7 ; Matthieu 1, 18-24