Homélie du 12 mars 2023 (Jn 4, 5-42)
Témoignage de Madame Marie-Agnès de Matteo, assistante pastorale – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Gland
Aujourd’hui nous entourons de notre prière tous les catéchumènes qui s’acheminent vers le baptême. J’ai eu la joie de rencontrer nombre d’entre eux et de les accompagner dans leur préparation.
Je suis très reconnaissante pour tout ce qu’ils m’ont apporté.
On reçoit souvent bien plus que ce que l’on donne.
Une démarche qui donne sens à l’existence
Je pense par exemple à un moment où l’Eglise était particulièrement secouée par une multitude de scandales. J’avoue en avoir été troublée. Je pensais alors à tous ceux que j’accompagnais vers le baptême ou vers le sacrement de confirmation.
Comment soutenir leur démarche dans un tel contexte ?
Mais à mon grand étonnement, je les ai retrouvés toujours aussi déterminés.
Il s’agissait pour eux de répondre à l’appel reçu de Dieu.
Ils m’ont témoigné que cela leur apportait un sentiment de paix, qu’ils faisaient l’expérience d’une joie intérieure toute nouvelle, que cette démarche donnait sens à leur existence et c’était bien le plus important.
Ce n’est pas moi qui les ai motivés à poursuivre sur ce chemin, ce sont les catéchumènes qui m’ont redonné confiance et espérance en l’Eglise.
Comme saint Paul ils pouvaient dire : « Nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu ».
N’est-ce pas cela qui nous porte, qui nous permet de nous soutenir dans les moments de joie, comme dans les moments d’épreuve ?
La louange : une ouverture du coeur
La première lecture nous parle de la souffrance d’un peuple qui a soif. Les fils d’Israël se demandent si le Seigneur est bien au milieu d’eux, ils perdent confiance.
Cette tentation de douter de Dieu est aussi la nôtre lorsque nous voyons l’état du monde, que traversons des épreuves, que nous devons faire face à la maladie ou que notre prière nous semble vaine.
Le lieu du combat spirituel est bien là. Le soupçon porté sur Dieu empoisonne notre existence. Il nous renferme sur nous-mêmes, durcit nos cœurs et finalement nous coupe de la grâce.
Bien au contraire la louange nous entraîne dans une ouverture de cœur, nous ouvre à la vie de Dieu pour qu’il puisse venir nous réconforter, nous soutenir, nous relever.
Rappelons-nous le psaume que nous venons d’entendre : « Adorons Dieu, nous sommes le peuple qu’il conduit, écoutons sa parole, ne fermons pas notre cœur ».
Il n’est pas facile de se laisser aimer
Avoir la foi c’est avoir confiance. Comme le disait si bien sainte Thérèse : « C’est la confiance, rien que la confiance qui conduit à l’amour ».
Le Seigneur a besoin de notre adhésion pour poursuivre son œuvre en nous et en ce monde.
C’est pourquoi la première chose que Jésus fait avec la Samaritaine c’est de se mettre à sa portée. Il sait le don qu’il veut lui octroyer, mais il n’adopte pas une attitude de surplomb, bien au contraire il s’abaisse jusqu’à avoir besoin d’elle : « Donne-moi à boire ».
Quelle est belle l’humilité de ce Dieu qui ne craint pas de s’abaisser pour nous rejoindre !
La Samaritaine est surprise, comme nous pouvons l’être nous aussi, elle a des résistances comme nous pouvons en avoir.
Il n’est pas si facile de se laisser aimer.
Comment le Tout Autre, créateur de l’univers, source de tout bien, peut-il s’intéresser à l’être misérable que je suis ?
Le dialogue entre Jésus et la Samaritaine s’établit, il éclaire sa conscience, lui fait comprendre qui elle est vraiment mais aussi à quoi elle est appelée.
Quel élan et quelle joie cela suscite en elle. Quelle bonne nouvelle pour sa vie. Et cette joie va en entraîner d’autres à accueillir le don de Dieu.
La révélation que Jésus fait à la Samaritaine est une promesse immense. Promesse d’une communion désormais possible entre nous et plus encore promesse d’une union intime avec Dieu.
Désormais le culte n’est plus une affaire de lieu, de temple, de montagne. L’eau vive jaillit dans chaque cœur aimant : « L’eau que je te donnerai deviendra en toi source d’eau jaillissant pour la vie éternelle ! ».
Promesse de la présence de l’Esprit Saint en nos cœurs.
Avec le Dieu d’amour tout est don
Jésus insiste sur le don. Avec le Dieu d’amour tout est don.
Nous pouvons à chaque instant, en tout lieu, prendre contact avec Dieu qui est présent à l’intime de notre être. Rien ne peut nous séparer de lui, il nous est confié comme le cadeau le plus merveilleux qui puisse nous être offert.
Mais le don n’implique pas la passivité. « Si tu savais le don de Dieu, c’est toi qui lui aurais demandé à boire ».
Le Seigneur attend que nous lui exprimions notre soif, notre désir de le recevoir.
Il est toujours présent auprès de nous. Si nous l’invoquons il est déjà là, prêt à se donner. Mais comme il respecte notre liberté il attend que nous ayons l’initiative de la rencontre.
Retrouvons-le souvent, dans un mouvement d’intériorité, pour nous abreuver à la source. Pour l’aimer et nous laisser aimer.
La prière c’est la rencontre de deux désirs, celui de Dieu le et le nôtre.
Il nous comblera à la mesure de notre soif.
Lors d’une rencontre entre des catéchumènes et notre évêque, une question leur a été posée. Pourquoi demandez-vous les sacrements de l’initiation chrétienne ?
Et là une jeune femme répond dans un cri du cœur : « Parce que je désire être sainte ».
Nous avons été quelque peu surpris par cet élan qui peut paraître ambitieux. Mais n’est-ce pas à cela que nous sommes tous appelés ?
Le Seigneur se donne à la mesure de notre désir.
Que cette source vive en nous soit débordante pour que l’amour de Dieu transparaisse dans chacune de nos rencontres.
3e Dimanche de Carême
Lectures bibliques : Exode 17, 3-7; Psaume 94; Romains 5, 1-8; Jean 4, 5-42
La nouvelle Miss Allemagne veut devenir pasteure
L’huile pour le couronnement du Roi Charles vient de Jérusalem
Homélie du 5 mars 2023 (Mt 17, 1-9)
Diacre Éric Monneron – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Gland, VD
La Transfiguration
Aujourd’hui, vous le voyez, il y a quelque chose qui brille sur la montagne…
Ne serait-ce pas un trésor ?…
Oui, c’est un trésor !…
Mais ce trésor, ce n’est pas quelque chose… C’est quelqu’un ! Un trésor bien plus précieux que de l’or… C’est Jésus, le Trésor des trésors !
Jésus, éblouissant comme le soleil ! Jésus, qui nous révèle vraiment qui il est : cet homme, c’est Dieu !
Vous vous rendez compte ?
À la fois homme et Dieu ! C’est une nouveauté incroyable, et pourtant nous y croyons à cette nouveauté des nouveautés, qui nous comble de joie !
Participer à la vie de Dieu en plénitude
Jusqu’alors, il manquait quelque chose à la plénitude de Dieu : il manquait à Dieu d’être homme aussi !
Et maintenant que nous voyons que Dieu et l’homme peuvent s’unir à ce point, nous croyons que l’Homme peut trouver sa plénitude en participant, en plénitude lui aussi, à la Vie de Dieu !
D’ailleurs, les disciples pressentent quelque chose de cette joie : « Il est bon que nous soyons ici ! » C’est vrai, c’est tellement agréable…
Mais ils sont surtout impressionnés, ces disciples, par le côté extraordinaire de ce qui se passe. Les Évangélistes nous le disent chacun à sa manière : pour Marc, les disciples ont été effrayés en voyant Jésus transfiguré, alors que Luc écrit qu’ils se mettent à frémir en entrant dans la nuée, et Matthieu, que c’est en entendant la voix de Dieu le Père qu’ils tombent la face contre terre…
Quoiqu’il en fût, frères et sœurs, aujourd’hui, nous n’avons pas à frémir de frayeur, mais seulement et à être pleinement comblés de joie !
Oui, pourquoi aurions-nous peur de cette lumière de toute beauté ?
Oui, pourquoi aurions-nous peur de cette nuée lumineuse, nuée de tendresse qui abrite et embrasse, nuée de consolation, nuée de miséricorde ?
Et pourquoi aurions-nous peur de cette voix, cette voix qui est la voix de l’Amour ? « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Joie d’être aimés
Alors donc, place à la joie !
Car nous aussi, avec le Fils tout-aimé, nous sommes enveloppés par la nuée, et comme lui nous sommes des fils et des filles tout-aimés, et en nous aussi Dieu notre Père met toute sa joie !
Alors, dans cet Amour, il n’y a de place que pour la confiance et la reconnaissance. Il n’y a de place que pour la joie !
Joie d’être aimés,
Joie d’être créés par cet Amour et pour cet Amour.
Joie de cette Alliance, de cette communion d’Amour avec notre Dieu qui se révèle aujourd’hui notre Père, qui se manifeste aujourd’hui dans toute sa beauté et dans toute sa bonté, qui nous dit à chacun, à chacune : « Tu es beau, mon enfant ! Regarde bien et écoute bien : toute ma beauté, elle est pour toi ! »
Et de même que cet instant de révélation éclaire toute la vie de Jésus, depuis son origine en gloire jusqu’à son avenir de gloire, cet instant illumine toute notre vie, de la grâce de notre conception jusqu’à la grâce de notre mort.
Oui, cet instant illumine tout notre passé et tout notre avenir de cette certitude que Dieu dans sa bonté était toujours avec nous, et sera toujours avec nous : « Tu étais là, et je ne le savais pas ! »
De petites transfigurations
Mais, bien sûr il y a eu aussi toutes les fois où nous l’avons su !
Toutes ces fois qui étaient des moments de révélation, comme de petites transfigurations, des moments de bonheur partagés avec d’autres, comme les grands événements religieux de notre vie : notre première communion, la célébration de notre mariage, celle de notre ordination ; ou bien des moments de bouleversements intimes au secret de notre cœur, dans le silence de la prière ; ou bien un simple service que nous rend un frère, une sœur ; ou bien le sourire de ce même frère, de cette même sœur, lorsque nous sommes étendus sur un lit d’hôpital…
N’oublions pas toutes ces joies qui nous révèlent l’Amour de Dieu et qui nous sont offertes au quotidien….
Alors, Frères et Sœurs, sommes-nous assez reconnaissants pour toutes ces transfigurations qui apparaissent sur notre chemin ?
Oui, il est bon de chanter au Seigneur la litanie de toutes ces joies, de se les rappeler, d’en faire mémoire dans la prière, et aussi d’en fêter l’anniversaire, car ces petites transfigurations sont des instants de grâce qui nous sont donnés pour illuminer tout le quotidien, on pourrait dire tout le banal de notre vie, mais qui est en fait chaque jour extraordinaire.
Reconnaître cette Présence qui est un Trésor
Chers Amis, c’est finalement tout simple : il s’agit de savoir reconnaître une Présence, une Présence qui se cache, cette Présence qui est le Trésor des trésors et la joie des joies !
Cette Présence qui émerveille les poètes, qui veulent nous aider à y être sensibles : « En toute chose le silence dit Dieu… Il suffit d’être… pour adorer », voilà ce que nous dit le grand poète Patrice de la Tour du Pin.
Une Présence qui nous fait aussi fredonner : « Y’a de l’amour dans l’air », et j’ajouterai : « Ça m’a bien l’air… d’être Quelqu’un. »
Oui, partout ce Trésor, partout cette Présence, partout cet Amour, partout cette joie, puisque l’Univers est dans la main de Dieu, et que nous sommes tous dans sa main.
Et puis… et puis ne l’oublions pas : il est en nous ce Trésor, il est dans notre cœur, toujours présent dans notre cœur, notre cœur qui est un petit Mont Thabor intérieur, une montagne de la Transfiguration que nous portons toujours en nous… pour notre joie… pour notre plus grande joie !
Amen.
2e Dimanche de Carême
Lectures bibliques : Genèse 12, 1-4; Psaume 32; 2 Timothée 1, 8-10; Matthieu 17, 1-9
En mars, le Pape demande de prier pour les victimes d’abus
Bannière UniFr. Mars 2023
Aux Etats-Unis, les parkings des églises pourraient servir à recharger les voitures électriques
Homélie du 26 février 2023 ( Mt 4, 1-11)
Abbé Jean-Claude Dunand – Eglise Saint-Jean-Baptiste, Gland, VD
Traverser un désert à pied, c’est une expérience qui déstabilise, qui décape, qui enrichit. C’est une aventure que plusieurs ont déjà eu la chance de vivre. Mais c’est vrai, il faut avoir l’audace de partir dans un tel projet.
Aujourd’hui, au début de cette célébration, nous avons été inviter à partir, par Françoise, à traverser le désert intérieur. Alors, marchons durant ce carême. Traversons le désert-carême ensemble jusqu’à la grande fête pascale.
Un désert symbolique
Chaque fois que l’être humain se retrouve au désert, la vie l’ayant conduit ou forcé, il est souvent confronté à la solitude, et il est donc amené à faire un choix : se replier sur soi dans sa solitude, ou chercher à développer une dynamique de communion. Pour cela, il devra oser la rencontre avec d’autres. La communion est possible entre des personnes qui décline avec confiance leur identité. Et plus l’identité est connue, plus la communion entre les individus est possible, intense et féconde. C’est le sens du désert où l’Esprit conduit Jésus. Et ce désert, dans la Bible, n’a pas de nom ; il n’est pas un lieu géographique comme le désert de Juda, où prêchait Jean-Baptiste. C’est un désert symbolique, le désert absolu.
Dans ce désert où l’homme se retrouve face à lui-même, isolé, la tentation est grande de se renfermer, de ne rechercher que la satisfaction de ses besoins et de ses désirs individuels, de tout ramener à soi. C’est dans cette situation que Jésus se trouve et c’est ce que l’évangéliste Matthieu nous rapporte à travers les trois tentations auxquelles Jésus est soumis.
Les tentations auxquelles Jésus est soumis
Tout d’abord Jésus est face à la tentation de pouvoir utiliser une force magique pour combler sa faim. En chacun de nous, il y a cette tendance à vouloir satisfaire sa faim, son besoin d’argent, son besoin de confort, son besoin de reconnaissance. Plus tard, après avoir enseigné les foules, Jésus multipliera les pains pour ne pas devoir les renvoyer affamées. Ce sera un geste de partage, de communion et non de repli sur soi.
A la deuxième tentation Jésus est invité à utiliser Dieu comme un magicien pour répondre à tous ses caprices. « Jette-toi du haut du temple ; et Dieu enverra ses anges te prendre dans leurs mains avant que tu ne touches le sol. » Le dieu proposé ici par le tentateur, c’est le dieu magicien que nous prions bien souvent, le dieu de nos dévotions superstitieuses. C’est notre tendance à mettre Dieu à notre service au lieu d’entrer en véritable relation d’amour avec Lui, en profonde communion.
La troisième tentation, c’est celle qui est la plus enracinée au fond de l’être humain, celle du pouvoir. Elle consiste à se réfugier dans son propre ego, et vouloir tout mettre à son service. Pour avoir ce pouvoir, vous connaissez l’expression, qui a inspiré une chanson à Florent Pagny : il suffit de vendre son âme au diable. « Tout cela m’appartient », dit le démon en montrant à Jésus tout l’univers. Je te le donne, si tu veux bien m’adorer. Dans un tel exercice du pouvoir, tous les autres sont niés, il n’a pas de place pour la relation, la communion. C’est le fonctionnement dans la solitude, l’isolement, qui exclut tout dialogue qui pourrait aboutir dans un enrichissement et un épanouissement interpersonnel d’une grande dignité. L’homme, ainsi, se diabolise.
Ces tentations font partie de notre condition humaine
Ces trois tentations sont le quotidien de nos aventures humaines et chrétiennes, quelques soient nos lieux de vie. Elles font partie de notre condition humaine. C’est dans notre liberté responsable que nous pouvons, et grâce à l’Esprit, choisir de ne pas nous enfermer dans de tel désert de solitude.
L’Église nous propose au début de ce désert-carême de nous mettre ensemble pour le traverser en compagnie de Jésus. Et certainement que les forces de communion nous fortifieront et nous souderont pour arriver joyeusement à la grande fête de Pâques. C’est en nous aidant les uns et les autres et en vivant profondément en communion avec Lui que nous aurons toutes les forces pour ne pas nous replier sur nous-mêmes.
Je suis persuadé que nous pourrons avancer ensemble et dépasser les étapes difficiles de notre pérégrination.
Et dans quelques temps, nous serons à la Joie Pascale.
N’ayons pas peur de cette traversée du désert.
Il est avec nous !
1er Dimanche de Carême
Lectures bibliques : Genèse 2, 7-9; 3, 1-7; Psaume 50; Romains 5, 12-19; Matthieu 4, 1-11
