


Homélie du 5 janvier 2025 (Mt 2, 1-12)
Diacre Bernard Litzler – Café du Col de Torrent, Villaz VS
Frères et sœurs, mes amis,
Pourquoi Netflix ou Disney Channel ne se sont-ils pas encore emparés de cette histoire de mages ? Il y a là tout pour une série à succès.
Acte 1 : Branle-bas de combat à Jérusalem. D’étranges étrangers arrivent sur des chameaux, ils mettent la capitale sens dessus dessous. Ils sont astrologues, devins, voyants, on ne sait pas trop. Tout le monde est interloqué. « Vous cherchez le roi des juifs ? Et c’est une étoile qui vous a guidés ? » Qu’est-ce que c’est cette histoire ?
Acte 2 : Dans son palais, Hérode le Grand, qui a de bons informateurs, est alerté. Il convoque les mages, puis les autorités religieuses. Le roi des juifs doit naître à Bethléem ? « Je vais dire à ces chameliers de me renseigner après avoir vu le nouveau-né ». La fourberie dans tous ses états, car un roi concurrent apparaît : or le seul roi, dans cette histoire, c’est lui…
Acte 3 : L’étoile va guider les mages vers l’enfant. Ils arrivent tout joyeux, à Bethléem. « Leur cœur frémit et se dilate », comme il dit le livre d’Isaïe. Et, ils offrent à ce roi inattendu leurs trésors : or, encens et myrrhe.
Acte 4 : Les mages ne trouvent pas le sommeil : ils doivent regagner Jérusalem, mais ils sont déconcertés. Ce roi des juifs, ce n’est pas celui qu’ils attendaient. Ils ont suivi l’étoile et c’est leur vie à eux qui est éclairée de manière nouvelle. Alors retourner ou pas chez Hérode ? Un songe les avertit : ils vont rentrer par un autre chemin, dit l’évangile de Matthieu.
« Dieu s’est fait enfant, Dieu s’est fait l’un de nous »
Voilà, frères et sœurs, ce qui constitue une belle trame, qu’on pourrait filmer avec de grands et beaux effets spéciaux. Mais ce que nous fêtons aujourd’hui, en ce dimanche de l’Épiphanie, c’est la manifestation de Dieu. Le cœur du message, c’est la révélation qui prolonge la fête de Noël : Dieu s’est fait enfant, Dieu s’est fait l’un de nous.
Paul, aux Éphésiens, évoque cette révélation à la portée universelle : la mondialisation est déjà en marche à travers le Christ.
En marche, oui. Récemment encore, après que j’ai prêché sur le mystère de Noël, une personne est venue me trouver en me demandant : « Il s’est vraiment fait homme, je veux dire, un homme comme nous ? ». C’est comme si cette personne prenait conscience : oui, Jésus a épousé notre condition humaine, il a pris chair, notre chair. Incroyable mystère de Noël.
Et incroyable mystère de l’attractivité de Dieu : Dieu attire. Dans l’Évangile, c’est l’étoile qui conduit les mages vers Bethléem. Et l’enfant-Dieu a un tel pouvoir de séduction que les mages vont se prosterner devant lui, avec leurs cadeaux précieux.
Des orientaux se prosternent devant le roi des juifs. Ce n’est pas un geste de soumission, mais de tendresse aimante vers celui qui est devenu leur star. Une star, mais pas dans un sens people. Le Christ est dépouillé des attributs du pouvoir : pas de palais, mais une maison et une humble famille.
Mais désormais, les astrologues ont trouvé leur étoile du matin : il n’y a plus de déterminisme astral ou d’angoisse cosmique. Un astre a conduit les mages vers le Dieu fait enfant, cet enfant qui est désigné par excellence comme l’étoile du matin, en attendant que ce même astre se lève dans nos cœurs.
Oui, mes amis, des contemplatifs hommes et femmes se lèvent, pour certains à 4 heures chaque matin, pour louer le Seigneur. C’est leur manière de se prosterner devant celui qui vient, cet astre qui se lève, ce soleil qui illumine le monde.
« Dans notre monde enténébré brille une lumière qui ne s’éteint pas «
Dans notre monde enténébré brille une lumière qui ne s’éteint pas : nos lumières artificielles ne sont rien au regard de la gloire du Seigneur qui illuminera la Jérusalem nouvelle.
Car en Jésus, le Dieu caché se révèle. L’invisible devient visible. Alors les adeptes des sciences occultes sont renversés : comme avec les mages astrologues, la lumière de Dieu renverse les perspectives. Hérode et ses manœuvres sont démasquées, le mensonge ne va pas gagner.
Cette lumière, c’est aussi celle de la victoire du Christ dans nos vies. Ce qu’il y a de magique dans cet évangile, c’est ce renversement. « Ceux qui adoraient les astres ont appris d’un astre à t’adorer, Seigneur, à te connaître, toi l’aurore qui descends d’en haut », dit une prière orthodoxe.
Dieu a retourné les mages. Il vient encore nous retourner aujourd’hui. Alors, mettons un peu de poussière d’étoile dans nos vœux de bonne année. Souhaitons-nous pour nous-mêmes, souhaitons à ceux que nous aimons, mais aussi à ceux que nous avons plus de peine à aimer, de découvrir les bons chemins, comme l’ont fait ceux qui sont retournés en Orient « par un autre chemin ». Amen.
Lectures bibliques : Isaïe 60, 1-6; Psaume 71; Ephésiens 1, 2~6; Matthieu 2, 1-12
De nombreux cadeaux de Noël sont revendus en ligne
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Homélie du 29 décembre 2024 (Luc 2,41-52)
Abbé Christophe Konopka – église St-Joseph, Lausanne (VD)
Chers amis, en plein milieu de nos fêtes de fin d’année, après Noël, nous célébrons aujourd’hui en une même fête les trois personnes qui forment ensemble la Sainte Famille: Jésus, Marie et Joseph. Et nous les fêtons non pas chacun pour eux-mêmes, mais en tant qu’ils forment cette entité particulière qu’est la famille humaine du Fils de Dieu. Jésus, Marie et Joseph, voilà un trio bien particulier. La Sainte Famille, qu’est ce que ces deux mots nous évoquent spontanément ? Quelles images nous remontent en mémoire?
Quelle merveille que Dieu ait voulu s’incarner dans une famille. Jésus, comme homme donne à nos familles sa noblesse la plus grande. Voyez comme Marie et Joseph en s’aimant sous le regard de Dieu, ouverts au mystère de la naissance de Jésus, l’accompagnent dans l’apprentissage de sa liberté humaine, dans l’apprentissage humain de l’amour, respectueux et confiants : ils laissent Jésus approfondir son expérience d’engagement religieux une journée entière sur le chemin du retour.
Avec Marie et Joseph nous sommes invités à accueillir dans notre cœur le mystère et la bonne nouvelle du Seigneur Jésus : il se révèle à nous dans son humanité, celle d’une famille humaine. Il se révèle dans sa divinité il nous invite à participer à l’une et à l’autre. La fête de ce jour nous donne de regarder Jésus, Marie et Joseph dans leur vie de tous les jours et d’entrer dans l’ordinaire de leur quotidien. C’est une vie ordinaire et un quotidien où il ne s’est pas rien passé. La vie ordinaire de la Sainte Famille nous dit que le quotidien devient un lieu de sanctification et de rencontre avec Dieu ; un lieu où il est possible de grandir dans notre humanité et de grandir également dans notre relation à Dieu, et ceci dans le déroulement ordinaire de la vie quotidienne.
Jésus a appris de ses parents les valeurs traditionnelles et, toute sa vie, il est resté « le fils du charpentier ». Les évangiles nous le rappellent continuellement. Il grandissait entouré d’amour et de tendresse. Marie et Joseph, protecteurs et éducateurs de l’enfant, avaient une relation positive avec Dieu et avec les autres.
Chaque jour, nous avons l’occasion d’accomplir les plans de Dieu pour nos vies. Aujourd’hui est un bon jour pour prier pour notre famille et pour toutes les familles qui souffrent, qui subissent des épreuves ou qui sont persécutées. Nous implorons la protection divine. Quelque soit notre situation familiale, la fête d’aujourd’hui nous fournit l’occasion de faire une petite relecture sur la vie d’amour et de foi de nos diverses familles.
Le texte de l’Évangile nous rappelle d’abord que la vie d’amour et de foi est basée sur la tradition et sur les valeurs humaines. C’est au sein de la famille que l’on apprend les notions fondamentales de la vie personnelle, civique et religieuse. Notre façon d’être, de penser, d’agir, d’aimer nous viennent en grande partie de nos parents. Nous sommes appelés à accompagner nos enfants dans un amour respectueux et confiant. La transmission des valeurs humaines et religieuses forme la base de l’éducation des enfants et des petits enfants.
Faisons un effort pour que notre maison reste un foyer d’amour, de foi, de pardon et d’apprentissage, afin que comme Jésus, les enfants et les petits enfants croissent en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes. À l’exemple de la sainte famille, nous ne recherchons rien d’extraordinaire, mais nous laisserons, si Dieu le veut, la grâce opérer en nous des choses extraordinaires. Amen.
Douze jours pour célébrer Noël après le 25 décembre
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Bannière Eglise-VD – Noël

Homélie du 25 décembre 2024 (Jn 1, 1-18)
Abbé Jean Burin des Roziers – Eglise Sts-Pierre et Paul, Cossonay-La Sarraz, VD
C’était le 7 décembre 2024. L’archevêque de Paris, Laurent Ulrich, a frappé trois fois de sa crosse la porte de Notre-Dame de Paris en disant : « ouvre tes portes » ! Et la cathédrale a réouvert ses portes, permettant à des millions de spectateurs de découvrir le magnifique travail réalisé par les artisans. Hier soir, le 24 décembre, une autre porte a été ouverte à nouveau par le pape François à Rome : la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre. L’ouverture de celle-ci marque le début de l’Année sainte, du Jubilé qui a lieu tous les 25 ans dans l’Eglise catholique.
Quel est le rapport entre ces deux ouvertures de porte et la fête de Noël que nous célébrons aujourd’hui ? A première vue, il n’y a pas de point commun. Pourtant, si nous contemplons ce qui s’est passé dans les récits de la naissance de Jésus, nous pouvons remarquer qu’il y a bien une sorte d’ouverture qui a eu lieu. Neuf mois avant que Jésus naisse, ce n’est pas un archevêque mais un archange, Gabriel, qui est venu frapper à la maison de Marie pour lui demander si elle acceptait de devenir la mère du Sauveur. Et Marie a dit « oui ».
A partir de ce moment, l’histoire de l’humanité a changé. Pour la première fois, le Verbe, c’est-à-dire le Fils de Dieu, par qui tout a été fait, a quitté le Ciel pour descendre ici-bas sur la terre. « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. » Dieu est entré dans notre humanité grâce à Marie qui lui a ouvert la porte.
Jésus se tient devant chacune de nos maisons et frappe à la porte
En réalité, Jésus se tient devant chacune de nos maisons et frappe à la porte. Avec douceur, il nous demande simplement : « Est-ce que je peux entrer chez toi ? Acceptes-tu que je demeure en toi ? » Dieu ne force pas une porte fermée, il respecte notre choix mais il aimerait tellement venir dans chacune de nos vies.
Si la Mère de Dieu l’a accueilli de tout son cœur, cela n’a pas été le cas de tous. Saint Jean le rappelle dans son prologue : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » Nous pouvons non seulement penser aux habitants de Bethléem qui avaient refusé d’accueillir chez eux Marie enceinte, mais aussi à toutes les personnes qui, au cours de l’histoire, ont rejeté le Fils de Dieu.
A l’inverse, beaucoup d’hommes et de femmes à travers les siècles l’ont accepté dans leur existence. L’Evangile continue : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. » En accueillant Jésus dans notre maison intérieure, il nous partage sa divinité, il nous rend semblable à lui !
Le pape François souhaite que cette Année sainte « soit pour tous un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus, ‘porte du salut’. Il est notre espérance. » Comme ce serait beau, en ce jour de Noël, si chaque personne pouvait écouter Jésus qui frappe à la porte de son cœur pour demeurer chez lui.
Nous pouvons nous sentir indigne de recevoir en nous Jésus, Dieu fait homme. C’est précisément ce que nous disons juste avant la communion : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir. » Qui aurait un palais assez grand pour honorer comme il se doit le Roi de l’univers ? Mais le Fils de Dieu n’a pas voulu naître dans un palais, juste dans une pauvre crèche. Si notre vie ressemble à un lieu avec beaucoup de cheni un peu comme une étable, c’est là que Jésus veut demeurer. Le pape rappelle si souvent que Jésus est venu pour tous : les prisonniers, les malades, les jeunes, les migrants, les personnes âgées, les pauvres… et vous !
Tout à l’heure, nous entendrons un beau chant de communion dont voici les paroles du refrain : « Tu es là présent, livré pour nous. Toi le tout-petit, le serviteur. Toi, le Tout-Puissant, humblement tu t’abaisses. Tu fais ta demeure en nous Seigneur. » Quand nous recevons le corps du Christ, nous sommes remplis de la présence de Dieu. Et c’est cela le grand cadeau de Noël. Jésus s’appelle aussi « Emmanuel », c’est-à-dire « Dieu-avec-nous », Dieu qui nous accompagne jour après jour quel que soit les épreuves que nous pouvons traverser. Si le Seigneur est devenu homme, c’est pour nous assurer de son amour et de sa présence permanentes. N’oubliez pas : le Seigneur est toujours avec vous !
Il est important de remarquer qu’une porte n’est pas seulement fabriquée pour entrer, mais aussi pour sortir. Après avoir accueilli Jésus dans notre vie, nous sommes appelés comme les bergers à sortir à l’extérieur pour annoncer la Bonne Nouvelle à tous ! Le pape François nous invite ainsi à « témoigner de manière crédible et attrayante de la foi et de l’amour que nous portons dans notre cœur (…). Donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent. »
Nous devenons ainsi des pèlerins d’espérance, de Jésus lui-même qui est entré dans notre monde pour nous sauver et nous offrir sa vie éternelle. Quel cadeau ! En cette fête de la naissance de Jésus, laissons résonner à nouveau ces paroles du pape Jean-Paul II au début de son pontificat : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! » C’est Lui le vrai cadeau de Noël, Lui seul qui peut nous donner la lumière
Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Psaume 97; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18

Homélie du 24 décembre 2024 (Lc 2, 1-14)
Abbé Anicet Nyandwi- Eglise Saint-Laurent, Charmey, Fr
Pour cet événement de la naissance de Jésus Christ à Bethléem, ce qui est le plus impressionnant c’est bien sûr l’éclat de la lumière des étoiles tout autour et la louange des anges venus du ciel, mais encore plus c’est le phénomène d’attraction autour de l’Enfant Jésus. Parce que la naissance de Jésus Christ porte l’espérance de toute l’humanité et le salut de toute la création. Tout proche de l’Enfant Jésus, c’est sa Maman Marie qui encore plus profondément contemple le miracle de Dieu dans sa vie et dans ce monde. À son côté il y a Joseph qui est encore dans l’admiration de cette merveille de Dieu qui a préféré passer par sa famille pour atteindre le coeur de toute l’humanité, et lui apporter le salut et la joie. Alors on sait que au moins les deux, donc Marie et Joseph, ont été préparés à l’avance par l’Esprit de Dieu pour accueillir ce grand mystère. Sinon c’est à peine que les autres pouvaient comprendre ce qui se passe réellement.
Même les grands savants comme les rois mages qui sont venus de très loin pour découvrir la naissance du roi le plus puissant du monde ne pouvaient pas sentir la satisfaction en eux-mêmes, parce qu’ils s’attendaient à rencontrer une majestueuse situation, mais tout au contraire, ils n’ont trouvé qu’un petit enfant né dans la misère.
Entrer dans la dynamique de Dieu
Aujourd’hui nous célébrons solennellement, nous chantons de belles mélodies et nous organisons des cadeaux de toutes sortes et des moments de fêtes pour vivre cette joie de Noël. Mais hélas, soyons aussi conscients que ça reste toujours un grand défi de pouvoir entrer dans cette dynamique de Dieu de se rendre humble par amour et par respect aux autres, afin de pouvoir transmettre une vraie force de la vie pour le monde d’aujourd’hui, et pour toutes les générations futures. Dans ces jours et pour tout le temps de Noël, nous sommes invités à multiplier nos visites à la crèche et de chanter autant que possible des chants qui expriment notre joie d’accueillir l’Enfant Jésus dans notre monde.
Quand j’ai posé la question à mes élèves de Broc et Charmey à savoir quel chant de Noël on connaît bien, ils se regardaient les uns les autres, et du coup ils ont entonné: „Felis navidad! Felis navidad!…“ c’est de l’espagnol et ça signifie „Joyeux Noël“; mais quand même il faut aussi continuer à essayer les autres beaux chants que nous avons, et surtout le „Gloria in excelsis Deo“ (Gloire à Dieu au plus haut des cieux), le chant mélodieux qu’ont chanté les anges de Dieu à la naissance de Jésus Christ. Je vais maintenant l’entonner à la manière africaine avec le tam-tam, et on verra si on arrive à s’adapter… Que cette mélodie de Noël retentisse de plus en plus au fond de notre coeur, car c’est là que se trouve la crèche principale que l’Enfant Jésus préfère.
MESSE DE LA NUIT
Lectures bibliques : Is 9, 1-6; Psaume 95; Tite 2,11-14; Luc 2, 1-14
Londres, « capitale européenne de la charia »
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Homélie du 22 décembre 2024 (Lc 1, 39-45)
Bertrand Georges, diacre – Eglise Saint-Laurent, Charmey, FR
Chers frères et sœurs paroissiens du Val-de-Charmey, chers auditeurs et auditrices de RTS Espace 2, en ce 4e dimanche du temps de l’Avent, l’Évangile nous invite à contempler Marie dans sa Visitation auprès de sa cousine Élisabeth. Ce choix est heureux, car nous ne pouvons pas trouver de meilleure accompagnatrice que Marie sur notre chemin vers Noël. Elle nous y entraine à travers trois attitudes :
– Il y a tout d’abord le service, qui pousse Marie à aller avec empressement soutenir sa cousine plus âgée qu’elle.
– Il y encore, l’action de grâce et la louange. Tout respire la joie et l’allégresse dans cette rencontre : sous l’action de l’Esprit-Saint, Jean tressaille dans le sein de sa mère, Élisabeth clame sa reconnaissance, Marie entonne son Magnificat !
– Enfin, ces deux femmes donnent un lumineux témoignage de foi, sur lequel nous allons méditer. Mais avant cela, revenons huit siècles auparavant, pour nous laisser rejoindre par le prophète Michée dont l’oracle va un jour guider les Rois Mages jusqu’à la Crèche (Mt 2,5-6).
Michée et les autres prophètes bibliques interpellent le peuple de deux manières :
– Parfois ils avertissent ceux qui s’égarent ou s’éloignent de Dieu et de sa loi d’amour, au risque, s’ils s’obstinent dans cette voie, de devenir les artisans de leur propre malheur.
– A d’autres occasions, surtout dans les temps d’épreuve, ils encouragent ceux qui demeurent fidèles afin qu’ils persévèrent et résistent à la tentation de tout laisser tomber.
Le mal n’aura pas le dernier mot
C’est précisément ce type de prophétie que Michée adresse au peuple : à ceux qui se demandent si Dieu les a abandonnés (ce qui peut aussi nous arriver), le prophète réaffirme que le mal n’aura pas le dernier mot, que le Seigneur accomplira fidèlement sa promesse : un jour, leur assure-t-il, celle qui doit enfanter mettra au monde un Roi, qui, comme David, naîtra à Bethléem et conduira son peuple. Il sera revêtu de la puissance du Seigneur pour accorder la sécurité et la paix. (Mi 5,2-4). Autrement dit : Même si les temps sont durs, gardez courage ! Le Messie promis viendra, c’est certain.
Il y a une béatitude liée à la foi
L’Évangile de la Visitation, nous l’avons dit, est tout imprégné de joie et d’allégresse. Il est aussi un puissant témoignage de foi. « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » se demande Élisabeth. Le mot Seigneur, Kurios, en grec , qu’elle professe est le titre divin que donneront les apôtres à Jésus ressuscité. Élisabeth reconnait donc que l’enfant que porte Marie est le Fils de Dieu. Voilà un bel acte de foi ! Et elle continue dans cet élan en proclamant, au sujet de Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Cette confession de foi rappelle l’interpellation de Jésus à Saint Thomas : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29). Il y a donc une béatitude liée à la foi. Un bonheur de croire. Si c’est vraiment le cas, ne vaut-il pas la peine de se demander : mais au fond, ça signifie quoi « avoir la foi » ?
Nous pouvons dire qu’il y a plusieurs degrés ou étapes sur le chemin de la foi :
– Croire que Dieu existe, qu’il doit bien y avoir une intelligence qui soit à l’origine de l’univers et de la vie. Certains la nomment Dieu, d’autres, énergie cosmique, « grand horloger », cause première … Cette opinion, très répandue et souvent assez confuse, atteste que l’homme a besoin de religiosité et de croyance.
– Croire Dieu, comme lorsque l’on dit « je crois Laetitia ». Là, je crois celui qui se révèle. « Je crois Dieu », signifie que je le reconnais comme source de vérité, que j’adhère à ce qu’il dit de lui-même (dans la Bible).
– Croire en Dieu. A ce niveau, il y a l’expérience d’une rencontre qui ouvre à une relation de confiance. Je peux me confier en Lui, m’appuier sur Lui. Il s’agit non seulement d’une adhésion de l’intelligence, mais aussi du cœur, qui va entrainer un agir, une pratique, une manière de vivre, illuminée par l’amour.
Reconnaissons-le, lors des périodes difficiles, ce n’est toujours facile de croire à l’existence de Dieu. Au point que parfois, certains nous demandent : « Où est-il ton Dieu ? Es-tu sûr qu’il existe ? » Peut-être que cette question en cache une autre qui est, au fond, la vraie question. « Est-ce que moi, j’existe pour Dieu ? » Dans les moments de doute, d’angoisse, d’épreuve, Dieu peut bien être l’architecte de l’univers … ce n’est pas le fait de croire à une telle figure lointaine qui va m’aider à avancer.
La certitude que Dieu nous connaît, nous aime
Lorsque nous nous sentons seuls dans nos difficultés, la vraie consolation ne nous viendra pas seulement de la foi en l’existence de Dieu, mais de la certitude qu’Il nous connait, qu’il nous aime, qu’il n’est pas indifférent à notre sort.
Et c’est précisément là que nous touchons le mystère de Noël ! La naissance de Jésus est une sublime manifestation de l’amour de Dieu pour nous. « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle », dit Jésus (Jn 3,16).
C’est pour nous qu’il s’est fait homme. Ne pouvant se résoudre à nous laisser nous égarer, Dieu, en Jésus, se fait l’un des nôtres. Il vient instaurer une relation personnelle, une relation d’amour. Notre foi ne nous met pas en contact avec un concept flou, abstrait, distant, mais bien avec le Dieu vivant. Lorsque la Bible dit « Ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé. […] Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime » (Isaïe 43,1 ; 4), c’est à chacun et chacune de nous qu’il le dit.
C’est à ce niveau-là, que la foi nous rend réellement heureux. Une foi renouvelée en Jésus, voilà le vrai cadeau de Noël ! Et c’est par Marie que nous pouvons le mieux nous préparer à l’accueillir. Aussi, en cette veille de la Nativité, nous pouvons nous tourner vers la Mère de Dieu et la prier : « Vierge bénie entre toutes les femmes, Mère choisie entre toutes les mères, Mère du Christ et mère des hommes, donne-nous ton Fils, donne-nous ton Fils ». (Donne-nous ton Fils – V116, Maurice Debaisieux, Auteur, compositeur).
4e dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Michée 5, 1-4; Psaume 79; Hébreux 10, 5-10; Luc 1, 39-45