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Une papamobile à l’hydrogène

Homélie du 15 novembre 2020 (Mt 25, 14-30)
Abbé Giuseppe Foletti – Basilique Notre-Dame, Lausanne
Introduction
« Tends ta main au pauvre » est le titre que le pape François a voulu donner au message qu’il a écrit pour cette 4e journée mondiale des pauvres.
Le souci que le pape porte envers les personnes moins favorisées est certainement présent en lui comme sentiment simplement humain, qui nous pousse à lutter contre l’injustice et la souffrance de tant de personnes qui vivent une pauvreté matérielle ou toute autre sorte de pauvreté, comme par exemple la solitude que de nombreuses personnes vivent en cette période où on nous demande de limiter au maximum nos contacts sociaux. Pensons aussi à tant de personnes qui malgré le bien être matériel ne trouvent pas un sens à cette vie : c’est aussi une pauvreté.
Notre foi nous aide à comprendre aussi que « tendre la main au pauvre » nous convient ; nous avons quelque chose de décisif à apprendre, à découvrir en nous ouvrant à nos frères et sœurs dans le besoin. Là, dit le pape dans son message, « nous pouvons rencontrer le Seigneur Jésus ».
La soif de Dieu : le besoin le plus profond
Ces rencontres nous provoquent et nous interrogent ; elles sont des occasions de sortir de nous-mêmes et de notre confort et de nous ouvrir à un partage qui nous enrichit tous. Elles sont aussi l’occasion de découvrir que nos efforts sont une chose bonne, mais ils ne sont pas toute la réponse. Même si nous parvenons à soulager une situation de fragilité, nous nous apercevons que nous ne sommes pas en mesure de répondre au besoin le plus profond qui nous habite tous, qui est la soif de Dieu. Nous sommes tous pauvres en ce sens-là, et il s’agit dans ce cas d’une pauvreté vertueuse qui nous ouvre à la relation avec Dieu et avec les autres.
La grâce de la rencontre avec le Christ
La parabole des talents, que nous venons d’entendre dans l’évangile d’aujourd’hui, nous rappelle que les dons que Dieu nous fait ne sont pas là pour être gardés pour soi, mais pour être partagés ; seulement de cette manière ils porteront du fruit. Ce que nous avons reçu nous comble d’une gratitude qui nous pousse à le partager autour de nous ; ce don consiste sans doute dans les biens matériels ou de caractère, mais aussi et surtout la grâce de la rencontre avec le Christ. C’est la gratitude pour cette rencontre qui nous sauve, qui pousse le chrétien à aller à la rencontre des autres, et le soutien matériel est signe de ce regard plein de tendresse que le Seigneur a posé sur chacun de nous. Ce qui est beau aussi dans cette parabole, c’est que tous reçoivent des talents. Ceci vaut pour chacun de nous aussi : quelle que soit la circonstance dans laquelle on se trouve, le Seigneur donne des talents que nous avons à découvrir et à faire fructifier.
Nous écoutons maintenant le témoignage d’Amina, une de ces personnes vivant en situation de précarité, qui pourra nous montrer cette espérance que rien ne peut supprimer.
Témoignage
Bonjour à tous,
Je m’appelle Amina. Je suis mère de 4 filles dont 3 sont diabétiques et je viens du Maroc.
Je suis arrivée en Suisse en 1986. J’ai d’abord vécu une année à Bâle mais il y avait la difficulté de la langue. Je n’étais pas bien là-bas. Alors, je suis partie à Genève pendant plus de 10 ans. Au début, j’étais très heureuse et j’ai rencontré mon mari. C’est là que mes deux premières filles sont nées. Je travaillais auprès des personnes âgées, puis à l’aéroport comme vendeuse.
Comme mon mari travaillait à Lausanne, nous avons décidé de déménager. C’est alors que ma dernière fille est née. Cela fait maintenant 20 ans que j’habite dans le quartier de la Bourdonnette.
A l’âge de 4 ans, ma 3ème fille est tombée malade et elle a dû rester 2 mois à l’hôpital. Cela a été un choc pour nous et j’ai eu du mal à l’excepter. C’était très dur et nous avons dû apprendre à vivre avec le diabète. Malheureusement, 2 autres de mes filles l’ont aussi eu et ont toujours cette maladie. Pour moi, c’était trop et je suis tombée dans la dépression.
La situation est devenue difficile avec mon mari et nous avons fini par nous divorcer. Aujourd’hui, notre mariage a pris fin mais l’amour et le respect continu car je peux compter sur lui.
Grâce à leur attention, j’ai compris que je comptais aux yeux des autres
Heureusement, sur ma route, j’ai rencontré des personnes formidables qui m’ont aidées à me relever. Tout d’abord, j’ai eu la chance d’être soutenue par une infirmière extraordinaire. Puis, j’ai rencontré les sœurs de la Charité au centre œcuménique de la Bourdonnette. Leur présence et leur attention m’ont permis de me rendre compte que je comptais aux yeux des autres.
C’est là que j’ai aussi rencontré Doris, l’aumônière du quartier. Sa présence, son écoute et son soutien m’aident au quotidien. Elle vient chez moi, nous buvons le café et je peux discuter avec elle de tout. Non seulement, elle m’aide pour le quotidien mais elle m’aide spirituellement.
Dans mon parcours, la fondation mère Sofia a aussi été une aide importante.
Aujourd’hui je peux redonner ce que j’ai reçu
Merci à toutes les personnes qui m’ont aidées. Aujourd’hui, pour moi c’est important de soutenir aussi d’autres personnes. Je peux redonner ce que j’ai reçu.
J’aime beaucoup la Bourdonnette et je suis par exemple active dans le centre socio-culturel dans les activités et le comité. Être présente pour les autres est essentiel même si les rendez-vous pour mes filles me demandent du temps.
Malgré mes difficultés, je garde confiance en Dieu. Si on n’a pas la foi, on n’arrive pas à s’en sortir. C’est grâce à ma foi, que je fais face aux épreuves. Dieu existe. Je suis musulmane mais j’ai beaucoup de respect pour les autres religions. Par exemple, nous avons beaucoup de chose en commun avec les chrétiens : le respect, l’entraide ou l’amour. Dieu nous commande de nous aimer.
Dans le Coran, il est dit de s’assurer que les 7 voisins du côté droit et gauche vont bien et qu’ils ne manquent de rien. On ne peut pas dormir si on n’est pas sûr que nos voisins aillent bien.
Le message que je souhaite transmettre c’est l’importance d’être là pour l’autre et de rester soudés. La foi est vraiment une aide dans nos épreuves.
33e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Proverbes 31, 10-13.19-20.30-31; Psaume 127, 1-2, 3, 4-5; 1 Thessaloniciens 5, 1-6; Matthieu 25, 14-30
Les Arméniens craignent pour leur patrimoine religieux
L’écrasante majorité des églises de Suisse soutient l’initiative « pour des entreprises responsables »
Les minorités mises de côtés en Birmanie lors les élections legislatives
Un site web pour tout savoir de l’islam en Suisse

Homélie du 8 novembre 2020 (Mt 25, 1-13)
Abbé Marc Donzé – Monastère du Carmel, Le Pâquier, FR
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. »
C’est la leçon d’une fable célèbre de Jean de La Fontaine : le lièvre et la tortue. Vous connaissez sûrement l’histoire. Les deux animaux se défient pour une course. La tortue parie qu’elle va gagner. Le lièvre, sûr de sa supériorité, se moque d’elle. La tortue se met en route tout de suite. Le lièvre, lui, insouciant, s’amuse, se baguenaude, se divertit. Tout à coup, il se réveille et se met à courir, à sauter, à gambader. Trop tard. La tortue vient de franchir la ligne d’arrivée. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».
Ce souvenir poétique et scolaire a provoqué en moi un écho avec la parabole des dix jeunes filles, que l’on vient de lire. Autrefois, on l’appelait la parabole des vierges sages et des vierges folles ; c’était plus joli.
Les jeunes filles insouciantes, les vierges folles – celles qui manquent d’huile – me font penser au lièvre. Comme lui, elles s’amusent, se divertissent et ne pensent pas à l’essentiel. Quand sonne l’heure du réveil, l’heure de la noce, l’heure de la fête de l’amour, elles ne sont pas prêtes. Elles me font penser à toutes ces personnes qui courent, qui sautent, qui virevoltent, qui surfent sur la vague, pour occuper l’existence. C’est superficiel, c’est si simple et c’est loin d’être désagréable. Peut-être est-ce aussi notre manière de vivre, parfois !
Faire provision de sagesse pour la fête de l’amour
Avec persévérance, comme la tortue qui marche longuement, les jeunes filles prudentes, les vierges sages font provision d’huile. L’huile de la lampe, c’est le symbole de la sagesse. Elles font donc provision de sagesse pour la fête de l’amour.
Mais, qu’est-ce que la sagesse ? Souvent, nous avons l’image de l’enfant sage, qui ne fait pas de bruit, qui obéit, qui fait plaisir. L’enfant adapté, comme disent certains psychologues. Et même l’adulte adapté : celui qui ne dérange pas, qui suit le courant, qui se conforme à tout, ou presque. Si c’est cela la sagesse, ce n’est pas très attirant.
Cultiver la Sagesse : faire une rencontre
Mais l’Écriture sainte nous dit autre chose. « La Sagesse – avec un grand S – est resplendissante… elle apparaît avec un visage souriant ». La Sagesse, c’est l’attention à l’enjeu profond des événements, c’est le respect des personnes même les plus faibles, c’est, pour le dire avec saint François d’Assise, considérer toute personne et toute chose comme un frère, une sœur. Tutti fratelli… e sorelle. Et tout au fond, même si ce n’est pas explicitement conscient, cultiver la Sagesse, c’est faire une rencontre. « Au détour des sentiers, elle nous apparaît avec un visage souriant ». Et c’est le visage de l’Amour divin. Sans masque, assurément…
Nous voilà donc invités à aller à la rencontre de la Sagesse – avec un grand S. Ce n’est aucunement ennuyeux… c’est passionnant et c’est original pour chacun, puisque nous sommes tous différents.
La Sagesse pousse à l’action
La rencontre de la Sagesse illumine le cœur et l’esprit, mais pas seulement ; elle pousse aussi à l’action. Considérer les autres comme frères et sœurs, c’est une attitude quotidienne, qui peut aller très loin, jusqu’au baiser au lépreux, comme le fit François. La Sagesse en action peut même inciter à des décisions qui apparaissent aux gens raisonnables – ou soi-disant tels – comme folles.
Un exemple concret – et célèbre – pour ces temps de pandémie. Un exemple immense, mais qui peut donner à penser. Le jeune Louis de Gonzague, de très noble famille italienne, devenu jésuite, vécut au temps de la peste. Par amour pour ses frères et sœurs en humanité, il décida de ne pas rester protégé dans sa maison religieuse, mais il alla soigner les pestiférés. Il savait que c’était dangereux, il le paya d’ailleurs de sa vie. Mais il fut follement fidèle à la Sagesse, dans sa vague la plus profonde.
Les vierges sages – et pleines du bel Amour – nous donnent donc l’inspiration de chercher quel est, pour chacun de nous, le chemin contemplatif et actif de la Sagesse.
Il faut veiller tout le temps
Mais alors, quand est-ce le bon moment pour le faire ? Peut-on s’attarder, comme le lièvre de la fable ? Pourtant l’Évangile nous dit : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure ». On ne peut pas spéculer sur le bon moment de se mettre en route. « Veillez donc… ». Autrement dit, le bon moment, c’est maintenant, car il faut veiller tout le temps. C’est maintenant qu’il faut creuser le sens profond des événements. Et l’aujourd’hui nous offre tellement d’interrogations qu’il s’agit d’éclairer. Deux exemples : quel sens de la vie et de la destinée des hommes, quel sens du respect, quelles attitudes de solidarité éveillent en nous la pandémie de Covid-19, au-delà des simples recommandations élémentaires que nous devons respecter ? Ou comment voir l’autre comme un frère ou une sœur, surtout quand ce n’est ni évident, ni spontané ? La rencontre avec la Sagesse peut donc être très concrètement contemplative et active. Allons-y, c’est maintenant.
Cependant, pour bien des personnes, la question reste tout de même : quand arriveront le jour et l’heure (sous-entendu de la fin des temps) ? La première réponse est claire et Jésus l’a donnée lui-même : nul ne sait le jour, ni l’heure. Il est donc vain d’essayer de deviner le moment. Et tous ceux qui prétendent le connaître sont des charlatans et des faux prophètes.
Mais il est une deuxième réponse : le jour, c’est celui de la résurrection, pour chacune des personnes et pour l’ensemble de ceux qui auront, d’une manière ou d’une autre, consenti à l’Amour ou à la Sagesse. La résurrection, voilà l’illumination fondamentale, le cœur de la Sagesse, comme l’atteste saint Paul.
Si le point d’arrivée de cette vie est un grand trou noir, pourquoi ne pas s’éclater, comme on le dit populairement ? Mais si le point d’arrivée est la fête de l’Amour, dans la lumière de la Résurrection, pourquoi ne pas faire provision de l’huile de la Sagesse jour après jour. En plus, c’est beau, c’est passionnant, puisque la Sagesse est resplendissante. Et même dans les jours les plus graves, elle insère un petit rayon de lumière. Amen.
32e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Lectures bibliques : Sagesse 6, 12-16; Psaume 62, 2, 3-4, 5-6, 7-8; 1 Thessaloniciens 4, 13-18; Matthieu 25, 1-13