Abus sexuels: les évêques espagnols commandent un audit indépendant

La Conférence épiscopale espagnole (CEE), pressée de toutes parts, va finalement commander un audit indépendant sur les abus sexuels commis au sein de ses institutions, congrégations et collèges. La CEE fait partie des dernières conférences épiscopales d’Europe à n’avoir pas encore entrepris un travail d’enquête approfondi.  

Elle va confier cette tâche au cabinet d’avocats Cremades & Calvo Sotelo, qui ouvrira un canal indépendant pour recevoir les plaintes et offrira sa collaboration aux autorités pour aider à clarifier les faits et établir un système de prévention qui réponde aux demandes sociales en la matière, a communiqué le cardinal Juan José Omella, président de la Conférence épiscopale le 21 février 2022.

«Collaboration absolue»

Le site catholique espagnol Vida Nueva relève qu’il y aura de la part du cabinet d’avocats une «collaboration absolue» avec la commission du «Défenseur du peuple» – l’ombudsman espagnol – et ne cherchera pas à «contre-programmer» le gouvernement.

Cette enquête, qui est une première, n’a pour l’heure pas vocation à constituer un travail de fond, comme celui mené en France par la commission Sauvé, note le quotidien français La Croix. Certains collectifs et associations de lutte contre les abus sexuels dans l’Église déplorent d’emblée de ne pas avoir été associés à cet audit, soulignant un manque de transparence.

Les évêques espagnols ont longtemps traîné les pieds

Alors que l’Allemagne, la France, le Portugal ou l’Irlande se sont déjà lancées dans un travail similaire, les évêques espagnols étaient très réticents à l’idée d’ouvrir un chantier dont ils ne maîtrisent pas les conséquences, note La Croix. Le gouvernement espagnol, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, avait de son côté proposé de mettre en place une commission d’enquête.

Le quotidien espagnol El Pais, devant ces réticences, avait envoyé au Vatican les résultats de ses enquêtes sur les abus sexuels sur mineurs en Espagne et obtenu l’ouverture de 251 procédures. L’Église catholique, qui a reconnu seulement 220 cas de pédo-criminalité depuis 2001 en Espagne, assure avoir mis en place des protocoles pour faire face aux violences et des formations pour les personnes travaillant avec les jeunes. El Pais a dénombré 1’237  victimes potentielles et quelque 600 religieux abuseurs. La CEE a également versé des indemnités à certaines victimes, mais celles-ci critiquent le manque de transparence sur les critères retenus. (cath.ch/vidanueva/lacroix/be)