Abus sexuels: un évêque anglican américain dans la tourmente
L’évêque épiscopalien (dénomination de l’Église anglicane aux États-Unis) Stewart Ruch III est accusé de graves négligences dans la gestion de cas d’abus sexuels. L’affaire interroge la culture interne de cette Église face à cette problématique.
Stewart Ruch III est depuis 2013 évêque de l’Upper Midwest, un diocèse appartenant à l’Anglican Church in North America (ACNA). Ce diocèse couvre plusieurs États du Midwest américain, incluant des églises dans l’Illinois et le Wisconsin.
L’évêque n’est pas accusé lui-même d’abus, mais d’avoir manqué à ses devoirs dans la gestion d’allégations d’abus sexuels, et dans la supervision de personnes dans l’église ayant des antécédents de violence ou d’abus, rapporte le site internet de l’ACNA.
Des personnes problématiques engagées
Parmi les principaux griefs à son encontre, une procrastination inacceptable dans le signalement des actes répréhensibles. Il a été établi que Mgr Ruch n’avait signalé les allégations d’abus par un catéchiste laïc sur une petite fille de 9 ans qu’en 2022, alors qu’il en avait été informé en 2019. Il lui est également reproché d’avoir permis à des personnes ayant des condamnations pour violences, ou des antécédents d’abus sexuels ou de comportement problématique, d’être engagées ou ordonnées dans son diocèse sans que les paroissiens en soient informés.
Le Washington Post a également appris que Mgr Ruch avait imposé une ordonnance de silence à une diaconesse après qu’elle eut accusé un prêtre du Minnesota d’attouchements sexuels non désirés. Son diocèse est accusé, de manière générale, de ne pas avoir mis en place de politique de protection de l’enfance stricte, ou de l’avoir mise en place trop tard.
La priorité à l’institution plutôt qu’aux victimes?
Deux «presentments» (listes formelles d’accusations internes à l’Église) ont été déposés contre Stewart Ruch, l’un par des évêques, en décembre 2022, et par des membres laïcs et du clergé du diocèse, en juin 2023.
En août 2023, l’ACNA a annoncé que les éléments récoltés étaient suffisants pour soumettre le prélat à un procès ecclésiastique. Ce dernier a débuté en juillet 2025 et le verdict est attendu en décembre. L’évêque se déclare innocent. Le procès a connu quelques difficultés internes. Il a notamment été marqué en juillet 2025 par la démission d’un procureur estimant que «le processus était irrémédiablement entaché».
L’affaire a fait surgir des critiques quant à la culture interne de l’Église épiscopalienne, notamment un défaut de transparence et une tendance à donner la priorité aux ministres plutôt qu’aux victimes. En réaction, L’ACNA a entamé des révisions de ses règlements internes pour mieux encadrer la discipline des évêques et renforcer les mesures de protection. (cath.ch/ag/rz)





