Accusé par des responsables religieux d’être «un mauvais catholique»

Philippines: Pour défendre la contraception, le président court le risque d’être excommunié

Manille, 19 avril 2011 (apic) Le président philippin Benigno Aquino a déclaré le 17 avril qu’il préférait être excommunié par l’Eglise catholique plutôt que de renoncer à une loi permettant l’accès de la population au planning familial. Le président Benigno Aquino III est «un mauvais catholique et sa conscience n’est pas bien formée», a lancé mardi 19 avril le Père Jerry Oblepias, directeur de la pastorale de la famille du diocèse de San Pablo, dans la province de Laguna.

Le fils de l’ancienne présidente Corazon Aquino avait déjà déclenché de fortes réactions de l’Eglise catholique aux Philippines, en septembre dernier, en déclarant aux expatriés philippins aux Etats-Unis que l’Etat aiderait les couples les plus pauvres désireux d’utiliser une méthode contraceptive.

Le Père Jerry Oblepias commentait pour la presse la déclaration faite dimanche dernier devant les diplômés de l’Université des Philippines par le président philippin, qui défendait le planning familial. Le religieux estime que ce que Benigno Aquino III pense bon pour résoudre le problème de la pauvreté aux Philippines est «un moyen facile et paresseux». Le prêtre estime que le président doit faire face à la réalité. «Nous sommes pauvres en raison d’une mauvaise façon de gouverner et d’une mauvaise politique économique», a-t-il souligné.

L’Eglise catholique, très influente dans ce pays de quelque 95 millions d’habitants à la démographie galopante, réussit depuis des années à bloquer tout projet de loi sur le planning familial. Le président Aquino, catholique déclaré, estime que le développement de son pays passe par une meilleure maîtrise de la croissance démographique. Raison pour laquelle il a une nouvelle fois affirmé dimanche 17 avril qu’il maintenait sa position en faveur de l’introduction d’une loi sur la parenté responsable. Il a dit le faire «au risque d’excommunication, c’est mon obligation en tant que leader», rapporte l’agence de presse catholique asiatique UcaNews.

«En fin de compte, je dois écouter ma conscience et faire ce qui est juste»

«En fin de compte, je dois écouter ma conscience et faire ce qui est juste», a poursuivi le président philippin. Il a déclaré qu’il ne pouvait rester spectateur et regarder le cycle de pauvreté continuer tandis que les grossesses non désirées prennent l’ascenseur.

La législation qui doit être adoptée prochainement par le Congrès des Philippines a provoqué une forte opposition de la part de l’Eglise catholique parce qu’elle permet l’utilisation de contraceptifs. Depuis des années, l’Eglise a constamment demandé le retrait la législation concernant «la santé reproductive» et le contrôle des naissances.

Avant les élections du 10 mai 2010, les évêques catholiques philippins avaient très clairement pris position en publiant un long texte détaillé intitulé «Catéchisme sur la vie et la famille pour les élections 2010». Ils avaient concentré leurs critiques sur un projet de loi en discussion devant le Congrès, la «Loi sur la santé reproductive», prévoyant un financement public obligatoire de tous les moyens de contraception et des centres de santé où ces moyens seraient mis à disposition. (apic/ucanews/com/be)

19 avril 2011 | 14:41
par webmaster@kath.ch
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