Des centaines de milliers d’enfants réduits à l’esclavage

Afrique: L’impossible lutte contre l’exploitation des mineurs

Abidjan, 1er septembre 2002 (APIC) Des centaines de milliers d’enfants de moins de quatorze ans sont employés dans des activités dangereuses dans les pays d’Afrique de l’Ouest producteurs de cacao et au Cameroun. Au Mali, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) ont dénoncé, la semaine dernière, des cas d’enfants esclaves dans des champs de production de riz au nord- ouest du pays.

Selon l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA), plus de 129’000 enfants étaient engagés, au cours des derniers mois, dans des tâches agricoles liées à la production de cacao. Parmi eux, seuls 6’300 étaient des travailleurs rémunérés.

Quelque 437’000 autres étaient engagés dans des activités périlleuses: nettoyage des champs de cacao dans les plantations en se servant de machettes et application des pesticides, entre autres.

L’institut a mené une enquête sur «Le travail des enfants dans le secteur du cacao en Afrique de l’Ouest». Cette étude touche le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria. Ces pays produisent à eux seuls près de 70% de la production mondiale de cacao.

Les résultats de l’enquête ont été publiés par le Réseau d’Information de l’ONU (IRIN). Ils précisent qu’en zones rurales africaines, le travail des enfants dans les champs agricoles est une action traditionnelle, considérée comme faisant partie de l’unité familiale. Ils participent à l’arrosage avec des pesticides, utilisent des coupe-coupe et portent de lourds fardeaux. Selon l’étude, 41% des enfants travaillant dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire et au Nigeria étaient recrutés par des intermédiaires.

Selon l’IRIN, l’enquête de l’IITA a été commandée dans le cadre d’un protocole signé en septembre 2001 entre le Congrès américain et l’industrie mondiale du chocolat. Elle a pour but de recueillir et d’analyser des informations sur les enfants travaillant dans le secteur du chocolat, d’identifier la nature des conditions dans lesquelles ils travaillent, et de collecter des informations sur leurs histoires de migration et de travail. La recherche a été réalisée sous les auspices de l’Organisation Internationale du Travail, de l’Agence de Développement du gouvernement américain et du ministère américain du travail.

La rizière en lieu et place du coran

Par ailleurs, l’UNICEF et Mali-Enjeu, une ONG malienne, ont entrepris, le 28 août dernier, des actions de lutte contre l’exploitation abusive d’un groupe d’enfants originaires du Burkina-Faso. Estimés à plusieurs dizaines, ils sont employés dans des rizières par des «marabouts» auxquels ils avaient été confiés par leurs propres pères pour apprendre le coran. Selon le correspondant de Radio France Internationale à Bamako (Mali), ils sont utilisés comme esclaves dans ces champs. Ils y travaillent dans des conditions «dures, dures». Le dos courbé, les pieds dans l’eau, ils travaillent jusqu’à 14h par jour. Ils n’ont droit qu’à «un maigre repas». En outre, certains enfants sont «loués» à des exploitants agricoles maliens. Ils payent 17’500 francs CFA (43,75 frs suisses), versés directement à leur marabout.

Le préfet de Niono, Mary Diarra, s’est indigné de cette situation. «C’est un véritable esclavage des temps modernes qui ne dit pas son nom», a-t-il dit, rappelant toutefois, que dans les pays musulmans d’Afrique noire, il y a une tradition de confier son enfant à un marabout pour apprendre. En contre partie, cet enfant doit travailler pour son enseignant. (apic/ibc/bb)

1 septembre 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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