Aigle: les deux dernières Sœurs de Sainte-Clotilde s'en vont

Les deux Sœurs de Sainte-Clotilde encore présentes à Aigle (VD) rejoindront la France fin octobre 2018. Le diocèse de Sion et la paroisse d’Aigle ont rendu un vibrant hommage aux dernières représentantes d’une congrégation qui a marqué durant 137 ans l’environnement éducatif de la région.

«Tout cela ne va non seulement pas disparaître, mais est appelé à porter encore longtemps de beaux et bon fruits», écrit Mgr Jean-Marie Lovey dans une lettre envoyée à l’occasion du départ des deux religieuses. L’évêque de Sion a à dessein utilisé l’image évangélique du grain semé en terre pour rendre hommage à l’action des Sœurs de Sainte-Clotilde dans le Chablais. Un texte «magnifique», selon Sœur Marie-Philippe, qui met en avant l’apport inestimable de la congrégation à la diffusion de la culture et des valeurs chrétiennes dans la région.

Education catholique en terre protestante

Sœur Marie-Philippe rejoindra fin octobre la maison-mère de la congrégation, à Paris. La seconde religieuse, Sœur Marie-Yolande, trouvera accueil dans une petite maison de l’Essonne, près de la capitale. Elles sont désormais trop âgées pour continuer leurs activités dans le quartier des Planchettes. Un secteur d’Aigle où vivent beaucoup d’étrangers. Les religieuses y donnaient des cours d’alphabétisation et s’occupaient des devoirs surveillés, tout en offrant à la population leur écoute et leur présence bienveillante.

Les Sœurs de Sainte-Clotilde s’étaient dirigées vers ces nouvelles activités suite à la fermeture de l’Institut Mon Séjour en 1999, pour des raisons financières. Elles étaient alors encore cinq.

La congrégation avait créé en 1881 ce pensionnat à Aigle, dans le souci de fournir une éducation catholique en ces terres protestantes. Il était devenu mixte en 1992.

L’institut a formé des générations de jeunes filles et garçons, dont certains ont effectué de brillantes carrières dans des domaines très divers. Gabrielle Nanchen, l’une des premières conseillères nationales du pays, est notamment passée sur ces bancs.

Vers de nouvelles missions

Sœur Marie-Philippe et Sœur Marie-Yolande sont arrivées à Aigle il y a onze et treize ans. Elles n’ont donc pas connu l’internat. La première confirme cependant que de nombreux anciens pensionnaires expriment encore leur attachement à cette école.

Les paroissiens d’Aigle ont eu l’occasion d’exprimer leur gratitude lors d’une messe d’action de grâce, le dimanche 21 octobre. Après le credo, le chanoine Charles Neuhaus leur a remis un cierge, expliquant que ce n’était pas symbole de «fin», mais un envoi dans leur nouvelle mission.

L’avenir est en fait plutôt sombre pour la congrégation de Sainte-Clotilde, fondée en France en 1821. L’ordre ne compte plus, en tout et pour tout, que 26 religieuses, dont la moyenne d’âge est très élevée. «On ne regrette rien et on continue d’espérer, souligne malgré tout Sœur Marie-Philippe, car l’Eglise a d’autres formes de vie, qui prendront notre relais», (cath.ch/rz)