Alsace: Mgr Reithinger effectivement visé par une enquête canonique
Le tribunal pénal canonique national (TPCN) de France a indiqué le 3 octobre 2025 que Mgr Gilles Reithinger, ancien évêque auxiliaire de Strasbourg, faisait bien l’objet d’une procédure. Dans un droit de réponse au journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace, le prélat avait nié que ce soit le cas.
Les affaires d’abus touchant les Missions étrangères de Paris (MEP) ont éclaboussé Mgr Reithinger depuis 2023. Ce dernier a été entendu en tant que témoin le 9 avril 2023 dans l’affaire de viol impliquant le Père Aymeric de Salvert, son ancien collaborateur au sein de la maison général des MEP. Un ancien missionnaire au Japon a par ailleurs directement accusé Mgr Reithinger de l’avoir initié à une «double vie».
Il a également été mis en cause par la victime présumée de Mgr Georges Colomb, accusé d’agression sexuelle, pour ne pas avoir dénoncé ces faits qui seraient survenus en 2013, et dont il aurait eu connaissance. En juin 2023, Gilles Reithinger avait fermement démenti les allégations. «Aucune alerte de cas éventuels d’abus sexuels portés à ma connaissance n’a jamais été dissimulée, minorée ou cachée», a-t-il assuré. Il s’était néanmoins mis en retrait de la gouvernance du diocèse de Strasbourg pour le temps de l’enquête avant de démissionner en février 2024.
Pas de mesures conservatoires?
L’affaire a été ravivée par un article des Dernières Nouvelles d’Alsace publié le 5 septembre 2025. Le journal a révélé que Mgr Reithinger avait célébré une messe fin août dernier, lors de la fête d’un couvent alsacien, violant ainsi les mesures conservatoires portées contre lui dans le cadre d’une enquête canonique le visant.
Dans un droit de réponse diffusé le 1er octobre, le prélat assurait: «Il est parfaitement inexact d’affirmer que je serais visé par une enquête canonique, puisque je n’ai jamais été dénoncé pour des faits de viol par l’ancien supérieur des Missions Étrangères de Paris. S’il était le cas, les juridictions de droit commun et canoniques n’auraient pas manqué de me notifier cette mise en cause et de prendre des mesures conservatoires à mon encontre.»
L’ancien évêque auxiliaire de Strasbourg affirme ainsi: «À ce jour, aucun procureur, ni juge et encore moins le tribunal pénal canonique national (TPNC) ou le dicastère pour les évêques ne m’ont reproché quoi que ce soit. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne suis assorti à aucune restriction ou mesure conservatoire m’empêchant d’exercer mon ministère et, en particulier, de célébrer la messe quotidiennement et en public.»
Le tribunal contredit l’évêque
Or, le TPNC a confirmé, le 3 octobre 2025, dans un communiqué, que «Monseigneur Gilles Reithinger a fait l’objet de plusieurs signalements auprès de notre tribunal. Conformément à l’article 16 des statuts du tribunal, le caractère crédible de ces signalements a été vérifié.» Le Tribunal pénal canonique national a ainsi «estimé que ces signalements devaient être communiqués auprès du Dicastère des évêques compétent en la matière et les a donc transmis par le biais de la Nonciature apostolique. Le dossier est actuellement en cours de traitement auprès de ce même Dicastère.»
Les Dernières Nouvelles d’Alsace ont également accusé l’ancien évêque auxiliaire de Strasbourg de poursuivre des fonctions au sein de la Caritas locale et d’avoir fondé une société de conseil en gestion d’entreprise. Autant de démarches qui violeraient des dispositions canoniques. (cath.ch/com/ag/arch/imedia/rz)