Le Père Hervé Legrand souhaite que la réflexion théologique se poursuive

Belgique: débat sur la collégialité des évêques (150493)

Louvain-la Neuve, 15avril(APIC) Le Centre «Lumen Gentium», attaché à la

Faculté de Théologie de l’Université catholique de Louvain (UCL) a organisé

dernièrement une journée d’étude sur la collégialité et les conférence

épiscopales. Parmi les invités, le Père dominicain Hervé Legrand, professeur à l’Institut Catholique de Paris, a montré l’évolution de la théologie

de l’Eglise depuis Vatican II sur le sujet. Il a souhaité que la réflexion

se poursuive pour favoriser une meilleure réception de la doctrine exposée

lors du dernier concile, voire pour dépasser «certaines insuffisances» des

textes conciliaires.

Religieux dominicain , le Père Legrand a pris en quelque sorte le relais

de son confrère Yves Congar, connu pour les travaux qu’il a consacrés à la

réflexion théologique sur l’Eglise, ce qu’on appelle l’ecclésiologie. Dès

avant le Concile Vatican II, le Père Congar avait notamment contribué à une

redécouverte de «la collégialité» des évêques entre eux en regard de l’attention unilatérale qu’on portait à la «primauté» du pape.

Pour montrer l’évolution de la théologie de l’Eglise depuis Vatican II,

le Père Legrand se réfère notamment aux paragraphes 22 et 23 que la Constitution «Lumen Gentium» consacre au Collège des évêques, aux relations de

ses membres entre eux et avec le pape. Un acquis est d’emblée à souligner:

c’est à l’ordination sacramentelle, et non à une concession pontificale,

que l’on rattache désormais la juridiction reconnue à l’évêque. Ce qui entraine la reconnaissance de chaque Eglise locale comme sujet de droit.

Le théologien français considère néanmoins que l’on n’a pas encore tiré

toutes les conséquences des affirmations du Concile Vatican II sur la collégialité. En 1985, convoqués en assemblée extraordinaire du Synode pour

célébrer les 20 ans du Concile, les évêques ont rouvert le chantier de la

réflexion sur les conférences épiscopales.

Critiques adressées au cardinal Ratzinger

Au cours de la journée du Centre «Lumen Gentium» à Louvain-la-Neuve, on

a cependant rappelé avec étonnement que le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait déclaré ces dernières années que les Conférences épiscopales n’avaient «pas de fondement

théologique». Et en juin 1992, la lettre adressée aux évêques par la même

Congrégation «sur certains aspects de l’Eglise comprise comme communion» a

entrainé des réactions critiques de plusieurs théologiens, catholiques,

protestants et orthodoxes.

Le Père Legrand estime, quant à lui, que la réflexion théologique doit

se poursuivre, voire en dépassant «certaines insuffisances» des textes conciliaires. Ainsi la conception conciliaire du collège épiscopal prend-elle

réellement compte du lien entre les évêques et les Eglises locales?. Ce

Collège épiscopal n’est-il pas présenté unilatéralement en dépendance du

pape, alors que le point de vue oriental invite à voir davantage cette relation dans le sens de la réciprocité? La collégialité des évêques est manifeste dans un concile oecuménique, mais qu’en est-il de l’autorité collégiale à d’autres niveaux?. Les problèmes posés par l’insertion déficiente

d’un évêque dans la communion de son Eglise locale n’invitent-ils pas à situer l’évêque, non seulement en face de sa communauté, mais aussi au coeur

de celle-ci? Ne convient-il pas enfin de valoriser «l’intériorité mutuelle»

des Eglises locales et de l’Eglise universelle, et de renforcer le rôle régional des Conférences épiscopales, tant pour une mise en oeuvre concrète

de la collégialité que pour un meilleur enracinement de la foi dans chaque

culture?. Autant de questions que le Père Legrand a proposé à ses auditeurs.

Le Père Hervé Legrand avait déjà abordé ces questions en 1991 dans un

article intitulé: «Collégialité des évêques et communion des Eglises dans

la récetion de Vatican II», paru dan la Revue des Sciences philososphiques

et Théologiques, no 4. (apic/cip/ba)