Une audience de soutien au Synode pour l'Amazonie va se tenir au parlement brésilien le 1er octobre 2019 | © Flickr/Waldemir Barreto/Agência Senado/CC BY 2.0
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Brésil: des parlementaires soutiennent le Synode

Une audience publique va être organisée à l’Assemblée nationale brésilienne le 1er octobre prochain. Des élus mais aussi des membres de l’Eglise catholique, dont le président de la CNBB et le rapporteur du Synode pour l’Amazonie. Un document sera ensuite envoyé au Vatican pour appuyer la réunion des évêques convoquée par le pape François.

De nombreux députés fédéraux sont préoccupés par l’image que renvoie actuellement le Brésil, en particulier après les prises de positions agressives du gouvernement de Jair Bolsonaro à l’égard des religieux et laïcs engagés dans le processus du Synode pour l’Amazonie, qui se tiendra du 6 au 27 octobre prochain à Rome.  

Pour cette raison, les parlementaires brésiliens ont créé une commission pour apporter leur soutien. Lors d’une audience publique prévue le 1er octobre prochain, ils ont décidé d’élaborer un document de soutien pour toutes les recommandations qui seront faites par les évêques lors du synode, notamment celles relatives aux droits humains.

Des religieux espionnés

«Nous sommes prêts à contribuer à cette assemblée (d’évêques) si importante, qui est victime d’attaques de la part du gouvernement de Jair Bolsonaro, simplement parce que le thème est l’Amazonie, qui est en train d’être détruite et livrée au capital étranger», a estimé ainsi le député fédéral Frei Anastácio (Parti des Travailleurs de l’État de la Paraiba – PT/PB).

De son côté, le député et ex-ministre du Développement social et du combat contre la pauvreté et pour le développement agraire, Patrus Ananias (Parti des Travailleurs de l’État du Minas Gerais – PT/MG), a critiqué la décision du gouvernement d’enquêter sur les religieux ayant participé à l’organisation des réunions préparatoires au Synode. Des enquêtes ont en effet été menées par l’Agence brésilienne d’intelligence (Abin), comme l’a lui-même admis Jair Bolsonaro devant des journalistes, le 31 août dernier. Il a justifié ces investigations, assurant qu’»il y a beaucoup d’influence politique dans cette démarche de l’Eglise».

Le ministre de la Défense convoqué

Pour Patrus Ananias, «cette initiative aura l’effet contraire. Nous devons reconnaître que l’Eglise a une fonction séculaire au Brésil, un chemin de justice, de pardon, de cohabitation de personnes qui pensent de manière différente», a-t-il souligné. Le député n’a pas hésité à rappeler «la période de la dictature, lorsque les gouvernements militaires ont eu, eux aussi, des frictions avec l’Eglise catholique, et ont persécuté des religieux».

Une des requêtes pour l’audience publique est déjà prête dont Márcio Jerry, député fédéral du Parti communiste du Brésil de l’Etat du Maranhão (PCdoB/MA) est l’auteur. Ce dernier demande la convocation du ministre de la Défense, le général Augusto Heleno, afin qu’il explique «les activités de renseignement et d’espionnage du clergé progressiste».

L’Eglise présente à l’audience

Participant à cette commission, le député Alessandro Molon, du Parti socialiste brésilien de l’Etat de Rio de Janeiro (PSB-RJ), a pour sa part critiqué les actions du gouvernement, qu’il qualifie de «compromis dans la destruction de l’Amazonie et la décimation des peuples indigènes, mettant également en péril les exportations et l’économie brésilienne».

Les députés ont déjà confirmé la présence à l’audience du cardinal Claudio Hummes, rapporteur du Synode pour l’Amazonie, de Mgr Walmor Oliveira de Azevedo,  président de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) et du Père Oscar Beozzo, l’un des rédacteurs de l’Instrumentum laboris.

Le synode, «un attentat à la souveraineté nationale»

A partir de ce débat, un document sera produit sur les Droits Humains en Amazonie et au Brésil. Cette audience publique sera clôturée par des recommandations de l’Eglise catholique pour une plus grande implication des prêtres dans la vie de la région amazonienne. L’institution émettra aussi des critiques sur la lenteur dans la gestion des incendies, l’avancée du pouvoir économique détruisant la forêt amazonienne, les législations qui facilitent l’extraction de l’or et la construction de complexes hydroélectriques en Amazonie.

Début septembre, Jair Bolsonaro a déclaré que cette rencontre convoquée par le pape tendait à être «un acte politique» et que l’Eglise s’appuie sur des chiffres de déforestation en Amazonie qui ne sont pas vrais. Le ministre de la Défense, le général Augusto Heleno, a affirmé que le synode pour l’Amazonie constituait «un attentat à la souveraineté nationale».

Le gouvernement «inquiet»

Le général Eduardo Villas Boas, conseiller au sein du Cabinet de Sécurité Institutionnelle (GSI) de la Présidence de la République, a admis que la préoccupation est réelle et a assuré que l’exécutif n’acceptera pas «d’interférences».

«Ils (l’Église catholique) ne sont pas des ennemis, mais ils s’appuient sur une série de données erronées, qui ne correspondant pas à la réalité en Amazonie. Nous sommes inquiets, c’est vrai, de ce qui pourra ressortir du Synode, du document final, et de la manière dont tout cela va parvenir à l’opinion publique internationale car, certainement, tout cela sera exploité par des militants de l’environnement», a conclu le militaire. (cath.ch/jcg/bh)

Une audience de soutien au Synode pour l'Amazonie va se tenir au parlement brésilien le 1er octobre 2019 | © Flickr/Waldemir Barreto/Agência Senado/CC BY 2.0
25 septembre 2019 | 12:28
par Jean-Claude Gérez
Temps de lecture: env. 3 min.
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