L’Etat compte sur l’Eglise pour inculquer les valeurs morales

Cameroun: La corruption, un mode vie dans le pays, dénonce l’archevêque de Yaoundé

Yaoundé, 19 août 2005 (Apic) L’Eglise catholique au Cameroun appelle «à la reconversion morale», face à l’ampleur de la corruption. Ce phénomène «est devenu notre mode de vie», a déclaré Mgr Simon-Victor Tonyé Bakot, archevêque de Yaoundé, dans des propos rapportés par le mensuel «Afriques», publié à Bruxelles.

«On a parfois l’impression que la corruption est officiellement tolérée, qu’elle a été institutionnalisée et qu’elle fait désormais partie de notre système de gouvernance», a ajouté le prélat. L’Eglise au Cameroun est spécialement engagée dans la lutte contre la corruption depuis 1977. Elle avait alors attiré l’attention des pouvoirs publics sur la croissance du fléau dans les différentes couches de la société.

En fait, la corruption et l’impunité, deux tares de la société camerounaise, sont parmi les causes principales de la crise économique du pays. Le magazine «Afriques» leur a consacré un dossier sous le titre: «Le Combat sans fin contre la corruption».

L’avocate Diana Acha Marfaw, vice-présidente de l’Observatoire National des Elections (Onel) a déclaré au magazine que «le Cameroun ne peut pas faire de grands progrès dans la lutte contre la corruption, ni qualitativement, ni quantitativement». Selon elle, la corruption «est partout, dans le judiciaire, dans les cercles financiers, dans la distribution des contrats publics et même dans l’armée».

Exemples à l’appui

Pour dresser le constat lors d’une collision, chaque automobiliste doit débourser 3000 francs Cfa afin de faire venir un agent de police. C’est un «impôt interne aux commissariats de police», mais non prévu par la réglementation en vigueur. Il est «obligatoire pour toutes les opérations de ce genre dans les services publics.

A l’hôpital, le circuit régulier d’accueil et de consultation est phagocyté par des rabatteurs, chargés de conduire le patient directement dans le cabinet d’un médecin. Par ce canal, le malade est rapidement pris en charge. Coût moyen: 4000 francs Cfa, payés au détriment des caisses de l’établissement. Les plus démunis devront attendre ou repartir.

Dans l’administration, les douaniers sont présentés comme les plus riches du pays, à cause de la fraude liée au développement des échanges internationaux. Les passe-droit sont légion également dans les cabinets ministériels. La signature d’un contrat avec un partenaire étranger donne droit à des commissions inclus dans le coût des prestations.

«Le pays le plus corrompu au monde»

Par deux fois, dans le passé, en 1997 et 1998, le Cameroun a été classé pays le plus corrompu au monde. En 2003, il a occupé la 6e place du classement mondial, publié chaque année par l’Organisation non gouvernementale allemande, «Transparency International». Depuis, il se bat contre cette pratique. Toutes les forces sociales du pays prennent part à ce combat: Eglise, société civile, gouvernement, hommes d’affaires, partis politiques, etc .

Le gouvernement a mis en place un comité anti-corruption dans les différents départements ministériels. Il a sollicité les dirigeants catholiques pour créer de telles unités afin d’inculquer aux Camerounais les valeurs morales. (apic/ibc/bb)

19 août 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
Partagez!