Centrafrique: les évêques dénoncent les violences des groupes armés

Les évêques de la République centrafricaine ont une nouvelle fois dénoncé les violences perpétrées dans le pays par des groupes armés et affirmé que le pays «continue de s’enfoncer dans l’abîme».

Dans un communiqué rendu public dimanche 14 janvier 2018 à la cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception, à Bangui, les évêques ont déploré l’absence d’un dialogue «franc  et sincère» entre le pouvoir et l’opposition. Ils ont envoyé un message au gouvernement, aux partis politiques, au peuple centrafricain et «aux manipulateurs de tout bord» à l’issue de l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale de Centrafrique (CECA), du 8 au 14 janvier 2018. Ils condamnent fermement les «terribles exactions commises contre la population civile» et fustigent «le désir d’enrichissement manifeste à travers la confusion entre la chose publique et la chose privée, le clientélisme et le racket des populations».

Hypocrisie de la classe politique centrafricaine

Réagissant au communiqué des évêques, le porte-parole du gouvernement Ange Maxime Kazagui, ministre centrafricain de la Communication et des Médias, a souligné que les prélats ont rappelé «le non-respect de la Constitution par les ennemis de la paix». Il a ajouté que les évêques ont pointé du doigt la lenteur de certains contingents de la MINUSCA, la Mission des Nations-Unies en Centrafrique, dans leur mission de protection des civils.

Les évêques ont également dénoncé l’hypocrisie qui caractérise la classe politique centrafricaine, a-t-il relevé.

A l’issue d’une messe marquant la clôture de la première session de leur assemblée générale de 2018, les évêques de Centrafrique ont encouragé le gouvernement à «tout faire pour assurer la sécurité des personnes et des biens», tandis que les groupes armés sont invités à «déposer les armes sans conditions».

Ils ont aussi exhorté la MINUSCA à avoir «une franche collaboration avec le gouvernement, et à faire un bon usage de son mandat afin de promouvoir la sécurité et la paix dans les zones qui sont sous occupation des groupes armés».

Appel à adopter un comportement «patriotique»

Ils ont lancé un appel à leurs compatriotes à adopter, par leurs paroles et leurs actes, un comportement  »patriotique», notamment par «le rejet de la haine, le respect, l’unité, la dignité et le travail».

Pour le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, l’exhortation des évêques ne s’adresse pas qu’à lui et au gouvernement, mais aussi aux différentes entités centrafricaines, ainsi qu’à la communauté internationale. «Chacun, en ce qui le concerne, doit faire un effort pour que le pays retrouve la voie de la paix et du développement», a-t-il souligné.  Il a ajouté que «dans l’arrière-pays, la population vit dans des conditions difficiles à cause de l’insécurité».

Selon le chef de l’Etat centrafricain, «l’année 2018 est placée sous la coupe de la réconciliation et de la cohésion sociale» dans le pays. Dans ce cadre, le «message des prélats est un élément de travail pour le gouvernement».

Peter Maurer, président du CICR: «la moitié de la population a besoin d’assistance»

Le président du Comité International de la Croix Rouge (CICR), le Suisse Peter Maurer, a appelé, au cours d’une conférence de presse le 16 janvier 2018 à Bangui, la communauté internationale à apporter une aide humanitaire significative pour les victimes des violences en République centrafricaine.

«La situation humanitaire se dégrade rapidement et la moitié de la population a besoin d’assistance», a-t-il déploré. Il a précisé que l’escalade de la violence a forcé une personne sur cinq à fuir son foyer, ce qui représente le niveau de déplacement le plus élevé depuis que la crise a éclaté dans le pays en 2013, rapporte l’Agence Centrafricaine de Presse (ACAP) à Bangui. (cath.ch/ibc/be)

 

Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, en République centrafricaine ¦ © Jacques Berset
17 janvier 2018 | 11:27
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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