Le pontife français Léon IX a lancé une grande réforme de l'Eglise
Vatican

Ces papes français qui ont marqué l'histoire de l'Eglise (4/5)

Sur les 265 successeurs de Pierre officiellement à la tête de l’Eglise catholique, seuls 17 étaient des Français. L’un d’eux, le pape Sylvestre II (999-1003), a marqué le tournant entre les deux premiers millénaires.

A la fois homme de lettres et scientifique, le pape Sylvestre II, curieux de tout, est considéré comme un véritable savant. Le plus grand intellectuel de son temps, selon l»«²historien médiéviste Pierre Riché, qui le qualifie d»«²homme clé du tournant du millénaire. Gerbert d»«²Aurillac, de son nom de naissance, se passionne également pour la science arabe et la culture antique.

Sillon pour la christianisation de l’Europe

Elu sur la chaire de Pierre, cet ancien archevêque de Reims tente avec l»«²empereur des Romains, Otton III, de mettre en place un empire chrétien en unissant leurs pouvoirs. Ce projet est cependant avorté avec la mort de l»«²empereur en 1002. Mais il laissera un profond sillon pour la christianisation de l»«²Europe: deux nouvelles communautés voient en effet le jour en Pologne et Hongrie dont les actuels pays, très catholiques, sont encore aujourd»«²hui héritiers.

Quelques décennies plus tard, en 1048, un autre Français est élu pour diriger l»«²Eglise. Bruno d»«²Eguisheim devient alors Léon IX (1048-1054). On lui doit sous son pontificat d»«²initier une grande réforme de l»«²Eglise, qui prendra cependant le nom de l»«²un de ses successeurs, Grégoire VII: la réforme grégorienne. Un changement de cap ayant notamment à cÅ“ur de rétablir la discipline et de corriger les mÅ“urs des clercs.

Ce saint pape, consciencieux et profondément croyant, encourage la pauvreté et la chasteté des gens d’Eglise. Il lutte contre le concubinage des prêtres ou encore l’achat et la vente de charges ecclésiastiques. Deux prélats, les abbés de Moyenmoutier et de Saint Mansuy, en font d»«²ailleurs les frais, déposés à cause de leurs mauvaises réputations.

«»³Il ne peut y avoir de musulmans en royaume chrétien»«³

En 1095, retentit à Clermont un appel inouï. Dans sa septième année de pontificat, Urbain II (1088-1099) – de son vrai nom Eudes de Châtillon – convoque un concile. A l»«²origine, le pontife français avait l»«²ambition de traiter des problèmes disciplinaires, mais un fait plus notable en ressort: Jérusalem est aux mains des Turcs qui empêchent l»«²accès aux Lieux saints.

Urbain II décide alors de lancer une croisade marquée par la reprise de la Ville sainte, le 14 juillet 1099, puis la création du royaume chrétien de Jérusalem. Las, le chef de l»«²Eglise meurt quinze jours après la retentissante victoire, le 29 juillet. Il sera béatifié par son lointain successeur, Léon XIII (1988-1903), le 14 juillet 1881.

Ce pontife n»«²est cependant pas le seul pape français à s»«²Ã©riger en rempart contre l»«²islam. Au siècle suivant, Gui Foulques devient Clément IV (1265-1268) après avoir été marié, devenu veuf, puis être entré dans les ordres. Ancien conseiller et garde des Sceaux de saint Louis, le pontife doit faire face à un siècle marqué par la hausse du nombre de musulmans en Europe. A leur égard, ce natif du Gard, ami de saint Thomas d»«²Aquin, a alors ces mots: «»³ Le pape a parlé, il ne peut y avoir de musulmans en royaume chrétien»«³.

«»³Où est le pape, là est Rome»«³

Au 13e siècle, la Ville Eternelle est aux mains de familles qui se disputent le pouvoir. Rome souffre de ces rivalités héréditaires et de l»«²instabilité politique. Cette agitation contribue à l»«²insécurité du pape et de la Curie. Les pontifes n»«²hésitent pas à se rendre en des terres plus sûres: la France sert souvent de refuge. Pire, six papes ne se montrent pas même une fois dans la Ville Eternelle durant leur pontificat. Et on en tire l»«²adage selon lequel «»³où est le pape, là est Rome»«³. Cela sert notamment à justifier la papauté en Avignon.

Si le premier Souverain pontife à s»«²Ã©tablir dans cette région est Clément V (1305-1314), ou Bertrand de Got, le pape qui rejoint la ville, que l»«²on surnommera par la suite la Cité des papes, est Jean XXII (1316-1334), ou Jacques Duèze. Celui-ci est élu après un conclave difficile puisque pendant deux ans, aucun pape n»«²est élu. Le temps pressant, les cardinaux finissent par choisir en 1316 un pape «»²de transition»«²: Jacques Duèze est en effet âgé de 72 ans. Son pontificat de 18 ans est pourtant le plus long des papes d»«²Avignon.

Jean XXII est également connu pour avoir contesté certaines innovations musicales. Dans la décrétale Docta Sanctorum Patrum (1325), il s»«²en prend notamment à «»³certains disciples d’une nouvelle école»«³ préférant des notes nouvelles aux anciennes, faisant alors référence au compositeur et théoricien Philippe de Vitry et à son traité Ars nova, le nouvel art en latin.

Pierre Roger devient quelques décennies plus tard le 4e pape d»«²Avignon sous le nom de Clément VI (1342-1352). Ayant commencé comme bénédictin au monastère de la Chaise-Dieu, il se distingue notamment par son aisance orale. Défenseur des juifs, accusés de tous les maux pendant la Grande peste, ce Corrézien publie deux bulles pour les protéger: l»«²une pour interdire le baptême forcé et l»«²autre pour condamner les persécutions, sous peine d’excommunication.

Neveu de Clément VI, Grégoire XI (1370-1378) – ou Pierre Roger de Beaufort – se révèle un fin diplomate et un grand érudit. Face à la recrudescence des hérésies, il est également celui qui relance l’Inquisition. Mais encouragé par certains, il souhaite ramener la cour à Rome, où la situation manque d»«²Ã©chapper au contrôle pontifical. Ce retour auprès du tombeau de saint Pierre marque la fin de l»«²Ã¨re des papes d»«²Avignon, dont il est le dernier. Il est de même le dernier Souverain pontife français. (cath.ch/imedia/pad/rz)

Le pontife français Léon IX a lancé une grande réforme de l'Eglise
3 août 2018 | 09:05
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 4 min.
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