Cinq ex-dirigeants du Guatemala condamnés en Belgique

Plus de quarante ans après les faits et après plus de 20 ans d’enquête, la justice belge a condamné à la prison à perpétuité cinq ex-dirigeants du Guatemala pour l’assassinat de trois missionnaires belges au début des années 1980.  

Le jury de la Cour d’Assises de Louvain a rendu sa décision dans l’affaire des assassinats de trois missionnaires flamands: Walter Voordeckers, Serge Berten et Ward Capiau. A l’issue d’un procès ›historique’, le jury a reconnu coupables de 19 des 24 chefs d’accusation cinq membres de la junte militaire au pouvoir au Guatemala dans les années 1980. Ils ont tous été condamnés à la prison à vie, rapporte le portail catholique belge cathobel.

Ce procès d’assises unique en son genre a pu être ouvert en Belgique en vertu de la loi sur le génocide. C’est une première en droit pénal international que des chefs de l’armée, des services de renseignement et de la classe politique du Guatemala – tous très âgés aujourd’hui – étaient renvoyés devant une juridiction pénale étrangère.

Des années de violences extrêmes

« Les années 1980 ont été terribles pour le Guatemala. Après de longues années de souffrances la population s’était finalement révoltée contre une dictature militaire qui, en alliance avec les classes riches, les exploitait, » contextualise Jean Peeters, prêtre scheutiste «Dans le contexte de la guerre froide anticommuniste, toute opposition au régime représentait pour les dirigeants corrompus, un danger communiste. Plus de 200’000 Guatémaltèques, principalement issus des classes populaires perdirent la vie.» 

Trois missionnaires scheutistes belges qui soutenaient les populations paysannes furent froidement assassinés probablement par les célèbres escadrons de la mort. Walter Voordeckers a été encerclé par des hommes armés le 12 mai 1980. Il a été abattu alors qu’il tentait de s’enfuir. Dans les deux années qui ont suivi, Serge Berten (29 ans) Ward Capiau (31 ans) ont également été assassinés. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés.

Mobilisation des familles

Leurs familles se sont mobilisées pour obtenir justice en créant le comité Guatebelga. rappelle Jean Peeters. Le comité a même accompagné un Procureur belge dans le pays afin de récolter preuves et témoignages. Après 20 ans d’enquête de la justice belge, et plus de 40 ans après les faits, un procès s’est ouvert le 4 décembre 2023 contre cinq Guatémaltèques, ex-ministres et anciens hauts responsables de la police et de l’armée, jugés pour enlèvement, torture et meurtre. Le verdict de culpabilité est tombé après un procès de neuf jours basés sur un dossier de 14’000 pages. (cath.ch/cathobel/mp)