Occupants, rebelles, et société internationale invités à agir

Congo: Symposium international sur la paix en Afrique

Butembo, 5 mars 2001 (APIC) «Ne faisons plus la guerre entre nous mais travaillons ensemble pour bâtir un continent où chaque femme, chaque homme a le droit et la joie de vivre»: c’est l’appel lancé par les participants d’un Symposium international sur la paix en Afrique (SIPA), tenu fin février à Butembo (Congo).

Des représentants de la société civile du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de Butembo, des évêques de Butembo-Beni et de Kasongo, de l’archidiocèse de Bukavu et de l’Eglise du Christ au Congo pour le Sud-Kivu et le Nord-Kivu, ont pris part à cette session, en compagnie de 500 membres de la société civile d’Italie, de Belgique, de France, d’Espagne, d’Allemagne, de Suède, des Etats-Unis, de Tanzanie, de Zambie et de différentes provinces occupées du Congo. Ce SIPA était organisé conjointement par les groupes italiens «Anch’io a Bukavu» (Moi aussi à Bukavu), «Beati di Pace» (Bienheureux les bâtisseurs de paix), l’Association Pape Jean XXIII et «Appelle l’Afrique», ainsi que par l’archidiocèse de Bukavu.

Parmi les participants, de tous âges et de tous horizons, figuraient Mgr Luigi Bettazzi, 78 ans, ancien évêque d’Ivrée (Piémont) et ancien président de Pax Christi International, Mgr Giuseppe Andreozzi et le Père Albino Bizzotto, leader des «Beati di Pace».

Les représentants d’une population «longtemps ignorée et jamais écoutée par les puissants de ce monde et les seigneurs de la guerre» sont «convaincus que la paix est le fruit de la non-violence, de la justice, du respect des droits de l’homme, de la reconnaissance des droits de la femme et des enfants» et que seule «une véritable globalisation des droits de l’homme peut assurer la paix dans le monde».

C’est dans cet esprit que, dans des résolutions, les participants s’engagent notamment à prendre les droits de l’homme comme le point de départ pour construire la paix, à «sortir de la torpeur, de la corruption, du mensonge et de la recherche de l’intérêt personnel» et à «refuser la tentation du recours à la violence, à la vengeance et à la haine pour s’acheminer résolument sur la voie de la non-violence qui est la force de la vérité».

Droit international

Les signataires demandent aux pays qui occupent le Congo de retirer leurs armées, aux mouvements rebelles de «préférer la voie politique pour rétablir la paix elle-même si elle est plus laborieuse que le recours aux armes», aux différents groupes armés de «s’impliquer dans le processus de la paix en élaborant avec leurs compatriotes un projet de société qui leur permet de s’intégrer dans la vie ordinaire de leurs nations respectives, au gouvernement de Kinshasa d’accepter et de promouvoir le dialogue entre tous les Congolais, de respecter les droits de l’homme et de s’engager vers une véritable démocratie».

Les Nations Unies sont invitées à «rétablir dans le pays, le droit international qui a été violé avec l’occupation, cela aussi par le biais d’une force d’interposition réelle et non symbolique, à déployer dans le délai le plus bref aux frontières»; de «créer un tribunal national pour les crimes commis dans notre pays pour combattre la culture de l’impunité»; et de «faciliter un dialogue pour la démocratie et le respect des droits de l’homme au Congo mais aussi dans tous les pays impliqués dans la guerre». L’OUA devra de son côté «faire respecter sa Charte qui prône la souveraineté de chaque Etat, l’intégrité territoriale et l’intangibilité des frontières». Quant à l’Union Européenne, les participants souhaitent qu’elle lance, «à l’occasion de l’anniversaire de la Conférence de Berlin et de la première Convention de Lomé, au nom de l’histoire et de la solidarité humaine», un grand plan de développement pour l’Afrique, et en assure «un contrôle sévère pour que les bénéfices profitent réellement à la population et non pas seulement aux tenants du pouvoir, qu’ils soient locaux ou étrangers». (apic/cip/pr)

5 mars 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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