Un jésuite américain a traduit les dialogues en latin et en araméen

Etats-Unis: La Passion du Christ peut aider à un dialogue authentique entre chrétiens et juifs

Los Angeles/Augsbourg, 7 mars (Apic) Le film controversé de Mel Gibson, «La Passion du Christ», peut aider à un «dialogue authentique» entre le monde chrétien et le monde juif, affirme le Père jésuite américain William Fulco, traducteur des dialogues en latin et en araméen.

Professeur au Département d’études classiques et d’archéologie à la Loyola Marymount University, à Los Angeles W. Fulco est désormais sur le devant de la scène aux Etats-Unis pour avoir traduit en latin et en araméen le scénario original du film qualifié d’»antisémite» par de puissantes organisations juives américaines. Une vision pas du tout partagée par ceux qui ont vu le film, notamment des responsables du Vatican.

L’archevêque John P. Foley: «pas la moindre tendance antisémite»

Ainsi l’archevêque John Patrick Foley, qui participait en fin de semaine à Augsbourg, en Allemagne, à un congrès de l’oeuvre catholique internationale «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED), n’a pas vu «la moindre tendance antisémite» dans le film de Mel Gibson.

S’exprimant sur le thème «Les médias modernes, bénédiction ou malédiction?», le prélat américain, qui préside au Vatican le Conseil pontifical pour les Communications sociales, a estimé que les accusations d’antisémitisme lancées contre le film ont contribué à attirer l’attention sur lui et suscité l’intérêt du public.

Mieux vaut ignorer la presse américaine pour éviter les préjugés

Pour sa part, le Père Fulco espère que le film de Gibson arrivera ces prochaines semaines en Europe «libre de tout préjugé». «Il faut attendre, afin de le voir de ses propres yeux et décider par soi-même. Et surtout, si cela est possible, il faut ignorer la presse américaine».

Pour le jésuite américain, ce film marque une nouvelle phase dans les rapports entre juifs et chrétiens, l’atteinte d’un «objectif réel», c’est-à- dire «un vrai dialogue, qui est toujours salutaire». «La vérité peut blesser – ajoute-t-il – mais à long terme elle devient le seul moyen d’aller de l’avant».

Le Père Fulco a fait la traduction en latin et araméen du scénario anglais et il fait remarquer qu’aux Etats-Unis il y a désormais une centaine d’articles et de journaux sur l’usage de l’araméen dans le film. Or, cela donne une «vie nouvelle» à cette langue qui a presque disparu aujourd’hui et dont la prononciation est même incertaine. L’araméen ou syriaque n’est plus parlé que dans quelques localités du Moyen-Orient, notamment à Maaloula, au nord de Damas, l’un des rares villages où l’on parle encore la langue de Jésus, ou dans certaines bourgades de la région de Mossoul, au nord de l’Irak.

Le film de Gibson relance l’intérêt pour l’araméen, langue presque disparue

«Faire usage des langues anciennes – explique le religieux – libère Jésus du bagage d’une culture particulière. Si le film était sorti en anglais, en allemand ou en italien, le spectateur aurait associé dans son subconscient les personnages avec la culture liée au langage en question. Par contre, le travail que nous avons fait rend impossible cette association et le spectateur est conduit dans le monde de Jésus plutôt que dans un autre monde». (apic/kna/vid/be)

7 mars 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
Partagez!