Etats-Unis: suite au scandale d'abus sexuels, les évêques appelés à démissionner

Suite au rapport sur les abus sexuels commis dans les diocèses américains de Pennsylvanie, rendu public le 14 août 2018 par le procureur général de Pennsylvanie Josh Shapiro, plus de 140 théologiens, éducateurs et dirigeants laïcs ont appelé tous les évêques étatsuniens à remettre leur démission.

L’ensemble des évêques catholiques des Etats-Unis devraient envisager d’offrir leur démission au pape François à l’instar de ce qu’ont fait les 34 évêques chiliens en mai dernier après les révélations d’abus sexuels et de corruption, peut-on lire sur le site américain Daily Theology.  Ce serait, pour les signataires de l’appel, «un acte public de repentir».

Dégoût face aux dernières révélations

«Aujourd’hui, nous appelons les évêques catholiques des Etats-Unis à envisager sincèrement et dans la prière de soumettre leur démission collective au pape François comme un acte public de repentir et de lamentation devant Dieu et le peuple de Dieu», écrivent les signataires de l’appel, rédigé en anglais et en espagnol et rendu public le 17 août 2018.  «Par un discernement prudent»,  soulignent-ils, le pape François a finalement accepté cinq de ces trente-quatre démissions.

Le rapport présenté le 14 août dernier par un jury d’Etat sur les abus dans six diocèses de l’Etat de Pennsylvanie, au nord-est des Etats-Unis, secoue actuellement fortement l’Eglise catholique. Le rapport accuse environ 300 prêtres, dont la plupart sont morts, d’avoir abusé d’au moins 1000 enfants et jeunes au cours des 70 dernières années.

Dissimulation systématique des abus

Les théologiens, éducateurs et dirigeants laïcs font part de leur dégoût face aux révélations du rapport du grand jury de Pennsylvanie. Le document rendu public raconte, «avec une clarté nauséabonde», sept décennies d’abus sexuels par des membres du clergé et des dissimulations systématiques de ces abus par des évêques et d’autres personnes en position de pouvoir.

Ce rapport sur la situation dans six diocèses de Pennsylvanie vient à la suite des révélations de  ces derniers mois concernant des abus sexuels commis dans les dernières décennies par l’ancien archevêque de Washington, le cardinal Theodore McCarrick, et également dans l’ombre de la longue crise des abus sexuels dans l’archidiocèse de Boston et au-delà, note l’appel.

Un péché systémique

«Certains auront le sentiment que la demande de démission de tous les évêques est injustifiée et même nuisible au travail de guérison. Après tout, beaucoup d’évêques sont en effet d’humbles serviteurs et des pasteurs bien intentionnés», admettent les signataires de l’appel.

Mais ils estiment que l’ampleur historique des abus démontre clairement qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé de «pommes pourries» dans le panier, «mais plutôt d’une injustice systémique radicale manifestée à tous les niveaux de l’Eglise». «Par conséquent il ne peut être mis fin ce péché systémique par la simple bonne volonté individuelle».

Les blessures des victimes ne seront pas guéries par des déclarations, des enquêtes internes ou des campagnes de relations publiques, mais par la responsabilité collective, la transparence et la vérité, insistent les signataires. «Nous sommes responsables de la maison dans laquelle nous vivons, même si nous ne la construisons pas nous-mêmes. C’est pourquoi nous appelons les évêques des Etats-Unis à présenter collectivement leur démission, en reconnaissance de la nature systémique de ce mal».

Pour sa part, le Père Hans Zollner, membre de la Commission pour la protection des mineurs au Vatican et directeur du Centre pour la protection des mineurs au sein de l’Université pontificale de la Grégorienne, s’est dit choqué après la publication du Rapport sur les abus sexuels dans les diocèses de Pennsylvanie. Il a reconnu que la mission de l’Eglise elle-même était en jeu dans la lutte contre les abus. «Nous devons nous rendre compte que pendant des décennies, dans l’Eglise, nous n’avons pas agi sérieusement dans la lutte contre ces crimes. Souvent nous n’avons pas puni les abuseurs, ces personnes ont été défendues, même par la hiérarchie, par des évêques ou des provinciaux», a-t-il déclaré à Vatican News. (cath.ch/com/vaticannews/be)

 

Père Hans Zollner, membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs | © ccpblog.unigre.it
19 août 2018 | 17:16
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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