Ethiopie: un prêtre orthodoxe reconstruit une église et une mosquée

Abba Aklilemariyam Komos, un prêtre orthodoxe d’Ethiopie, a financé la construction d’une église et d’une mosquée à Lange, une ville de la région d’Oromia qui s’étend de l’est au sud-ouest du pays.

«La construction d’une église seule en laissant la mosquée dans un mauvais état va décevoir Dieu», a déclaré Abba Aklilemariyam Komos à la BBC. Notre foi est différente, mais pas notre amour». Les deux lieux de culte orthodoxe et musulman étaient en ruine et leurs fidèles n’avaient pas les moyens de les rénover. Il a découvert cette situation à l’occasion d’une visite à Lange en 2015. Il a alors lancé une opération de collecte de fonds. Dans un premier temps, cette opération visait à réhabiliter l’église.

Après réflexion, il a élargi le projet à la construction d’une nouvelle mosquée. Avec l’autorisation du Conseil suprême éthiopien des affaires islamiques, il a levé des fonds: «En moins de deux mois, nous avons collecté plus de 200’000 birrs (6’600 francs)».

Violences interreligieuses

Cette initiative intervient dans une région souvent confrontée à des violences interreligieuses. Les derniers cas ont eu lieu entre fin octobre et début novembre 2019, lors desquels 40 chrétiens et 34 musulmans ont été tués. Trois églises et une mosquée ont été également détruites, et des exemplaires du Coran déchirés.

Ces violences avaient eu lieu quelques jours après l’annonce de la nomination du Premier ministre Ethiopien, Abiy Ahmed, lauréat du Prix Nobel de la Paix 2019. Il est reconnu pour son rôle important dans le règlement des différends religieux dans son pays. Sans viser personne en particulier, il a déclaré «que ceux qui sont à l’origine des affrontements tentent de provoquer une crise ethnique et religieuse dans le pays».

En juillet 2018, plusieurs prêtres orthodoxes et leurs fidèles avaient été tués dans des violences. Des familles entières, membres de l’Eglise orthodoxe, ont été déplacées de force et une trentaine d’églises incendiées à travers le pays. Dans certaines régions, comme celle d’Amhara, au nord, des chrétiens avaient manifesté dans les rues pour réclamer une protection renforcée de leurs lieux de culte.

En septembre 2013, le Conseil interreligieux du pays a dû se mobiliser pour faire barrage à l’extrémisme religieux. Il avait organisé une importante manifestation dans les rues d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, pour dénoncer l’extrémisme religieux de tous bords qui touche le pays. (cath.ch/ibc/bh)

3 février 2020 | 17:13
par Ibrahima Cisse
Temps de lecture: env. 2 min.
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