Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la CEF (Photo: CEF)
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Les évêques de France annoncent de nouvelles mesures pour lutter contre la pédophilie

Les évêques de France ont annoncé mardi 12 avril 2016 de nouvelles mesures pour lutter contre la pédophilie. Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, les a présentées suite à la réunion du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF) tenue au siège de la CEF à Paris, les 11 et 12 avril.

La CEF s’est engagée à faire «toute la lumière» sur tous les cas d’agression «même anciens». Des cellules d’écoute seront mises en place dans tous les diocèses, ainsi qu’une «commission nationale indépendante» présidée par un laïc. Ces affaires «tragiques» concernent aujourd’hui peu de prêtres, a estimé Mgr Georges Pontier lors de la conférence de presse, «mais n’y aurait-il qu’une seule affaire, elle serait toujours de trop!» «Nous demandons aux prêtres qui ont commis des faits coupables de se dénoncer à la justice», a-t-il insisté.

Lorsque l’agresseur est un prêtre, «il y a une double trahison»

Les derniers scandales liés à des crimes pédophiles commis par des prêtres, qui ont secoué l’Eglise de France, rappellent que les difficultés demeurent malgré le travail de prévention et l’adoption de procédures précises depuis l’an 2000.

Comme annoncé à l’issue de l’Assemblée plénière des évêques le 18 mars dernier, le Conseil permanent, prenant en compte la situation nouvelle issue des récentes révélations sur des cas de pédophilie, s’est réuni les 11 et 12 avril afin de prendre les mesures nécessaires, a annoncé Mgr Georges Pontier.

Dès novembre 2000, les évêques de France affirmaient: «Ces actes de pédophilie, l’Eglise les condamne absolument. Les actes de pédophilie, actes sexuels marqués par une forte inégalité sont profondément destructeurs». Et rappelaient que lorsque l’agresseur est un prêtre, «il y a une double trahison».

Porter plainte en cas de faits répréhensibles

Le Conseil permanent de la CEF réaffirme la priorité de l’Eglise d’accueil et d’écoute des victimes et son engagement à collaborer avec la justice. Il redit la nécessité que les victimes ou leur famille portent plainte en cas de faits répréhensibles.

Le Conseil souligne l’importance qu’elles aient un lieu où elles soient assurées d’être accueillies, écoutées et accompagnées. Outre la rencontre avec l’évêque ou son représentant direct, le Conseil souhaite que chaque victime puisse entrer en contact facilement avec les personnes en charge de cette écoute.

«paroledevictimes@cef.fr»

A cet effet, des cellules seront mises en place au niveau des diocèses ou des provinces ecclésiastiques. Un site internet dédié, notamment à l’accueil des victimes, permettra à celles-ci de rentrer en contact avec cette cellule locale. Dès aujourd’hui et dans l’attente de la mise en place du site internet, l’adresse courriel «paroledevictimes@cef.fr» est ouverte aux victimes.

Dans l’histoire des diocèses, des cas particuliers demeurent, même anciens, sur lesquels il est nécessaire de faire la lumière, estiment les membres de la CEF, qui s’engagent à faire ce travail «comme nous le faisons sur les cas portés à notre connaissance, notamment par les victimes».

Prendre des mesures conservatoires jusqu’à la décision de justice

Il appartient aux évêques ayant connaissance de faits précis de prendre les mesures conservatoires nécessaires jusqu’à la décision de justice afin de tout mettre en œuvre pour protéger les enfants et les jeunes. Après la décision de justice et jusqu’au résultat de la procédure canonique, ces mesures seront ajustées.

Une commission nationale d’expertise indépendante va être mise en place. Présidée par une personnalité laïque qualifiée, et composée d’experts (anciens magistrats, médecins, psychologues, parents…), elle aura pour mission de conseiller les évêques dans l’évaluation des situations de prêtres ayant commis des actes répréhensibles. Les évêques la saisiront lorsqu’une telle structure n’existe pas localement. Cette commission sera effective avant l’été 2016.

Une cellule permanente de lutte contre la pédophilie

La cellule permanente de lutte contre la pédophilie (CPLP), rattachée à la présidence de la CEF, poursuit le travail de l’ancienne «cellule de veille» au sein de la Conférence pour continuer à porter le souci de la prévention et de la lutte contre la pédophilie ainsi que de la formation des divers acteurs pastoraux. Elle accompagne et conseille pour la mise en place des cellules locales d’accueil et d’écoute. Elle est l’interlocuteur des associations de victimes.

Le Conseil permanent insiste sur le travail de prévention auprès de tous les éducateurs, animateurs, prêtres, enseignants, séminaristes… Il charge la CPLP de mettre en place un site internet public à destination de tous les acteurs concernés et tous les outils nécessaires, notamment un vademecum des procédures à suivre à usage des évêques.

Lors de la rencontre du Conseil permanent de la CEF avec les archevêques, le 13 juin prochain, un point sera fait sur la mise en place de ces mesures. (cath.ch-apic/com/cef/be)

 

Encadré

Le Conseil permanent de la CEF est composé de:

Mgr Georges PONTIER, archevêque de Marseille, président de la CEF

Mgr Pierre-Marie CARRÉ, archevêque de Montpellier, vice-président de la CEF

Mgr Pascal DELANNOY, évêque de Saint-Denis, vice-président de la CEF

Cardinal André VINGT-TROIS, archevêque de Paris

Mgr Jean-Claude BOULANGER, évêque de Bayeux et Lisieux

Mgr François FONLUPT, évêque de Rodez

Mgr Hubert HERBRETEAU, évêque d’Agen

Mgr Jean-Paul JAMES, évêque de Nantes

Mgr Stanislas LALANNE, évêque de Pontoise

Mgr Benoit RIVIÈRE, évêque d’Autun, Chalon et Mâcon

Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la CEF
12 avril 2016 | 17:34
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 4 min.
CEF (129), France (492), Pédophilie (145), Pontier (4)
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