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Suisse

La fête de tous les «Pascals»

«Pascal», un prénom qui rappelle la fête primordiale du calendrier chrétien. Printemps, résurrection, «passage» de la mort à la vie…Six personnalités romandes ont confié à cath.ch ce que leur inspirait leur nom de baptême.

-Pascale Auret-Berthoud, catéchiste dans le canton de Neuchâtel: «C’est un prénom qui dit le printemps, le renouveau de la nature, la pousse des pâquerettes dans nos jardins. C’est un peu étonnant pour quelqu’un qui, comme moi, est né en automne. De par son étymologie (Pascal vient du latin ‘pasqualis’, lui-même issu de l’hébreu ‘pessakh’, qui signifie ‘franchissement, passage’, ndlr.), mon prénom dit aussi le ‘passage’ de la mort à la Vie du Christ; passages de mes automnes, ‘petites morts’ à mes printemps ‘élans de vie’, constituant une part d’intimité et de proximité me liant davantage à Lui. Ce prénom me parle aussi des deux côtés de mon être, le masculin et le féminin composant ma personnalité».

«Ce prénom reflète mon identité chrétienne»

-Pascal Desthieux, vicaire épiscopal pour le canton de Genève: «Pour moi, ‘Pascal’ est associé au mot ‘joie’. C’est la joie de la résurrection, la joie de savoir que le Christ est vivant et que nous aussi nous allons ressusciter. D’ailleurs, durant le temps de Pâques, je finis toujours mes lettres par ‘Dans la joie du Ressuscité’. Mon prénom m’a ainsi toujours orienté vers cette joie. Cela ne veut pas forcément dire que l’on a toujours le sourire aux lèvres. La joie est plutôt comme un océan: parfois c’est la tempête à la surface, mais il suffit d’aller un peu en profondeur pour trouver la sérénité et la confiance. Je trouve ainsi dommage que ce prénom soit quelque peu passé de mode, je n’ai en tout cas jamais encore baptisé de Pascal».

La joie est au coeur du temps pascal (Photo:Florin Gorgan/Flickr/CC BY-SA 2.0) La joie est au coeur du temps pascal (Photo:Florin Gorgan/Flickr/CC BY-SA 2.0)

-Pascal Tissier, du service d’information catholique (SIC) du Jura pastoral: «Le prénom Pascal est pour moi directement lié aux fêtes de Pâques. Il m’a en effet été donné par la religieuse présente lors de l’accouchement de ma mère. Cette dernière voulait m’appeler Guy, mais, du moment que je suis né dans la période de Pâques,la soeur l’a persuadée de m’appeler Pascal. Je considère ainsi Pâques un peu comme ma fête à moi. J’en suis fier, aussi parce que ce prénom reflète mon identité chrétienne. C’est un nom issu de notre culture, pas un nom tiré d’une série télé, comme on le voit beaucoup maintenant».

-Pascal Ibemaso, agent pastoral à l’UP Notre-Dame de Tours, dans la Broye: «Pâques a une signification très particulière pour moi. Quand j’étais petit, au Rwanda, je ne voulais sous aucun prétexte manquer une veillée pascale. Il fallait pourtant marcher deux heures pour aller jusqu’à l’église. Une année, mes parents ne voulaient pas y aller, mais moi j’ai décidé de m’y rendre malgré tout, avec mes voisins. Plus généralement, mon prénom me rappelle le fondement de notre foi chrétienne, qui est la résurrection du Christ. C’est le triomphe de la vie sur la mort. Ainsi, je ne célèbre pas ma fête patronale le 17 mai, à la saint Pascal, mais bien à Pâques, parce que cela a un sens très fort pour moi».

«Jésus est le modèle du ‘franchissement’ dont je voudrais m’inspirer»

-Pascal Dorsaz, du Service Formation et accompagnement (SEFA) de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud (ECVD): «C’est surtout l’étymologie de mon prénom qui m’inspire. Dans ma vie, j’ai ainsi souvent eu l’impression de ‘franchir’ les obstacles. Jésus est en cela le modèle du ‘franchissement’ dont je voudrais m’inspirer. Il est celui qui surmonte l’obstacle de la mort, mais par la douceur, par la justice. Ainsi, le temps pascal représente pour moi une grande fête. Il a de plus l’avantage de durer 50 jours…»

-Pascal Corminboeuf, politicien indépendant et agriculteur, Domdidier: «J’aime beaucoup mon prénom. Je suis heureux de me prénommer d’après la période la plus importante de l’année chrétienne. Ce qui m’inspire dans ‘Pascal’, c’est surtout son sens en hébreu, c’est l’idée du passage de l’ancien monde vers le nouveau. En tant que politicien et personne qui tente de faire évoluer le monde, la société, cette signification m’a toujours inspirée. Mes parents m’ont dit que c’était pour toutes ces choses qu’ils m’avaient prénommé ainsi.»


Le prénom Pascal

A l’origine, le prénom Pascal n’était attribué qu’aux enfants nés le jour de Pâques. Petit à petit il s’est répandu, en partie grâce à saint Pascal Baylon. Entre le IXe et le XIIe siècle, trois papes se sont prénommés ainsi. Ce prénom très à la mode dans les années 1960 est porté par environ 291’000 personnes en France. Le prénom Pascal vient de l’hébreu ‘pessakh, «passage», et du latin pasqualis, «relatif à la fête pascale».


Qui était saint Pascal?

Pascal Baylon est né dans le pays d’Aragon en Espagne, dans une famille de cultivateurs fort modestes. Durant son enfance, tout en gardant les moutons, il se plongeait dans la prière silencieuse qui lui donnait le désir de se consacrer à Dieu.

Saint Pascal Baylon (par Bernardo Lopez, 1811) Saint Pascal Baylon (par Bernardo Lopez, 1811)

Mais n’étant pas accepté dans la vie religieuse à cause de son manque d’instruction, il se plaça comme berger près du couvent pour participer aux offices, au moins de loin. Finalement, il put entrer comme Frère convers chez les franciscains où il remplit la fonction de portier.

La théologie du coeur

Il rayonnait par son amabilité et sa douceur envers tous ceux qui se présentaient à la porte du couvent. Beaucoup de gens pour cette raison venaient lui demander conseil, même des prédicateurs qui estimaient que sa théologie était celle du cœur et non pas celle d’un intellectuel. Maltraité par les Huguenots au cours d’une mission dans la France déchirée par les guerres de religion, il leur pardonna en disant que c’est pour servir Dieu qu’ils l’avaient ainsi traité. Il puisait sa force dans sa ferveur pour l’eucharistie et passait de longues heures en adoration silencieuse devant le Saint Sacrement. Après sa mort, le 17 mai 1592, les miracles se multiplièrent sur sa tombe. Le pape Léon XIII le nomma patron des Congrès eucharistiques.

Victime de la Guerre d’Espagne

Enterré dans la chapelle royale de Villareal, son tombeau devint immédiatement un objet de pèlerinage. Béatifié par Paul V en 1618, il fut canonisé par Alexandre VIII le 16 octobre 1690. Sa fête est fixée au 17 mai.

L’art chrétien le représente généralement revêtu de l’habit franciscain et portant un ostensoir, en signe de son dévouement à la Sainte Eucharistie.

Durant la guerre civile espagnole (1936-1939), sa tombe fut profanée et ses reliques brûlées par des partisans anticléricaux. (cath.ch-apic/arch/rz)

(Icône orthodoxe, Istanbul)
26 mars 2016 | 08:00
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 5 min.
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