En France, la loi sur le délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse a été définitivement adoptée. (Photo: flickr/jerrylai0208/cc)
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France: la loi sur le délit d'entrave à l'IGV adoptée

En France, la proposition de loi sur le délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été définitivement adoptée le 16 février 2017, rapporte le site de Radio Vatican.

Le texte prévoit de pénaliser les sites qui cherchent, «dans un but dissuasif, à induire intentionnellement en erreur» les femmes s’informant sur l’avortement. Leurs responsables pourront désormais être condamné à deux ans de prison et 30’000 euros d’amende.

Une loi controversée

Cette loi prolonge un délit créé en 1993 pour contrer ceux qui s’en prenaient aux services hospitaliers pratiquant l’IVG. Tous les groupes de gauche et une majorité du groupe centriste ont voté pour, tandis que la droite a voté contre. Des députés Les Républicains ont d’ores et déjà annoncé qu’ils prévoyaient de déposer un recours contre le texte devant le Conseil constitutionnel.

Du côté du gouvernement, la ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol a assuré que «les militants anti-IVG resteront libres d’exprimer leur hostilité à l’avortement, à condition de dire sincèrement qui ils sont, ce qu’ils font et ce qu’ils veulent.» Au contraire, le député Les Républicains Christian Kert, a dénoncé une loi qui menace »la liberté de pensée» et «met en place une véritable censure gouvernementale» que le Conseil constitutionnel n’acceptera pas.

Le 22 janvier, une marche avait été organisée, à Paris, sur le thème «IVG: tous concernés!» Le pape François y avait apporté son soutien, saluant «cordialement les participants», avait expliqué le nonce apostolique, Mgr Luigi Ventura. Car le projet de loi avait soulevé l’inquiétude de la Conférence des évêques de France mais également de nombreuses associations.

Mgr Pontier dénonce un «encouragement de l’avortement»

«L’interruption volontaire de grossesse, qu’on le veuille ou non, demeure un acte lourd et grave qui interroge profondément la conscience», avait interpellé Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, dans une lettre au président de la République François Hollande, en novembre 2016.

Mgr Pontier rappelait que, depuis la loi Weil, les mesures pour laisser aux femmes le temps de réfléchir à garder ou non leur enfant, notamment le délai de réflexion, ont été supprimées. Il avait dénoncé sue les ondes de Radio Vatican, un «encouragement fort, sinon d’imposition de l’avortement dans le maximum de situations». La loi menacerait ainsi les derniers lieux où les femmes pouvaient aller dialoguer, trouver une écoute et des solutions alternatives à l’avortement.

La liberté d’expression en question

Se pose aussi la question de la liberté d’expression. En introduisant une sanction pénale, le gouvernement réserve un «traitement particulier» à la question de l’avortement, dénonçait l’avocat et blogueur Erwan le Morhedec, critiquant la frontière brouillée entre délit d’entrave et délit d’opinion sur ce sujet.

D’autant plus que, selon Tugdual Derville, le fondateur d’Alliance Vita, seuls sont pénalisés les sites qui utilisent des mensonges pour «dissuader» d’avorter… pas ceux qui désinforment pour encourager cette pratique… Il déplorait sur Radio Vatican «un texte idéologique», une véritable «fuite en avant», visant à banaliser l’avortement. (cath.ch/radvat/bh)

En France, la loi sur le délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse a été définitivement adoptée.
17 février 2017 | 12:31
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 2 min.
Avortement (182), France (491), IVG (41), loi (43)
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