La religion de Bush est celle du bien-être individuel

Genève La religion dans la société américaine

Genève, 18 octobre 2004 (Apic) Selon le sociologue Tarek Mitri, auteur d’un nouveau livre sur la religion en Amérique, c’est une erreur de ne voir en George W. Bush qu’un politicien évangélique et fondamentaliste. Sa «religion civile» doit autant à un protestantisme libéral américain qu’à un christianisme évangélique.

L’auteur du livre «Au nom de la Bible, au nom de l’Amérique», publié ces jours à Genève, ne pense pas que la foi du président des Etats-Unis doive être assimilée à celle «d’une secte fondamentaliste», rapporte l’agence oecuménique ENI. Lors du débat télévisé du mercredi 13 octobre dernier entre le président Georges W. Bush et le sénateur John Kerry, son rival démocrate, le président avait déclaré: «Ma foi a un grand rôle dans ma vie, ajoutant: «La prière et la religion me portent.»

«Georges W. Bush n’est pas un évangélique conservateur stricto sensu», fait observer Tarek Mitri, chrétien orthodoxe du Liban, qui travaille auprès du bureau des relations interreligieuses du Conseil oecuménique des Eglises (COE) à Genève. «Sa religion se situe à l’intersection d’une religion civile redynamisée, du réconfort spirituel et de l’épanouissement personnel.

Dans une certaine mesure, a fait remarquer l’auteur, lors de la présentation de son livre, cette «religion civile» doit autant à un protestantisme libéral américain qui prêche la «religion du bien-être individuel» qu’à un christianisme évangélique qui met l’accent sur le salut personnel et la nécessité d’être «born again» (chrétien converti).

Un mélange de crainte et de religiosité

Pour le sociologue, c’est en partie grâce à une utilisation adroite du langage que George W. Bush, qui fréquente une église méthodiste, a pu rassembler une coalition autour d’»un mélange de crainte et de religiosité, dans laquelle l’Amérique est l’objet d’une vénération religieuse». Il est considéré» par les évangéliques conservateurs, poursuit le sociologue, comme l’un des leurs et par les néo-conservateurs comme un néo- conservateur.»

Tarek Mitri a confié avoir d’abord écrit son livre en arabe pour «aider les gens du monde arabe à comprendre le retour apparent de la religion aux Etats-Unis après les attentats terroristes du 11 septembre 2002», et pour montrer comment les protestants ont été divisés sur la guerre en Irak.

Le livre montre une influence déclinante des Eglises protestantes traditionnelles aux Etats-Unis et la croissance du christianisme évangélique». Pourtant, ajoute l’auteur, «alors que les Eglises protestantes historiques mènent des batailles idéologiques contre les évangéliques conservateurs, elles perdent du terrain sur un front différent: elle sont surtout en recul par rapport à la nouvelle religiosité» ou la religion du New Age. «Au nom de la Bible, au nom de l’Amérique», Tarek Mitri, Ed. Labor et Fides, Genève (apic/eni/vb)

18 octobre 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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