Harare: L’oiseau du Zimbabwe retrouve son pays après 100 ans de pérégrinations

Après avoir «enrichi» plusieurs propriétaires, dont un missionnaire

Harare, 20 mai 2003 (Apic) La partie manquante d’une sculpture, qui aurait été dérobée au Zimbabwe sous le régime colonial britannique en 1890 et revendue plus tard au musée ethnologique de Berlin par un missionnaire allemand, a finalement été restituée au Zimbabwe. Elle aura voyagé longtemps avant d’arriver ces jours dans son lieu d’origine, après avoir «enrichi» plusieurs propriétaires et jusqu’à un missionnaire allemand.

La partie manquante était le socle d’un aigle en stéatite – appelé l’oiseau du Zimbabwe – sculpté par des sujets du Monomotapa, l’ancien royaume du Zimbabwe, au 13e siècle. L’oiseau du Zimbabwe est l’emblème national du pays. Il figure sur les symboles du pays – le drapeau, les médailles, les pièces de monnaie et en filigrane sur les billets de banque.

Le fragment figurait parmi les nombreux objets dérobés au pays du temps du régime colonial britannique depuis la fin du 19e siècle à 1980.

Les aigles en stéatite décoraient les piliers surmontant les murs de l’ancienne cité de Zimbabwe, un ensemble de ruines en pierres sèches, qui a donné son nom au Zimbabwe moderne.

Le fragment de la sculpture a été remis au président Robert Mugabe par Peter Schmidt, ambassadeur de l’Allemagne dans le pays, lors d’une cérémonie au palais présidentiel à Harare.

Sa restitution est «une occasion de célébration car elle correspond à notre programme de restauration de l’identité nationale», a déclaré Mugabe en présence de chefs traditionnels, de diplomates et de représentants du gouvernement de l’Union nationale africaine du Zimbabwe – Front patriotique.

En remontant le temps

Les historiens locaux racontent que l’oiseau a été enlevé de la cité de Zimbabwe par Willie Posselt, un chasseur et commerçant britannique à la fin des années 1890. Willie Posselt aurait offert à un gardien du lieu des couvertures et des vivres en échange de la sculpture et aurait ensuite revendu l’objet pour 80 livres sterling (130 dollars au taux actuel de change) au colonialiste britannique Cecil John Rhodes.

Celui-ci l’aurait ensuite donné à Karl Theodor Georg Axenfeld, un missionnaire allemand, qui l’aurait ensuite revendu pour 500 marks allemands (soit environ 280 dollars au taux actuel) au musée d’ethnologie de Berlin.

L’oiseau figurait parmi les objets précieux pillés dans les musées allemands durant la seconde guerre mondiale par les troupes russes d’invasion et emmené à Leningrad ou` il devait rester pendant quarante ans. Il a été restitué à l’Allemagne à la fin de la guerre froide.

Le gouvernement allemand a consenti à restituer l’objet au Zimbabwe dans le cadre d’un accord avec le ministre des Affaires étrangères du Zimbabwe, Stan Mudenge, signé en février 2000 déjà.

Les deux parties de la sculpture avaient été auparavant brièvement réunies à l’occasion d’une exposition d’objets d’art africains à Bruxelles, en Belgique, en 1998. (apic/eni/pr)

20 mai 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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