Ile Maurice: l'Eglise lance son premier centre de lutte contre la drogue

Alors que la consommation de drogue par les jeunes est devenue une véritable épidémie à l’Ile Maurice, dans l’Océan indien, l’Eglise catholique locale s’est dotée d’un important centre d’accueil des jeunes toxicomanes dans la localité de Pamplemousses, au nord-ouest de l’Ile.

Premier du genre dans le pays, l’infrastructure porte le nom du Frère René Guillemin, en hommage à ce missionnaire français de la congrégation de l’Ordre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu qui a longtemps travaillé avec des jeunes toxicomanes. Le Centre d’accueil de Terre-Rouge (CATR), à Port-Louis, la capitale, la Fondation Terra, et l’Ordre Hospitalier Saint-Jean-de-Dieu, ont également contribué à la réalisation du projet.

Progression des drogues synthétiques

Selon le premier rapport de l’Observatoire national des drogues, dépendant du ministère mauricien de la Santé et publié en 2016, quelque 10’000 personnes se droguent par voie intraveineuse et sont âgées de 15 ans et plus. Mais les drogues synthétiques gagnent du terrain, notamment chez les plus jeunes.

Comme l’a expliqué Jean Bruneau, président du CATR, le Centre Frère René Guillemin a pour objectif d’accueillir les jeunes malades de la drogue en leur offrant non seulement un traitement efficace, mais aussi une prise en charge respectueuse de la dignité humaine. Pour ce faire, trois pôles d’actions ont été identifiés: l’écoute et l’accompagnement psychologique; la pastorale et le health care, et la réinsertion et la réhabilitation sociale. Le centre est spécialement dédié aux jeunes de 14 à 24 ans.

Drogue chez les jeunes: une véritable épidémie

La consommation de drogue chez les jeunes, à Maurice, est «très alarmante», a déclaré Nicolas Maigrot, directeur chez Terra. Elle est même passée maintenant au stade d’épidémie, a souligné pour sa part Danièle Babooram, rédactrice-en-chef de «La Vie Catholique», magazine de l’Eglise mauricienne.

Dans une prise de position contre le fléau de la drogue, en juillet dernier, le Conseil des religions de l’Ile Maurice a invité les religieux de toutes les confessions du pays – chrétiens, musulmans et hindous – à s’unir pour faire face à «l’action destructrice» des trafiquants de drogues sur la société.

Pour le Conseil, «l’addiction est une maladie. Il faut donc la traiter comme les autres maladies chroniques». Depuis des années, les travailleurs sociaux du pays tirent la sonnette d’alarme sur la consommation de drogues dures (opium, héroïne et codéine) chez les adolescents et les jeunes, souvent à peine entrés dans leur puberté, rapporte le journal en ligne : www.indian-ocean-times.com. En plus des drogues dures, le phénomène des drogues de synthèse prend de l’ampleur.

Dès l’âge de 13 ans

En moyenne, les garçons commencent à consommer de la drogue dès l’âge de 13 ans, alors que pour chez les filles, la première prise de drogue dure a lieu vers les 16 ans. Le gouvernement, de son côté, a mis en place, en juillet 2015, une commission d’enquête sur l’abus des drogues et le trafic de stupéfiants. Les conclusions de cette commission ont été sans équivoque: il y a «complicité et infiltration dans le système de surveillance et de répression».

Les activités du nouveau Centre Frère René Guillemin porteront sur le conseil, l’accompagnement et la réhabilitation des victimes de la drogue, à travers des activités manuelles. Elles commenceront en février 2019, le temps de mettre en place l’équipe d’accompagnateurs, et de recenser les premiers bénéficiaires. Les deux Frères indiens, Raphael Swamidoss et Dhan Singh Jamra, affectés au Centre, sont déjà à Maurice depuis plusieurs mois, a déclaré son directeur, Judex Deruisseau. (cath.ch/ibc/be)

Le fléau de la drogue menace la jeunesse de l'Île Maurice | DR
21 décembre 2018 | 03:02
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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