Le cardinal Gerhard-Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi (photo: Flickr Catholic Church of England and Wales CC BY-NC-SA 2.0)
Vatican

Insertion des mouvements charismatiques dans les Eglises locales: mode d'emploi

La Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) recommande, dans une lettre adressée aux évêques le 14 juin 2016, de «favoriser une participation fructueuse et ordonnée» des nouveaux mouvements charismatiques à la vie des Eglises locales.

Iuvenescit Ecclesia, l’Eglise rajeunit. C’est le nom de ce document très théologique – signé par le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la CDF – qui traite de la relation entre dons hiérarchiques, propres aux ministres ordonnés, et dons charismatiques, distribués librement par l’Esprit saint. Sans opposition stérile ni juxtaposition entre ces dons, le texte souligne leur coessentialité. Aucune antinomie donc entre une Eglise de la charité et une Eglise d’institution, car «les institutions essentielles sont également charismatiques et les charismes doivent d’une manière ou d’une autre s’institutionnaliser pour trouver une cohérence et une continuité».

La lettre, datée du 15 mai, solennité de la Pentecôte, assure que si les charismes sont des dons indispensables et une source de renouveau pour l’Eglise, ils ne peuvent cependant se soustraire à l’obéissance envers la hiérarchie ecclésiale ou s’exercer de manière autonome». Alors qu’est arrivé le temps de la «maturité des associations ecclésiales nées avant et après le Concile Vatican II, la CDF souhaite «leur pleine valorisation et insertion dans les Eglises locales et les paroisses». «Les dons charismatiques sont donnés à toute l’Eglise», souligne-t-elle encore, mais ils ne peuvent se réaliser «qu’au service d’un diocèse concret».

Critères de discernement

Pour aider les évêques à reconnaître le caractère ecclésial authentique des charismes, le document donne quelques critères de discernement: primat de la vocation de chaque chrétien à la sainteté; engagement dans la diffusion missionnaire de l’Evangile; confession de la foi catholique; témoignage d’une réelle communion avec toute l’Eglise; estime et reconnaissance pour la complémentarité réciproque d’autres composantes charismatiques dans l’Eglise; acceptation des moments d’épreuve dans le discernement des charismes; présence de fruits spirituels de charité, joie, paix et maturité humaine; et enfin dimension sociale de l’évangélisation.

Le processus de discernement, avertit aussi la CDF, exige «un temps opportun d’expérimentation et de sédimentation, qui fasse passer de l’enthousiasme des débuts à une configuration stable».

Pour l’insertion des réalités charismatiques dans les Eglises particulières, le document recommande que les associations reconnaissent l’autorité des Pasteurs et que ces derniers accueillent «cordialement ce que l’Esprit suscite à l’intérieur de la communion ecclésiale». Un respect à double sens est alors prôné: le respect des particularités charismatiques des associations, en évitant des montages juridiques forcés qui atrophient la nouveauté. Et le respect du regimen ecclésial fondamental, en évitant que la réalité charismatique soit conçue de manière parallèle à la vie ecclésiale. (cath.ch-apic/imedia/ak/bh)

Le cardinal Gerhard-Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi (photo: Flickr Catholic Church of England and Wales CC BY-NC-SA 2.0)
14 juin 2016 | 12:40
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 2 min.
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