Le Patriarche chaldéen Louis Raphaël 1er Sako | © AED
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Irak: Le patriarche chaldéen lance un vibrant appel à la réconciliation nationale

Bagdad, 11-08-2015 (cath.ch-apic) Un an après la prise de Mossoul et de la plaine de Ninive par les djihadistes de «l’Etat islamique» (EI), le patriarche chaldéen Louis Raphaël Sako a lancé un vibrant appel à la réconciliation nationale à l’adresse des membres du gouvernement irakien et du parlement.

La base de cette réconciliation, souligne le président de l’Assemblée des évêques catholiques d’Irak, est la loyauté envers le pays.

L’Œuvre d’Orient à Paris – une association française qui vient en aide aux chrétiens du Moyen-Orient – a traduit le message du patriarche chaldéen résidant à Bagdad, qui rappelle qu’un an après leur exode, les chrétiens et les yézidis vivent toujours dans des conditions très difficiles dans des camps de réfugiés. «Leur terre est occupée et leur culture est menacée d’extinction». L’Irak compte désormais plus de trois millions de réfugiés et de nombreuses infrastructures sont détruites, tandis que l’EI (Daech, selon son acronyme en langue arabe) contrôle toujours de grandes portions du pays.

«Les opérations militaires à elles seules ne sont pas suffisantes»

«Les groupes extrémistes qui portent des habits religieux et font usage de la violence pour étendre leur pouvoir et leur idéologie sont un danger pour tous. Aussi, tous les politiciens et les membres du gouvernement devraient s’engager à entamer un dialogue approfondi et à développer des initiatives pour la réconciliation, le rétablissement de la confiance, ainsi que les relations de coopération pour la paix, car les opérations militaires à elles seules ne sont pas suffisantes», écrit le patriarche chaldéen.

Le patriarche Louis Raphaël Sako relève que cette réconciliation nationale devrait prendre racine sur certains principes fondamentaux humains et structurels, «car aucun projet sérieux, particulièrement un projet moral de réconciliation nationale, ne peut aboutir si nous n’avons pas une idée claire pour notre pays, un modèle pour l’Etat que nous prévoyons de construire, et un mécanisme efficace pour exécuter ce modèle. (…) La réconciliation reste l’unique option pour notre citoyenneté commune. Le travail de réconciliation nationale est la base de tout. Il est la condition essentielle pour mettre fin aux conflits et pour restaurer la cohésion du tissu national». La réconciliation, poursuit-il, «commence par nous-mêmes, se transmet à nos frères et sœurs, et touche notre relation à Dieu».

La base véritable de toute réconciliation est la loyauté envers l’Irak

«La réconciliation avec Dieu est une relation personnelle et sociale qui ne peut être atteinte qu’à travers la réconciliation avec nous-mêmes et avec nos frères et sœurs. Cette relation proche et pleine de respect avec Dieu nous permet d’atteindre la plénitude dans nos relations avec les autres. Il en découle un amour sans fin pour eux, une amitié, et le désir d’une société meilleure faite d’un dialogue ouvert et d’une coopération intense».

«La réconciliation avec nos frères et sœurs est basée sur la vision de l’autre comme un partenaire, et non pas un adversaire. Nous devons nous efforcer de construire une relation réelle et honnête avec l’autre par la compréhension, la reconnaissance, l’acceptation de l’autre, sans chercher à posséder ses biens ou à l’éliminer».

Servir les hommes et le bien commun

Et le patriarche chaldéen d’insister sur la notion de pouvoir: ce «n’est pas seulement le leadership, l’exclusivité, la supériorité et la possession; son objectif est de servir les hommes et le bien commun, surtout pour ceux qui sont abandonnés et opprimés». Pour Louis Raphaël Sako, la base véritable de toute réconciliation est la loyauté envers l’Irak, «la patrie unie de tout le peuple, et non pas seulement de groupes ou d’individus».

Il relève que la force de l’Irak aujourd’hui est dans la force de son économie et non pas dans le pouvoir de son arsenal militaire. «Notre économie devrait contribuer au démantèlement de la militarisation excessive !» Le patriarche plaide pour la promotion d’une bonne économie qui puisse réduire le chômage et la pauvreté, construire une infrastructure solide, dispenser des aides utiles aux citoyens et contribuer à la stabilité nationale.

Nécessité d’une nouvelle éducation

Il fait également le vœu d’une nouvelle éducation, «parce que c’est à travers la conscience et l’éducation que l’on élimine les idées extrémistes qui engendrent la haine et la violence». Il relève encore que «le discours religieux doit conserver son rôle courageux et prophétique dans la défense des droits du peuple et la définition de ses responsabilités. Par son rôle prophétique, nous voulons dire que la parole religieuse des autorités devrait contribuer au développement et à la stabilité de la société, et la diriger vers les valeurs les plus élevées».

Il demande également que le gouvernement irakien promulgue une loi criminalisant les activités liées à la profanation de la religion et de ses lieux saints, ainsi que les formes de discrimination, la diffusion de la haine et de la division, à travers différentes formes d’expression. (apic/com/be)

 

 

Le Patriarche chaldéen Louis Raphaël 1er Sako | © AED
11 août 2015 | 12:00
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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