Cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à PyeongChang, le 9 février 2018 ¦© Cojo PyeongChang
International

Les Jeux de PyeongChang, un tremplin pour la paix

Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver à PyeongChang, le 9 février 2018, les deux Corée ont défilé sous la même bannière. Le dégel des relations entre les pays rivaux couronne des efforts de paix que beaucoup espèrent voir prospérer après la fin des JO.

Le temps est glacial à PyeongChang, sur de la côte nord-est de Corée du Sud. Pourtant, côté diplomatique, la température est au dégel. La déchirure entre le Nord et le Sud semble mise en sommeil durant les Jeux, non loin de la zone la plus militarisée de la planète.

Pour preuve du rapprochement entre les deux Corée, le fait que Kim Yo-Jong, la sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, a assisté le 9 février à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Elle n’était pas seule: Kim Yong-nam, chef de l’Etat nord-coréen (sur le papier), ainsi que d’une délégation de 280 personnes, parmi lesquels des «pom-pom girls» et des athlètes, l’accompagnaient.

La ligne téléphonique remise en service

Des sportifs coréens unis, défilant sous la même bannière, l’image semblait impossible il y trois mois. Les déclarations tonitruantes du dictateur Kim Jong-un et ses essais de fusées balistiques ont intrigué, puis irrité. Les réponses cinglantes de Donald Trump avaient fait monter la température dans une escalade verbale, prélude à une escalade militaire.

Pourtant le président sud-coréen Moon Jae-in œuvrait, lui, dans l’autre sens. Depuis quelques mois, il n’a cessé d’envoyer des émissaires vers la Corée du Nord afin d’établir des relations plus apaisées. Aussi, lorsque Kim Jong-un a proposé dans ses vœux du 1er janvier 2018, d’envoyer une délégation nord-coréenne aux Jeux, il a immédiatement réagi. D’accord, a indiqué le président du Sud.

Nouveau pas, le 4 janvier, Moon Jae-in a reporté, d’entente avec le président Trump, les manœuvres militaires conjointes Etats-Unis – Corée du Sud qui auraient dû se dérouler durant les JO. Puis la ligne téléphonique d’urgence entre les deux Corée a été remise en service à Panmunjom, sur le 38e parallèle. C’est là où avait été signé en 1953 l’accord mettant fin à la guerre entre les deux pays, qui restent toujours officiellement en conflit à l’heure actuelle.

Trêve olympique

La trêve olympique, tradition héritée de la Grèce antique, a donc fonctionné. La nouvelle réjouit, évidemment, le pape François. Ce dernier rappelait, lors de l’audience du 7 février, combien «la traditionnelle trêve olympique acquiert une importance particulière». Dans l’espérance de voir émerger «un monde où les conflits se résoudront pacifiquement par le dialogue et dans le respect réciproque, comme le sport enseigne à le faire».

Feux d’artifice de la cérémonie d’ouverture des JO: un symbole de la réconciliation entre les deux Corée? ¦ © COJO PyeongChang

Si le climat s’est apaisé, une hirondelle ne fait pas le printemps, tous le savent. Les observateurs reconnaissent toutefois que le déblocage est visible, après des années de glaciation. Et certains font le parallèle avec le dégel des relations sino-américaines, dans les années 1980, grâce au tennis de table.

«Un terme aux querelles»

Autres acteurs de ce dossier, les évêques catholiques sud-coréens. Dans un pays où la foi chrétienne progresse, les prélats n’ont cessé d’appeler au dialogue, afin d’apaiser les tensions.

«La participation de la Corée du Nord est significative», estime Mgr Lee

Mgr Peter Lee Ki-heon est le président du Comité des évêques pour la Réconciliation entre les peuples coréens. Il est également l’évêque du diocèse d’Uijeonghu, adossé à la frontière avec la Corée du Nord. Courant janvier, il a partagé son espérance que les Jeux «soient décisifs pour chasser les tensions et trouver la paix dans la péninsule».

«La participation de la Corée du Nord est significative car c’est l’occasion de mettre enfin un terme aux querelles incessantes, estime Mgr Lee. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Nous devons saisir cette précieuse opportunité d’ouvrir la voie à une nouvelle ère où les générations futures pourront aller et venir librement entre les deux Corées.»

Pas une première

La cérémonie d’ouverture des Jeux, ce 9 février, a été marquée par les symboles pacifiques. Car la population coréenne aspire à une réconciliation. Tout en sachant que ce n’est pas la première fois que les deux pays s’unissent pour les Jeux olympiques.

Reste que les pas présents marquent peut-être un tournant dans l’épineux dossier nucléaire nord-coréen. Un dialogue s’amorce. Reste à faire revenir la Corée du Nord à la table des négociations pour aborder ces sujets sensibles. Ce sera peut-être la prochaine étape, après la fin des JO en mars… (cath.ch/bl)



Le «Confucius coréen»

La tradition pacifique a des racines dans la région. La ville de Gnagneung, en bord de mer, est proche de PyeongChang. Des épreuves s’y dérouleront, notamment le hockey sur glace, le curling et le patinage de vitesse. A moins d’une heure et demie de la capitale Séoul et à dix minutes de Pyeongchang (grâce au TGV), Gangneung possède un remarquable patrimoine.

Sur le site d’Ojukheon est rappelé la mémoire du philosophe Yulgok (1536-1584), surnommé le «Confucius coréen». Le mémorial qui lui est consacré attire de nombreux visiteurs. Dans ce temple Moon Seong Sa, construit en 1975, les gens viennent exprimer leur respect et «prier pour être aussi sage que lui», indiquent les guides locaux.

 

Cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à PyeongChang, le 9 février 2018 ¦© Cojo PyeongChang
9 février 2018 | 17:15
par Grégory Roth
Temps de lecture: env. 4 min.
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