Les JMJ de l’intérieur: l’hospitalité des familles polonaises

Raphaël Zbinden et Pierre Pistoletti, journalistes de cath.ch, ont participé aux JMJ de Cracovie. L’un, la première semaine à Koszalin, dans le nord-ouest de la Pologne, l’autre, la deuxième semaine, à Cracovie. L’accueil les a marqués, comme il a séduit les jeunes de Romandie hébergés à domicile.

«Rodzina i gościnność», la famille et l’hospitalité, deux choses avec lesquelles les Polonais ne badinent pas. Durant la première semaine des JMJ, une cinquantaine de jeunes Romands et leurs accompagnateurs ont été hébergés dans des familles, au bord de la Mer Baltique.

Raphaël a été reçu par Malgorzata, Piotr et leurs deux filles, Hania et Julia, dans une belle maison de la banlieue de Koszalin. Première surprise: Piotr et Hania reçoivent avec le sourire… alors que le bus suisse arrive à trois heures du matin, avec cinq heures de retard.

Le père et la fille parlant l’anglais, Alain, agent pastoral, et deux jeunes, reçus avec Raphaël, peuvent se faire comprendre. Seconde surprise: ils ont pensé à tout. Dans les chambres, une bouteille d’eau est posée près du lit. Le reste du séjour se déroule avec le même souci du bien-être.

L’hôte est roi

«Un matin, en allant à la douche, je réalise que Piotr dort sur le canapé, au salon, confie Raphaël. Il dort là puisque Hania et Julia occupent le lit des parents avec leur mère et que les filles nous ont laissé leurs chambres. Ils considéraient comme normal de sacrifier leur confort à notre bien-être».

En Pologne, l’hôte est roi. Rien ne lui est refusé. Ainsi Malgorzata se précipite avec sa voiture pour aller acheter une marque de soda connue. «Elle nous avait demandé ce que nous voulions boire. Et comme elle n’en avait pas chez elle…»

Les invités sont ainsi considérés comme faisant partie du cercle familial, et traités comme tels, malgré les différences. Car la famille à la façon polonaise n’est pas seulement une entité forte, mais également extensible.

«Servez-vous»

Expérience similaire, la deuxième semaine, à quelques centaines de kilomètres au sud, à Cracovie. Durant une semaine, une centaine de familles du centre-ville de Cracovie se sont mises en quatre pour accueillir les 300 Romands présents. Les participants aux JMJ vous le diront: «Ouvrir sa maison, c’est ouvrir son cœur…»

A peine débarqués, Yohan, Joao et Pierre sont accueillis par Agnieszka, Richard et leur petite Sophia. Accueil simple et chaleureux. Après quelques mots d’anglais pour briser la glace, la mère de famille montre le réfrigérateur, plein. «Servez-vous, dit-elle, on a fait les courses pour vous». Puis la chambre, avec trois clés de la maison. «Vous êtes ici chez vous, durant toute la semaine».

Pour la plupart des jeunes, tout est neuf à Cracovie. On ne parle pas polonais. On se sent un peu perdu. Et pourtant! Ils se sentent chez eux dans «leur» petite maison.

Dépouillement

«L’accueil, c’est aussi une expérience de dépouillement, dit Pierre. On ne peut pas offrir grand-chose en retour… Un couteau suisse, une boîte de chocolats ou une bouteille de vin. Ces cadeaux semblent dérisoires par rapport à la confiance offerte. Alors on l’accueille avec gratitude, simplement».

Au fil des jours, l’apprivoisement se fait. Tout y passe: le pays, sa géographie et sa culture, la foi, les convictions politiques, les dernières vacances, les prochaines, le travail, les rêves, les traditions culinaires…

Jean Paul II, résistant au communisme

Ou la comparaison entre les stations de ski des Alpes et celles des Tatras. Et le nouveau gouvernement polonais. Et, bien sûr, Jean Paul II, résistant au communisme, son élection comme pape en 1978, dont aucune télévision polonaise n’avait parlé.

«C’est au moment de partir, explique Pierre, que l’on mesure l’intensité du lien tissé. On promet de se revoir bientôt, en Suisse ou en Pologne. Et puis on se surprend à verser une petite larme parce que cette confiance a engendré une amitié nouvelle, malgré nos différences». Un fruit des JMJ, en forme de fraternité. (cath.ch-apic/rz/pp/bl)

 

 

JMJ à Cracovie Pierre Pistoletti dans la famille d'Agnieszka et Richard (Selfie: P. Pistoletti)
4 août 2016 | 17:21
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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