«La corruption n’est pas chrétienne, elle pue!» lance le pape à Naples

Naples, 21 mars 2015 (Apic) «La corruption n’est pas chrétienne, elle pue !». C’est avec ces mots directs et crus que le pape François s’est adressé aux jeunes à Naples, le 21 mars 2015. Dans le quartier de Scampia, gangréné par la drogue et contrôlé par la Camorra, le chômage des jeunes atteint un niveau record.

«C’est grave. Que fait un jeune sans travail, quel futur a-t-il ?», s’est demandé le pape, sur la place Jean-Paul II de Scampia, installé sur une chaise au milieu d’enfants et d’adolescents du quartier. Alors que le chômage des jeunes atteint près de 44% en Italie, le pape a pointé du doigt «un système économique qui rejette les jeunes».

«Si on ne gagne pas son pain, on perd sa dignité» a lancé le pape, quittant des yeux son texte préparé, avant de lancer avec force: «Nous devons reprendre notre lutte pour la dignité!». Mais le pontife ne s’est pas contenté d’évoquer le chômage. Le «travail au noir», le ” travail à temps partiel», c’est de «l’exploitation», a-t-il encore dénoncé. Et le pape de citer l’exemple d’une jeune fille travaillant 11h par jour pour 600 euros par mois sans cotisation pour sa retraite ou sa santé. «Cela s’appelle de l’esclavage!» a déclaré le pape à la foule. «Cela n’est pas humain, pas chrétien. Si celui qui fait cela se dit chrétien, c’est un menteur!».

Le pape a mis en garde contre les conséquences du chômage ou de l’exploitation: «nous avons tous la possibilité d’être corrompus, ou de tomber dans la délinquance». Et de lancer dans une nouvelle improvisation: «La corruption n’est pas chrétienne, elle pue !».

Bonne politique et défaillances

«Qui prend volontairement la voie du mal vole un bout d’espérance», a poursuivi le pape, dans une allusion à la criminalité organisée qui touche ce quartier. «Il le vole à lui-même et à tous, (…) à la bonne réputation de la ville et à son économie». «La ›bonne politique’, a-t-il ensuite averti devant le maire, le préfet de la ville et le président de la région Campanie, est un service aux personnes, qui s’exerce en premier lieu au niveau local, et où le poids des défaillances, des retards, des vraies omissions est plus direct et fait plus de mal».

«Nous sommes tous migrants, (…) c’est inscrit dans notre chair», a également assuré le pape après avoir écouté le témoignage d’une migrante issue des Philippines. Et d’affirmer: «Aucun de nous n’a de domicile fixe sur cette Terre!».

A la fin de son discours, le pape s’est directement adressé aux migrants du quartier: «Vous êtes tous Napolitain!». Il leur a alors donné un conseil: apprendre le dialecte local, avant de lui-même lancer en napolitain: «’A Maronna v’accumpagne», ce qui veut dire : «que la Vierge Marie vous accompagne».

Un peu plus tôt dans la matinée, le pape était arrivé en hélicoptère au sanctuaire marial de Pompéi, où il avait récité une prière devant l’image de Notre-Dame du Rosaire. (apic/imedia/bl/bb)