Dorothée Thévenaz-Gygax forme le Groupe de travail diocésain sur l'écologie | © Raphaël Zbinden
Suisse

La «Dream Team» de l’écologie se forme à LGF

Le 30 septembre 2021, Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), nommait Dorothée Thévenaz Gygax sa «représentante pour l’écologie». Huit mois plus tard, la commission ad hoc achève sa constitution et dessine les grandes lignes de sa mission.

«Une super équipe». C’est ainsi que Dorothée Thévenaz Gygax décrit la Commission pour l’écologie de LGF. Une «Dream Team» presque au complet, puisque la Vaudoise cherche encore une personne du côté de Neuchâtel, si possible une femme pour garantir un meilleur équilibre entre les membres. «L’appel est lancé», souligne-t-elle avec le sourire.

La Commission, qui doit encore être validée par l’évêque, compte des noms bien connus dans la sphère catholique romande, tels que ceux de Guillermo Kerber, Xavier Gravend-Tirole, ou encore Grégory Solari (la liste complète est visible ci-dessous). «J’ai recherché des profils assez divers, explique Dorothée Thévenaz Gygax à cath.ch. Mais il me fallait des personnes à la fois engagées dans l’Eglise et portées par l’urgence environnementale. J’ai aussi mis l’accent sur la proximité avec les jeunes, parce qu’il s’agit d’un de nos publics prioritaires». La diversité géographique était également un critère. «L’idée est d’avoir au moins une personne relais dans chaque canton, qui puisse faire le lien avec les réalités locales».

Réflexion, prière et mise en œuvre concrète

Forte d’une dizaine de membres, la Commission s’est réunie déjà plusieurs fois pour tracer les grandes lignes de sa mission future, à partir d’un cahier des charges présenté par le diocèse de LGF. «Nous nous sommes donnés pour mandat d’accompagner sur trois axes cette conversion écologique de l’Eglise requise par l’encyclique de François Laudato si’ (2015)», explique la nouvelle représentante pour l’écologie. Les trois ‘piliers’ qui soutiendront la démarche sont ainsi «la réflexion, la prière et la mise en œuvre concrète».  

Ils s’articuleront en six grands domaines d’action. Le premier concerne ‘la prise de conscience’ d’habiter notre Maison commune. «Nous voulons sensibiliser à la grande force du message de Laudato si’, qui est de lier questions sociale et écologique». Dans ce cadre, la Commission aimerait pouvoir s’appuyer sur un petit groupe d’experts, qui pourrait «donner des impulsions sur des questions plus pointues dans des domaines spécifiques».

Un second domaine concerne les ‘enjeux éthiques’. «Il s’agit de rappeler que la question écologique n’est pas secondaire, mais bien centrale dans le message chrétien. Et nous voulons mettre en avant les acteurs déjà présents dans ce domaine, tels que la Plateforme Dignité et Développement, également mise en place par Mgr Morerod.»

Mettre l’écologie au cœur de l’Eglise

La Commission travaillera aussi sur le plan de la ‘vie spirituelle et de la conversion’. «C’est surtout d’une conversion du regard dont il est question. Cela peut signifier des choses toutes simples, telles qu’une meilleure attitude d’accueil, de gratitude envers la création, des actions pour réduire notre impact carbone… Finalement inciter les gens à se mettre en route.»

Cérémonie de remise de mandats par Mgr Morerod, de Dorothée Thévenaz-Gygax et Michel racloz | © Bernard Hallet

Dans le domaine intitulé ‘Espace inspirant pour l’action concrète’, le groupe tentera de recenser les initiatives et les acteurs promouvant la transition, mais aussi de déterminer les freins, de définir les publics et de créer des synergies. «Il s’agit de mettre en lumière ce qui se fait déjà dans le domaine, que ce soit dans l’Eglise avec des démarches telles que ‘Détox’ la Terre’ ou en dehors, comme ‘les Conversations carbones’.»

Le volet ‘sensibilisation et communication’ sera également important dans l’action de la Commission. «L’idée est de donner davantage de place à la thématique de l’écologie au sein de l’Eglise. Ces questions pourraient par exemple faire partie du cursus de formation des agents pastoraux, et des catéchistes. Nous aimerions que la préoccupation écologique transparaisse plus régulièrement dans la vie pastorale et pas seulement lors des grands rendez-vous annuels tels que le Temps pour la Création».

Nouvelle gouvernance

Ce volet consiste aussi à «poser une parole publique et politique audacieuse, et faire témoigner des personnes sur les réalités écologiques.» La représentante pour l’écologie ne craint pas, sur ce point, les critiques qui voudraient que l’Eglise garde ses distances avec le débat politique. «Se soucier de l’environnement, c’est aussi se soucier des plus pauvres. Le changement climatique affecte le plus durement les pays du Sud qui ne bénéficient souvent pas de moyens d’adaptation. Il est clairement de la responsabilité de l’Eglise de se mettre du côté des plus démunis».

Le dernier domaine d’action défini est celui de la ‘gouvernance’, que la Commission souhaite moins hiérarchique et plus participative. «C’est quelque chose qui est déjà en cours avec le processus synodal, une démarche très bénéfique. Mais nous voulons la concrétiser à notre niveau».

Encore beaucoup de questions

De grands axes de manœuvres qui doivent encore être discutés et validés en concertation avec les responsables du diocèse. Une rencontre à cet effet est prévue en septembre prochain, à l’occasion du conseil épiscopal. De nombreuses questions se posent encore sur le fonctionnement concret de la Commission. Dorothée Thévenaz Gygax, qui est responsable du département sensibilisation et coopération à Action de Carême, travaille en tant que représentante pour l’écologie à hauteur de 10%.

«Nous ne savons pas encore quel pourra être le degré d’engagement de tous les membres de la Commission. Beaucoup de questions trouveront certainement des débuts de réponses lors de la rencontre de septembre». Se pose donc la question générale des moyens et des ressources à disposition. «La portée de notre engagement va dépendre en grande partie de cela», souligne Dorothée Thévenaz Gygax.

Vision intégrale

En attendant, la «Maman bio» comme elle est surnommée par ses enfants, est enthousiaste face à une mission qui lui tient particulièrement à cœur. «Même si cela me fait passablement sortir de ma zone de confort», admet-elle. «Depuis longtemps, je suis engagée pour la justice et la solidarité humaine. J’ai aussi une relation très forte avec le vivant, notamment avec les animaux. Promouvoir ce type de vision ‘intégrale’ au cœur de Laudato si’ est un privilège. Je suis en outre certaine que mon travail pour AdC et pour le diocèse pourront s’enrichir mutuellement». (cath.ch/rz)

Dorothée Thévenaz Gygax habite avec sa famille à Vevey. Elle travaille depuis 2004 pour l’œuvre d’entraide catholique Action de Carême à Lausanne. Elle a passé son enfance à Attalens, en Veveyse, avant de fréquenter le Collège de Bulle – où son prof de philo fut le futur Mgr Genoud – et d’obtenir un master en ethnologie, géographie et psychologie sociale et cognitive à l’Université de Neuchâtel. Les études, les thématiques d’Action de Carême, les voyages sur le terrain, l’ont poussée à une réflexion sur son mode de vie et celui de sa famille. Engagée de longue date pour la justice sociale et l’écologie, elle anime des «Conversations carbone» dans plusieurs lieux de Suisse romande.  RZ

Le Groupe de travail diocésain sur l’écologie
Représentante de l’évêque pour l’écologie: Dorothée Thévenaz Gygax
Membres du groupe:
Guillermo Kerber (GE): Philosophe et docteur en théologie, agent pastoral au Bureau de la Formation de l’Eglise catholique romaine genevoise, enseignant à l’Atelier Œcuménique de théologie.
Frédéric Mettral (GE): Collaborateur de projet à l’Eglise catholique romaine Genève (ECR) en tant qu’ambassadeur d’EcoEglise, éducateur et cadre de proximité aux Etablissements publics de l’intégration (EPI) genevois dans le domaine du recyclage.
Susana Jourdan (FR): Coordinatrice de l’association des Artisans de la transition, rédactrice de LaRevueDurable et initiatrice de la méthode des «Conversations carbone» en Suisse romande, paroissienne.
Cosima Frieden (FR): Enseignante au gymnase, professeure de français et d’anglais, membre du groupe Climat de son établissement scolaire, responsable d’un parcours Alpha à Fribourg, expérience communautaire de six mois au centre Ste-Ursule.
Linda Klare (VD): Master en économie politique et un autre en gestion environnementale, travaille à l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), membre du Conseil de la Communauté de la Colombière à Nyon.
Xavier Gravend-Tirole (VD): Docteur en théologie et chercheur, aumônier de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de l’Université de Lausanne.
Roberto de Col (VD): Responsable du département de la Pastorale d’animation jeunesse (PASAJ) de l’Eglise catholique vaudoise.
Gregory Solari (VD): Agent pastoral du département Adultes de l’Eglise catholique vaudoise et ambassadeur d’EcoEglise.
Reto Dörig (FR): Aumônier des collèges fribourgeois. RZ

Dorothée Thévenaz-Gygax forme le Groupe de travail diocésain sur l'écologie | © Raphaël Zbinden
12 juin 2022 | 17:00
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 6 min.
Partagez!