Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne | ©  B. Hallet
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Le cardinal Schönborn inquiet pour le prochain sommet sur la pédophilie

L’Eglise catholique a encore beaucoup de travail à faire sur la question des abus sexuels. Plaidant pour des réformes structurelles, le cardinal autrichien Christoph Schönborn a souligné la nécessité de sensibiliser davantage les responsables de l’Eglise à ce propos, le 6 février 2019, dans un documentaire diffusé par la télévision bavaroise Bayerischer Rundfunk (BR).

L’archevêque de Vienne a mis en garde contre de trop grandes attentes à l’égard de la prochaine assemblée des présidents des conférences épiscopales du monde entier sur la protection des mineurs. Ce sommet se tiendra au Vatican à la fin du mois de février. Sans mentionner de pays en particulier, le cardinal Schönborn a regretté qu’il n’y ait toujours pas une conscience commune dans l’Eglise, dans certaines parties du monde, sur cette question cruciale.

Rencontre avec une ex-religieuse abusée

Le documentaire télévisé «Abus dans l’Eglise catholique: une femme se bat pour la clarté» s’est concentré sur une rencontre entre le cardinal Schönborn et l’ex-religieuse Doris Wagner. Le cardinal l’a rencontrée dans les studios de la BR pour une conversation de plusieurs heures.

Lors de l’émission, le cardinal Schönborn a relevé que tous les évêques et les cardinaux n’évaluaient pas le problème des abus de la même manière. Il a dit ne pouvoir qu’espérer que tous les participants au prochain sommet du Vatican se laisseraient secouer par ce grave problème et qu’un «processus de guérison» renouvellerait réellement l’Eglise.

Des structures qui encouragent les abus

L’archevêque de  Vienne a admis qu’il existe des structures et des systèmes dans l’Eglise qui encouragent les abus. Il s’agit avant tout d’un déséquilibre de pouvoir, d’une «dynamique du silence» et assez souvent d’une image exagérée où le prêtre apparaît comme «sacré, intouchable». «Si cette image du prêtre prévaut, l’autoritarisme est bien sûr le danger constant!»

«Le prêtre décide de tout. C’est le danger que le pasteur puisse se permettre davantage que les autres», explique le président de la Conférence des évêques d’Autriche. Cette inégalité de pouvoir est un «péché ancien» dans l’Eglise. Le cardinal a également rapporté qu’il avait lui-même été victime d’une agression sexuelle dans sa jeunesse: un prêtre, qu’il tenait en haute estime, avait essayé de l’embrasser.

Trop grande fixation sur la sexualité

Le cardinal Schönborn a déclaré avoir souvent entendu des remarques désobligeantes ou ironiques de la part de membres du clergé au sujet de religieuses à qui on n’accordait que la fonction de servir. «Ce n’est certainement pas un modèle pour l’avenir», a souligné l’archevêque de Vienne. Le cardinal s’est dit convaincu que la crise provoquée par les abus mettait la question du rôle des femmes dans l’Eglise sous un jour nouveau.

L’archevêque autrichien a aussi admis que dans l’Eglise catholique, la théologie morale et sa fixation sur la sexualité ont été, dans le passé, beaucoup trop au centre de l’attention. En revanche, d’autres sujets tels que la doctrine sociale ont été relégués au second plan, a-t-il déploré. (cath.ch/kap/be)

Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne | © B. Hallet
8 février 2019 | 12:43
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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