Mauro Clerici en visite au centre médical de Caritas à Madian (Haïti) où travaillent des collaborateurs de la CMSI. | © catt.ch
Suisse

Le chemin synodal revivifie l’esprit missionnaire de l’Eglise

«Une Église moins fermée sur elle-même et davantage missionnaire». Tel est le rêve de Mauro Clerici, président de la Conférence missionnaire de la Suisse italienne (CMSI), pour qui l’ouverture des paroisses à la dimension missionnaire de la vie chrétienne a fortement diminué ces dernières années. Face au défi de la relève, il mise sur l’union des forces.

catt.ch/Silvia Guggiari; traduction et adaptation: Davide Pesenti

Donner un nouvel élan à la mission au sein de l’Eglise catholique est l’un des objectifs principaux du chemin synodal en cours. C’est ce que veut faire notamment la Conférence missionnaire de la Suisse italienne (CMSI). L’organisme ecclésial a récemment participé à la réflexion synodale sur l’avenir de l’Église dans le diocèse de Lugano et de l’activité des missionnaires suisses italiens qui œuvrent dans de nombreux Pays émergents depuis les années 1970.

Réveiller la mission

La CMSI a vu dans le chemin synodal une occasion privilégiée d’orienter les projecteurs sur la réalité de la mission.

Au Sud des Alpes, la mission est actuellement quelque peu… ‘somnolente’.

«Il est fondamentalement ressorti de nos rencontres et échanges que, dans notre région, la mission est actuellement quelque peu… ‘somnolente’», constate Mauro Clerici. Le président de la CMSI souligne comment, ces dernières années, l’ouverture des réalités paroissiales à la mission ad gentes s’est fortement réduite.

«Dans nos communautés, l’esprit missionnaire fait aujourd’hui défaut. Comme le dit le pape François, nous devrions tous sortir de nos réalités, aller à la rencontre de ceux qui se sont éloignés, engourdis. Si la mission ne fait pas partie de nos communautés, nous ne pouvons pas prétendre l’exporter ailleurs. Heureusement, dans le diocèse de Lugano, nous avons toujours des projets missionnaires qui nous ramènent à l’essence de notre travail, comme celui à Haïti, par exemple».

«Une Eglise plus missionnaire»

Comment favoriser le renouvellement de l’élan missionnaire de l’Eglise? La question a été au centre de l’attention du CMSI lors de la consultation synodale diocésaine qui s’est récemment terminée au Tessin. Une des réponses a été la création de Forum. La nouvelle organisation vise à rassembler et à ‘synergiser’ toutes les associations, les ONG et les groupes missionnaires locaux qui travaillent déjà dans ce domaine au sud des Alpes.

«De la discussion synodale au sein de notre commission a émergé le désir de demander à notre Église locale d’être un peu plus missionnaire et moins fermée sur elle-même», témoigne Mauro Clerici. Il est convaincu qu’envoyer des prêtres en terre de mission n’est pas une perte pour son diocèse, mais plutôt un enrichissement. «Car après quelques années, ils reviennent, en apportant leur expérience dans nos diocèses».

Comment assurer l’avenir?

L’objectif de la nouvelle plateforme est d’offrir un lieu commun d’échange et d’entraide en vue d’une approche missionnaire plus vaste. Une façon originale de vivre «l’être-Église», en partageant le cheminement synodal. Mais les défis ne manquent guère.

Beaucoup de groupes missionnaires rencontrent des difficultés croissantes à cause d’un manque de renouvellement générationnel.

«Ces dernières années, beaucoup de groupes missionnaires rencontrent des difficultés croissantes à cause d’un manque de renouvellement générationnel, nécessaire pour donner une continuité à notre activité, confie le président de la CMSI. À l’heure actuelle, nous mettons beaucoup d’espoir dans les ›réseaux de rencontre’ qui émergent au niveau local dans notre diocèse».

La communication est un autre pilier de la stratégie pour assurer un avenir à l’œuvre missionnaire.

«Récemment, nous avons renforcé notre pôle de communication, lancé une newsletter et renouvelé complétement notre site internet, se réjouit Mauro Clerici. En collaboration avec Caritas Tessin, nous produisons également de petites vidéos, diffusées sur les réseaux sociaux et TeleTicino intitulées ‘Choses de l’autre monde’. Elles présentent les activités des missionnaires dans les Pays du Sud qui les accueillent, tels que le Venezuela ou l’Ouganda».

Baptisés missionnaires

Dans le même objectif d’assurer un avenir à l’activité missionnaire, le CMSI promeut la formation de jeunes suisses qui, surtout durant l’été, décident de vivre une expérience de mission auprès de populations défavorisées. Durant les dernières années, la Conférence missionnaire a également coordonné l’arrivée de prêtres étrangers dans le diocèse de Lugano.

Le baptême fait de nous tous des missionnaires. Malheureusement, nous l’oublions trop souvent.

«Nous considérons ces prêtres comme des missionnaires et nous voulons qu’ils se sentent bien accueillis chez nous, explique le responsable des missions. Nous essayons de leur offrir un minimum de formation sur notre culture, notre histoire et notre façon de vivre la foi».

«Nous désirons rappeler à tous les baptisés que la mission ad gentes n’est pas quelque chose à vivre exclusivement en octobre, c’est-à-dire durant le mois dédié aux missions. Mais qu’elle doit faire partie intégrante de la vie de nos communautés, conclut Mauro Clerici. Le baptême fait de nous tous des missionnaires, partout et à tout moment. Malheureusement, nous l’oublions trop souvent». (cath.ch/catt.ch/sg/dp)

Œuvrer pour la mission
La Conférence missionnaire de la Suisse italienne (CMSI), fondée en 1978, est un organisme ecclésial qui a reçu des évêques de Lugano et de Coire la responsabilité de former l’engagement missionnaire et la coordination de l’animation missionnaire. Elle a pour but de collecter et d’échanger des informations, ainsi que d’accompagner et de coordonner les projets pastoraux dans les pays émergents en communion avec les autres Églises chrétiennes en Suisse. DP

Mauro Clerici en visite au centre médical de Caritas à Madian (Haïti) où travaillent des collaborateurs de la CMSI. | © catt.ch
2 février 2022 | 15:44
par Davide Pesenti
Temps de lecture: env. 4 min.
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